Le Préfet est la balise de la politique de l’Etat ; il la traduit souvent mieux que de longs discours, les propos récents de Monsieur Mirmande méritent donc d’être relevés et analysés. La fonction de préfet est antinomique de sa liberté de parole et d’action ; le peuple Corse le sait mieux que quiconque, lui qui a toujours rencontré, en travers de sa route conduisant à l’émancipation nationale, les préfets successifs dont, sauf exception- brûlante comme Viellecazes, Bonnet…
– les Corses n’ont retenu ni le nom ni l’action. Ces fusibles sont là pour faire appliquer, sans nuances, la politique de l’Etat ; aucun n’a fait mentir ce postulat, même si des comportements individuels de qualité ont suscité ici, sinon de véritables amitiés, du moins une certaine considération;
Depuis peu, donc après le départ de Stordza, rigide, répressif et intransigeant, la Corse a hérité de Monsieur Mirmande dont, nous avons vite compris que Monsieur Valls avait fait le bon choix : un air juvénile, des propos décalés par rapport à la Corse et à sa grave situation actuelle – il doit se croire en 1960 !!!- Les vœux de l’Année nouvelle lui on t permis de donner la pleine mesure de ce que nous pouvons attendre de son proconsulat : devant un parterre conventionnel et obligatoire de personnalités et des fonctionnaires, souvent contraints, Monsieur Mirmande a décliné ses vœux, sous le signe d’un « triptyque républicain » : « Lucidité, Engagement, confiance » ; complété par une mise en garde contre « le morcellement et les séparatisme ».
La Lucidité est totale dans l’île sur la responsabilité de l’Etat dans la situation désastreuse que nous connaissons ; pourrions nous avoir mené près de cinq décennies de combats, sans constater et subir le déni des évidences : l’existence d’un peuple et sa soif irrépressible de liberté pour perpétuer le lien séculaire de notre identité, maitriser son destin interne, assurer le développement équitable, affrontés, comme nous l’avons été, à la répression, aux barbouzes se Francia, au rouleau compresseur du couple infernal « Etat-clanisme » ; dont chacun connait l’attachement forcené à la démocratie, à la justice.
L’Engagement que Monsieur Mirmande espère et sollicite, derrière les directives obsolètes de l’Etat, est une chimère ; la population a compris depuis longtemps,- et déjà, dans la décennie 1980, la CFR ( Corse Française et Républicaine) Corse avait fait l’amère expérience- que le patriotisme français, que la Corse n’a jamais monnayé, était devenu une fausse-monnaie, un prétexte pour maintenir le statuquo colonial.
La Confiance : le Préfet aurait dû lire les déclarations publiques de Monsieur Valls, le Ministre de l’Intérieur où, lors d’un voyage récent il avait déclaré « que la Corse n’avait pas confiance dans l’Etat ». Est-il encore possible, après plus de deux siècles de la politique française dans l’île, d’invoquer la confiance alors que précisément le fondement du sentiment populaire est la défiance ? et que la confiance ne sera pas restaurée par le gouvernement actuel de Ayrault, Valls, sous la houlette du Président de la République (voir les Arrêtés Miot, les refus de la coofficialité, de la révision constitutionnelle, de l’autonomie fiscale…).
Quand au morceau de bravoure des vœux , assis sur une mise en garde contre « le morcellement et les séparatisme », il sent la naphtaline…de 1960 ; il ne manquerait qu’un soupçon d’irrédentisme, assaisonné d’accusations de mafià, d’omertà , pour actualiser les propos habituels de l’Etat concernant la Corse. Nous assistons à un véritable dénuement de la réflexion politique et à l’échec programmé de la démarche de l’Etat.
Les Corses commencent à comprendre qu’il leur faudra arracher leur droit à l’existence. La prise de conscience est telle aujourd’hui, tant dans l’île que dans la Diaspora, que seule une mobilisation non-violente peut nous extraire du bourbier. l’Etat serait bien inspiré d’impulser un véritable dialogue. Là, sont les clés de l’issue favorable d’une crise chronique, issue qui prendrait en compte les intérêts légitimes des partis et ouvrirait les portes des prisons.
Docteur Edmond Simeoni
Le blog du Docteur Edmond Simeoni
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Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]