La gauche abertzale multiplie les efforts pour qu’une paix définitive s’installe au plus vite en Euskadi. Même si le gouvernement espagnol regarde toujours Sortu d’un œil soupçonneux, force est de reconnaître que le collectif de gauche radicale abertzale se bouge avec énergie en multipliant les ouvertures depuis qu’il n’est plus « diabolisé ».
La dernière conférence de presse donnée en 2013 à Donosti par le porte-parole du mouvement, Pernando Barrena, en compagnie de Rufi Etxeberria, autre dirigeant emblématique, est révélatrice à ce sujet. Sortu réclame à ETA un nouveau pas en avant, sans contrepartie. Un pas de géant puisque c’est tout simplement le désarmement de l’organisation que Sortu appelle de ses vœux.
On sait qu’ETA a jusqu’à présent respecté ses engagements depuis sa déclaration de trêve unilatérale et illimitée. Plus d’attentats, plus de morts, une ambiance apaisée, des escortes devenues inutiles.
Manque la pièce principale du processus de paix : le dépôt des armes, en attendant la dissolution. Pour Sortu, qu’ETA officialise son désarmement dans les plus brefs délais serait une étape-clef, qui mettrait un peu de pression sur le gouvernement espagnol mené par le PP, dont la politique pénitentiaire manque singulièrement de souplesse à ses yeux.
Effectivement, pour marcher vers la paix, il faut que les deux adversaires effectuent de petits pas l’un vers l’autre. Jusqu’à présent, les détenus d’ETA ne facilitaient pas les choses en adoptant une position dogmatique qui excluait la flexibilité et les traitements au cas par cas. En outre, le mépris souvent affiché envers les victimes et leurs familles n’arrangeaient pas les choses. Or il semble que des évolutions significatives se soient produites en 2013.
D’abord, et ça la péninsule n’y est pour rien, l’abrogation de la doctrine Parot par le Conseil de l’Europe, qui a permis l’élargissement de plusieurs prisonniers de l’organisation, qui effectuaient un « supplément » inhérent à la fameuse doctrine. Cette mesure n’a satisfait ni les associations de victimes, ni le gouvernement espagnol, mais elle a sans doute eu un effet apaisant.
Ensuite, le changement d’attitude des associations de prisonniers, qui ont un peu desserré l’étau de leur dogmatisme. Récemment, les prisonniers ont, pour la première fois, reconnu le mal qu’ils avaient fait. Ca n’a l’air de rien, mais c’est une avancée énorme, qui suppose un réel changement des mentalités.
Ensuite, ces mêmes prisonniers ont admis que la politique pénitentiaire pouvait s’appliquer au cas par cas. En clair, c’est l’abandon d’une mesure phare des reclus politiques, qui voulaient que les libérations conditionnelles, les aménagements de peine ou les rapprochements concernent tout le monde ou personne. En acceptant l’individualisation, l’EPPK, principale organisation de détenus, démontre enfin une envie de négocier.
On attend avec impatience la première apparition publique des libérés par l’abrogation de la doctrine, qui devraient s’exprimer ce samedi à Durango. Sous l’œil vigilant des forces de l’ordre on s’en doute, car tout ce qui pourrait relever de l’exaltation du terrorisme pourrait retomber sur leur tête, et même atteindre par ricochet l’ensemble de la gauche abertzale. Il semble a priori que les intentions des « presos » soient beaucoup plus consensuelles que polémiques. C’est le 11 à Bilbao qu’une manifestation est programmée, et c’est là qu’il faudra faire attention.
Pendant ce temps là, le PNV, à la tête du gouvernement basque, effectue son acte de rébellion. Les services d’Inigo Urkullu ont décidé, pour la seconde année consécutive, de payer aux fonctionnaires la prime « extra » suspendue par le gouvernement Rajoy dans le cadre de sa politique d’austérité. Les fonctionnaires basques percevront donc en janvier l’extra qu’ils n’auraient dû recevoir qu’en juillet.
Une rébellion qui n’a pas l’air bien révolutionnaire, mais qui comble d’aise les employés du gouvernement autonome. Une révolte qui remplit le porte monnaie est toujours populaire.
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Revue de Presse et suite de l’article :
Semaine du Pays BasqueCorsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]