(Unità Naziunale – 4 décembre 2013) Alors même que la châtaigneraie corse est menacée de disparition à cause de l’apparition d’un parasite nommé cynips, l’occasion nous est donnée, à travers ce titre ironique, de revenir sur une liste d’idées reçues bien trop répandues.
La Corse serait improductive et ne pourrait vivre sans les perfusions financières de l’Etat français ? Ah bon ? Tour d’horizon -incomplet- des phrases que l’on entend ou lit bien trop souvent, et qui ne valent pas un kopeck.
« Sans la France, la Corse ne serait qu’un caillou aride en pleine mer ! ». C’est bien évidemment faux. La Corse, habitée depuis au moins 10 000 ans avant J-C n’est sous domination française que depuis 1769. Il apparaît donc au regard de cette frise chronologique que ces millénaires passés sans la France n’ont pas empêché la Corse de vivre et de se développer tant économiquement que politiquement, bien au contraire. Au moment de la sanglante conquête coloniale de l’île par les troupes de Louis XV (qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts), cette dernière était la plus peuplée et la plus riche des îles Méditerranéennes. Après 200 ans de domination française, elle est la plus pauvre et la moins peuplée. Elle est également, et de très loin, la « région » la plus pauvre de France. Étonnant pour un territoire soi-disant « sous perfusion » ! Chacun en tirera les conclusions qu’il veut, mais il semble au regard de simples faits historiques que la France n’est pas la mère nourricière, salvatrice et émancipatrice que certains décrivent.
« En Corse, à part le tourisme, rien n’est possible ». Encore une fois, l’histoire prouve le contraire. La Corse était le grenier du golfe du Lion jusqu’à la conquête française, et ses exportations nourrissaient tout le bassin méditerranéen. Châtaignes bien sûr, mais également mines, fonderies, savonneries, filatures, hauts fourneaux, industrie du liège, pastoralisme florissant, oléiculture, champs de blé, de cédrats, la Corse du dix-huitième est cultivée et industrialisée au même titre que les grandes nations européennes. Ce n’est que par l’action militaire de la France que ce développement sera contrarié puis stoppé net : les bergers sont chassés de chez eux, les industries sont rasées, les terres occupées par l’armée. En 1818, une loi impose de taxer tout produit sortant de Corse, et de détaxer toute marchandise pénétrant sur l’île. Il s’agit bien évidemment d’un arrêt de mort pour l’économie insulaire essentiellement basée sur l’export et les échanges avec ses partenaires méditerranéens. Les Corses n’ont alors plus le choix : l’exil, l’administration, les colonies, ou mourir de faim. La France a volontairement détruit tout espoir de prospérité pour faire de la Corse une simple base militaire, puis par la suite, une région engluée dans le tourisme de masse. Pourtant, tout était très bien parti pour faire de l’île une place forte de l’économie méditerranéenne. Car les ressources ne manquent pas : eau, soleil, terres fertiles et liens maritimes directs avec l’Italie, la Sardaigne, les Baléares ou l’Espagne. Cela prouve qu’il suffirait d’un peu de volonté pour refaire de la Corse une région riche et prospère, et que le développement économique de l’île n’est ni impossible, ni inenvisageable.
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Corsica Infurmazione by @Lazezu
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Le blog de MassimuCorsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]