Voilà que l’on reparle, sans même avoir conscience d’une très malheureuse redite, de l’Europe de la défense… ce que l’on appelait jusqu’en 1954 la Communauté européenne de défense lorsque l’Assemblée nationale française rejetait le traité signé en 1950 qui l’instituait entre les six pays fondateurs de la Communauté européenne de l’époque !
La vérité c’est que peut-être l’Europe politique est morte ce jour-là et qu’elle n’a jamais réussi jusqu’à présent à renaître de ses cendres malgré toutes sortes de discours qui n’ont pu laver ce pécher originel.
Il faut dire aussi que depuis 1954, l’Europe ne représente plus – et d’une certaine manière c’est plutôt heureux – un enjeu stratégique comparable.
J’ai vécu dans un monde où l’on en était encore à calculer le temps de parcours des chars soviétiques s’ils recevaient l’ordre d’envahir l’Europe occidentale et où l’installation ou non de missiles américains en Europe face aux missiles installés à l’Est faisait l’actualité.
L’Europe n’est plus ce terrain d’affrontement des grands de ce monde qui se disputent plutôt la mer de Chine, l’Asie en général, et les routes stratégiques de l’Arctique, en particulier la fameuse route du nord-ouest qui relie bien plus facilement l’Asie à la façade Atlantique de l’Amérique que les routes traditionnelles…
Et puis, après l’échec de l’Afghanistan, les difficultés de l’Irak et le fiasco de Libye, l’Occident est saisi de ce doute stratégique qui lui fait enfin comprendre qu’une armée supérieure en nombre, en organisation et en armement ne garantit en rien la victoire finale qui ne se caractérise en définitive, aujourd’hui comme hier, que par le fait de rester maître du terrain.
L’histoire nous l’a enseigné depuis très longtemps, au moins depuis le désastre de la première expédition anglo-afghane en 1842 où la force expéditionnaire britannique a été anéantie par un ennemi infiniment moins structuré, beaucoup moins bien armé, ne disposant même pas d’une véritable supériorité numérique mais possédant cette force invincible que donne une bravoure atavique d’autant plus extraordinaire qu’elle est décuplée par le fait de défendre son territoire ancestral.
La vérité, c’est que l’Europe n’a plus envie d’aller faire la guerre ailleurs, qu’elle s’en sent incapable, qu’elle pense qu’elle peut se dispenser de défendre un territoire qui ne serait plus menacé et que même les Etats-Unis ne ressentent plus le besoin d’y déployer des forces tant il est vrai qu’ils donnent aujourd’hui la priorité dans leur vision stratégique à leur interface avec l’Asie.
Il restera peut-être quelques discussions à avoir entre européens sur une mutualisation de nos armées ou sur une coopération plus active dans le domaine des industries de l’armement.
Dans un tel contexte, on ne peut pas parler d’Europe de la défense : celle-ci ne saurait grandir ou se renforcer puisqu’elle est morte avant même d’avoir vécu, voici déjà soixante ans.
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]