La justice espagnole a décidé vendredi de libérer neuf détenus de l’ETA, dont Domingo Troitiño, un militant historique condamné à 1.118 ans de prison, faisant suite à l’arrêt rendu à Strasbourg qui avait permis la remise en liberté d’Ines del Rio Prada.
L’Audience nationale de Madrid, le tribunal chargé des affaires de terrorisme, a estimé que ces neuf détenus du groupe armé basque étaient dans des situations «identiques» à celle d’Ines del Rio, une militante condamnée à 3.828 ans de prison pour 24 assassinats, libérée le 22 octobre après 26 ans passés derrière les barreaux.
La veille, la Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg avait jugé «illégale» la détention prolongée, depuis 2008, de la militante, et ordonné à l’Espagne de la libérer, provoquant l’indignation des associations de victimes de l’ETA.
Cette prolongation de sa détention avait été rendue possible en application de la «doctrine Parot», un système de remise de peine en vigueur depuis 2006 en Espagne, défavorable aux détenus sous le coup de condamnations multiples comme le sont souvent les prisonniers de l’ETA.
La CEDH avait fait reposer son argumentation sur le fait que ce système avait été appliqué dans ce cas de manière rétroactive. Des dizaines de prisonniers de l’ETA avaient dans la foulée demandé leur libération devant les tribunaux espagnols.
Les juges de l’Audience nationale avaient estimé par la suite que l’arrêt de la CEDH pouvait être appliqué à tous les détenus de l’ETA dans la même situation qu’Ines del Rio. Vendredi, selon une source judiciaire, ils ont «décidé de remettre en liberté neuf etarras qui remplissent des conditions identiques», sur onze dont le cas était examiné.
Ces militants devaient sortir de prison dès vendredi.
Parmi eux figure Domingo Troitiño, un militant historique condamné à 1.118 ans de prison, l’un des auteurs de l’attentat le plus meurtrier de l’ETA, qui avait fait 21 morts le 19 juin 1987 dans le centre commercial Hypercor de Barcelone.
Mettre fin à la violence
Son frère, Antonio Troitiño, sous le coup d’une demande d’extradition, avait été mis en liberté conditionnelle le 22 octobre par un tribunal de Londres, à la suite également de la décision de Strasbourg.
Au total, la justice espagnole a donc libéré jusqu’à présent onze détenus de l’ETA, y compris Ines del Rio et Juan Manuel Piriz Lopez, condamné à 61 ans de détention et sorti de prison le 25 octobre.
Ces libérations interviennent dans un contexte très sensible et ont remis au coeur du débat politique le sort des détenus de l’ETA, au nombre d’environ 600, dispersés dans les prisons espagnoles et françaises.
Le groupe séparatiste, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne, rendu responsable de la mort de 829 personnes en 40 années de violences, a annoncé le 20 octobre 2011 définitivement mettre fin à la violence. Il refuse depuis de rendre les armes et de se dissoudre, des exigences des gouvernements espagnol et français.
Depuis deux ans, tout est bloqué entre Madrid et l’ETA : le groupe réclame une négociation notamment sur le sort de ses prisonniers, rejetée par Madrid qui maintient une politique pénitentiaire inflexible vis-à-vis des détenus de l’ETA et ne veut pas entendre parler de leur rapprochement du Pays basque.
La décision de Strasbourg a provoqué la colère des victimes, soutenues par le Parti populaire, de droite, au pouvoir en Espagne, un pays où la mémoire des violences reste très vivace, le dernier attentat de l’ETA sur le sol espagnol remontant au 9 août 2009.
Elle a en revanche été saluée au Pays basque : la gauche indépendantiste radicale, deuxième force régionale, a exprimé sa «joie», tandis que le gouvernement nationaliste conservateur a appelé le gouvernement espagnol à entamer une «nouvelle étape (dans sa politique) pénitentiaire».
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]