Ecosse, Catalogne, Flandre, Euskadi sont quatre grandes Nations sans Etat de l’Europe dont l’histoire récente a été marquée par la force du sentiment indépendantiste qui s’est exprimée par les scores majoritaires répétés, sur une longue durée, des formations nationalistes. Processus d’autodétermination pour l’Ecosse et la Catalogne, position de négociation d’une confédération belge pour la Flandre, relance du processus de paix au Pays Basque : pour tous, l’année 2014 sera décisive.
Le 13 novembre prochain, le groupe ALE au Parlement Européen organise une conférence qui fera le point de la situation de chacun d’entre eux.
Europe : L’heure des Nations sans Etat ?
Il y a à peine plus d’un an, le 15 octobre 2012, le premier ministre anglais, David Cameron, et le premier ministre écossais, Alex Salmond, ont signé l’accord prévoyant un referendum sur l’indépendance de l’Ecosse, dont la date a été fixée au 18 septembre 2014. Deux ans ont donc été programmé pour une campagne dans laquelle l’actuel premier ministre écossais, Alex Salmond, du Scottish National Party, est pleinement engagé. Les sondages se succèdent depuis, donnant 31% au oui, 50% au non et 19% d’indécis au dernier trimestre 2012, 33/51/16 aux premier et second trimestres 2013, jusqu’à un sondage de fin août 2013 où le oui et le non font pour la première fois jeu égal, 43/43/16. D’autres sondages ont depuis tempéré l’optimisme des partisans du oui, mais le débat qui s’est installé en Ecosse semble leur profiter, même si le sondage le plus récent fait fortement reculer le oui au profit des indécis plus nombreux que jamais (31%).
David Cameron dénonce le « saut dans l’inconnu » que représenterait la victoire du oui en Ecosse, tout en donnant une leçon de démocratie aux autres Etats européens : « je crois farouchement que l’Ecosse doit rester britannique, mais les Ecossais ont élu un parti souhaitant un référendum et il convient de respecter leur vote». Alex Salmond lui répond que « l’Ecosse deviendra indépendante à l’issue du référendum en 2014 et qu’elle sera un membre de l’UE bien moins « ronchon » que Londres ». Pour le leader écossais, la victoire du oui se construira progressivement, au fur et à mesure du débat de fond. Et de nombreux observateurs pronostiquent que la fièvre anti-européenne de David Cameron, qui le pousse à organiser un referendum pour faire sortir le Royaume Uni de l’Union Européenne, va « booster » le oui dans une Ecosse majoritairement pro-européenne.
La Catalogne a exprimé dans la rue une aspiration grandissante à l’indépendance, le 11 septembre dernier, jour de la fête nationale catalane, par une chaîne humaine dont l’ampleur a marqué les esprits, 400 km de long, plus d’un million et demi de participants. Malgré le raidissement du gouvernement espagnol qui refuse de légaliser le processus d’autodétermination que le gouvernement catalan réclame, un referendum sera organisé par les autorités catalanes en 2014, selon les accords passés entre ERC et Convergencia au lendemain des élections de la Generalitat, probablement le 14 septembre 2014, quelques jours avant le referendum écossais. Et les sondages semblent sans appel : 52% pour l’indépendance, 24% contre, une progression rapide sur les dernières années, accélérée par les retombées de la crise économique qui remet en cause tout le modèle économique espagnol au sein duquel la Catalogne est victime des choix opérés par Madrid. L’Etat espagnol refuse ce referendum d’autodétermination et il a dépêché le commissaire européen nommé par Madrid, Joaquim Almunia, pour menacer les Catalans d’être exclus de l’Europe s’ils votaient pour leur indépendance. La campagne commence…
En Flandre, c’est en mai 2014 que tout va se jouer, car, en un même jour, la Belgique va connaître « la mère des batailles électorales », une élection à la fois fédérale, régionale et européenne. Pour la Nouvelle Alliance Flamande, qui prône une « Confédération Belge », à l’instar de la Confédération Helvétique, en remplacement de l’actuel Etat fédéral belge, ce scrutin représente un enjeu capital depuis la percée réalisée aux élections de 2010, 30% des voix en Flandre, score confirmé l’an dernier aux élections municipales, et toujours stable dans les sondages depuis. NVA y jouera son rôle de leader dans la politique flamande, sa place avec l’Alliance Libre Européenne au sein du Parlement Européen, et sa capacité à contraindre la Belgique à évoluer vers le confédéralisme à la suisse.
Enfin, au Pays Basque, l’année à venir s’annonce sous des auspices nouveaux depuis la décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme de condamner l’Espagne pour sa politique pénale. Ainsi, le sort des prisonniers politiques basques va connaître, pour plusieurs dizaines d’entre eux parmi les plus emblématiques, une évolution que jusqu’ici Madrid refusait d’envisager : la remise en liberté. Il y a là le « coup de pouce » de l’Europe au processus de paix, tandis que la rumeur se fait insistante que le dépôt des armes par ETA serait en très bonne voie. Avec une véritable normalisation politique, le Pays Basque rejoindra à son tour les autres Nations sans Etat d’Europe dans leurs négociations pour faire bouger le cadre rigide de l’Europe des Etats qui leur est opposé.
N’en déplaise à M. Almunia, l’Europe aura tout intérêt à prendre en compte ces évolutions inéluctables si elle veut assurer son destin d’Union Européenne, car les Ecossais, les Catalans, les Flamands et les Basques sont des citoyens européens à part entière. Pour s’inscrire dans la durée, et franchir les générations et les siècles, l’Europe se doit d’être un « corps vivant », capable de surmonter tous les carcans juridiques pour s’adapter aux réalités nouvelles des peuples et de leurs démocraties.
François ALFONSI
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by @Lazezu
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