Samedi 26 octobre, 10h00, jetée du Port Tino Rossi, Femu a Corsica et Corsica Libera présenteront un projet commun en vue des prochaines municipales avec un maître mot: l’ouverture. Un tournant dans le mouvement. Analyse.
Impensable il y a encore quelque mois, les nationalistes sont en passe de réaliser un tour de force historique : présenter une liste commune aux prochaines municipales ajacciennes.
Les tractations furent longues et laborieuses entre les deux grandes composantes du mouvement : Femu a Corsica et Corsica Libera.
Et comme si la difficulté d’unir les deux courants frères mais radicalement opposés sur le fond ne suffisait pas, la liste nationaliste ajaccienne, pour l’heure le seul exemple d’union entre les deux mouvances, sera également la seule à pratiquer l’ouverture. En grand.
20 à 30 % d’ouverture.
On n’évoque pas moins de 20 à 30 % de personnalités issues d’horizons et sensibilités divers. Du jamais vu chez les nationalistes. Pour illustrer le mieux ce nouveau virage, un homme : José Filippi. L’ancien directeur du Parc naturel régional, qui conduira sans doute la liste, n’a pas été choisi au hasard.
Bien que n’étant pas un « historique » au sein du mouvement, l’actuel directeur de l’ADMR est un gestionnaire. Son expérience aux côtés de Simon Renucci à la mairie d’Ajaccio, avant qu’il ne soit finalement écarté par le maire, sera sans doute précieuse pour s’attaquer aux dossiers importants de la ville.
Ainsi, les nationalistes à Ajaccio jouent avant tout la carte du collectif, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, et de façon très pragmatique, parce que dans la cité impériale, il manque toujours un leader emblématique comme Jean-Christophe Angelini à Porto-Vecchio, Gilles Simeoni ou Jean-Guy Talamoni à Bastia.
Ensuite dans une logique où une large union fait la force, cette liste est composée de progressistes se retrouvant sur des grandes idées communes comme la langue, le foncier, le statut de résident, la compétence fiscale ou la défense de l’arrêté Miot. Une prouesse, celle de mettre autour d’une même table et sur une même liste, des personnes qui au mieux s’ignoraient, au pire s’opposaient. Mais pour cela, les municipales ajacciennes font office de laboratoire pour les nationalistes.
Car, même si l’on anticipe déjà beaucoup, les alliances d’aujourd’hui seront sans doute appelées à se renouveler demain, ailleurs. Et pour d’autres élections.
Une démarche qui n’a pas séduit tous les courants nationalistes puisque les héritiers d’A Manca, rebaptisés « Aiaccini » pour la campagne, ont choisi une tout autre voie, celle du soutien à Simon Renucci dès le premier tour.
Crédibilité
José Filippi et ses colistiers présenteront leur démarche aux Ajacciens samedi prochain. Eux qui ont déjà fait preuve de pédagogie pour convaincre de s’asseoir autour de la table, ne devront pas s’arrêter en si bon chemin.
Et peut-être rattraperont-ils les déçus de cette « cuisine électorale ». Comment justifier une alliance entre Femu a Corsica et Corsica Libera alors que les questions cruciales de la lutte armée et de l’indépendance les séparent toujours ? Cette présence de Corsica Libera, comment la justifier sur une liste dite de large union avec des personnalités diverses ? Des difficultés qui semblent avoir été surmontées.
Mais à quel prix ? Après avoir dépassé les querelles purement « familiales », les nationalistes devront répondre aux attentes des Ajacciens pour ces élections : quelle vision pour la ville ? Quels projets ? Et prouver qu’ils peuvent être, aussi, des gestionnaires. Éléments de réponse à partir de samedi à 10 heures.
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by @Lazezu
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