Créé par la CTC en 2000, le CMT est aujourd’hui lâché par l’institution. Des voix commencent à s’élever pour que l’association, chargée de collecter des fonds sonores de la tradition insulaire, soit maintenue.
Voici la lettre de Femu A Corsica :
Monsieur le Président de l’Exécutif Territorial,
Le CMT déménage définitivement ce jour de son siège cortenais, faute de ne pouvoir payer les loyers de ses locaux situés sous le bar de l’Oriente (face au campus universitaire). Cet dernier épisode semble sceller définitivement le sort d’un CMT déjà moribond car privé de ressources depuis plusieurs mois. En effet, « tout le monde savait » que ses deux salariés ne percevaient plus de salaires depuis juillet 2013. Pressentant depuis fin 2012 cette triste issue, nous avions alerté en temps voulu les services concernés, en vain.
Comme nous le prévoyions, les élus de Femu a Corsica ont reçu ce jour une multitude d’appels, notamment via les réseaux sociaux, émanant d’associations adhérentes au CMT ; toutes souhaitent une réaction » politico-culturelle » rapide. Dans l’intervalle, qu’il nous soit permis d’apporter quelques précisions concernant le rôle dévolu au CMT et dont on nous souffle qu’il » ne sert à rien ». A ce sujet, nous renvoyons aux préconisations du fameux rapport Quiot de 2009 en notre possession ; il conseillait au Centre des Musiques Traditionnelles de Corse d’abandonner le pan de la formation, laissé aux associations telles que Tutti in Piazza, et d’organiser plutôt la mise en réseau. Rappelons aussi qu’au préalable, ce rapport-référence fustigeait le bilan antérieur
Au regard de ses conclusions, l’exécutif territorial de l’époque s’était engagé, sous la responsabilité de Mme Guerrini, et sous condition – notamment refonte de la direction et reclassement financé de Minicale au sein de l’association TUTTI IN PIAZZA, dont la situation financière est identique – à aider le CMT dans cette nouvelle perspective. Depuis, le monde culturel associatif a désigné Delgrossi pour le représenter au CESC, non pas par hasard, mais parce qu’il traduisait bien cette volonté d’organiser une cohérence autour d’un nouveau projet.
Plus tard, en 2011, dans ce sillage, la CTC, par la voix du nouveau Président de l’Exécutif en charge de la culture avait indiqué sa volonté de l’installer dans de nouveaux locaux situés près du musée de la Corse (cf » feuille de route culturelle »). Depuis, malheureusement, rien n’a été engagé. Par contre, la CTC a réussi à restructurer le Centre d’Art Polyphonique de Sartè, mais sans que l’on puisse à ce jour en mesurer objectivement les résultats, et ce, malgré l’effort financier généreux de notre collectivité.
Alerté de la situation catastrophique du CMT par son Président, M. Marcel Simeoni, nous avons eu l’occasion de rencontrer plusieurs fois M Kremer-Marietti et ses services, afin de trouver une solution dépassant volontiers la simple question sociale. Ils ont été d’une très bonne écoute, mais cela n’a pas suffi, à l’évidence, pour voir notre requête effectuer avec optimisme le court trajet entre l’ancienne clinique Rippert et l’Hôtel de Région.
De manière concomitante, nous avons essayé de passer par un biais «politique », faisant partager ce malaise à l’ensemble des élus de la commission du développement social et culturel présidée par Mme Josette Risterucci. La dite commission avait d’ailleurs rédigée une question orale en ce sens à la session de juillet 2013, espérant débloquer une situation fort dommageable, en premier lieu pour les salariés.
L’absence, à ce jour, de proposition partielle ou pérenne interpelle bon nombre d’acteurs culturels et leurs associations qui témoignent de la difficulté à évaluer parfois le soutien de la collectivité à leur encontre. Pour notre part, nous éviterons d’inutiles polémiques, guidés par l’impérieuse nécessité de replacer la problématique dans le seul champ politique. C’est dans ce contexte douloureux à plus d’un titre que les élus que nous sommes s’inquiètent du devenir de la politique de sauvegarde et de développement des musiques traditionnelles, au moment où l’assemblée de Corse impulse de manière volontariste et ambitieuse son plan en faveur de la Langue Corse.
Cependant, vous comprendrez que notre propos n’est nullement de résumer – voire d’assimiler – cette lettre à une énième demande « traditionnelle » de subvention, quand bien même celle-ci – le CMT de Corse – avait été créée par délibération de notre Assemblée en 2001. Nous voulons simplement rappeler :
– l’importance des objectifs assignés au CMT dans le contexte corse actuel, c’est-à-dire œuvrer dans le domaine des musiques traditionnelles, des musiques « du monde » et de l’ensemble des patrimoines de l’oralité, sur l’ensemble de notre territoire;
– l’outil de coordination qu’il constitue, propre, à travers ses missions de recherche, d’animation du réseau associatif, de valorisation culturelle, à contribuer à la reconnaissance de ces pratiques culturelles et de ceux qui les font vivre, à leur médiation auprès des publics, à l’accompagnement de la création artistique et de la transmission des savoirs.
En conclusion, notre demande est bien assortie d’une réflexion à tenir rapidement sur la redéfinition de son évolution, rôle et fonctionnement, réflexion pour laquelle le groupe FEMU A CORSICA se tient naturellement à votre disposition pour, si besoin est, participer à ce projet de sauvegarde d’un outil culturel essentiel au rayonnement et au développement de notre patrimoine musical matériel et immatériel.
Dans l’attente d’une réponse favorable de votre part à cette demande, veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées.
SAVERIU LUCIANI ET JEAN CHRISTOPHE ANGELINI
(…)
by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]