L’existence de la SNCM est devenue un cauchemar pour tous les caciques de la doxa libérale dont la préoccupation première est l’application dogmatique des règles de la concurrence low cost.
Leurs critères sont connus : moins de service public et d’emplois à statut « contraires » à la compétitivité. Dans ce monde où la priorité s’apprécie à « la bonne tenue » des indices du CAC 40, il n’est jamais question de rendre des comptes au peuple considéré dans le meilleur des cas comme un spectateur passif sommé de comprendre que les dividendes versés aux gros actionnaires sont une nécessité qui préserve, en définitif, l’intérêt des petits, autrement dit de « la France d’en bas ».
L’économie mondiale est en faillite, l’argent public est déversé sans limite pour empêcher la banqueroute, mais il se dit du côté de Bruxelles comme de Bercy que ce qui coûte le plus c’est « la dépense publique », celle qui est utile aux populations pour se déplacer, se soigner, se loger, se former, se cultiver…
Les Barosso et autres Almunia ne démordent pas : il faut que la SNCM rembourse 220 M€ d’argent public qu’elle aurait indument perçue. Les mêmes restent étrangement aveugles quand il s’agit des 180 M€ versés au titre de l’aide sociale essentiellement à Corsica Ferries France (CFF) dont le coffre fort est à Genève.
Cela étant on peut s’interroger sur cette insistance douteuse à demander le remboursement d’un service effectué selon les obligations définies par l’autorité délégante et inscrites au cahier des charges de la délégation de service public (DSP) attribuée en 2007 au groupement SNCM CMN.
Il n’échappe à personne que le renouvellement de la DSP est une étape décisive à franchir mais avant cela tous ceux qui voient en la SNCM un obstacle à leur « libre entreprise » s’activent pour lui porter le coup mortel.
Les dirigeants de CFF appuyés maintenant par la CGPME de Corse, ceux de Véolia pressés de se défaire d’une activité trop lourde en investissements et peu rentable, ceux de la Caisse des dépôts et là c’est un comble car elle est la propriété de la nation sous le contrôle d’Henri EMMANUELLI !
Enfin, c’est un paradoxe, ceux de la CMN dont les « traitres » rapprochements avec la compagnie italo-corso-genevoise sont un secret de polichinelle, sans doute avec l’objectif de passer du pavillon français 1er registre au R.I.F, là aussi au détriment de l’emploi des salariés, de leur statut et de l’école de marine de Bastia privée in-fine de la taxe d’apprentissage.
Tout ce « petit monde » des affaires est donc à la manœuvre avec le secret espoir d’empêcher l’entrée en vigueur au 1er janvier 2014 de la nouvelle DSP avec un renouvellement de la flotte de la SNCM et la commande de 4 nouveaux navires propulsés au GNL, propres, surs et plus confortables pour les usagers du Service Public. Dans ces conditions le passage aux obligations de service public (OSP) généralisées, leur modèle économique préféré, permettrait, après un dépeçage de la SNCM, de partager le marché laissant à la CMN le Service Public de base rabougrie effectué par les cargos et à la Corsica Ferries celui des passagers.
Inutile à partir de là de se demander comment l’avenir s’écrira il suffit de se tourner vers la Sardaigne pour comprendre les conséquences d’un tel scénario. La dénonciation de l’intervention publique dans ce qu’elle a de régulateur (en matière d’utilisation de l’argent public au service de l’emploi, des usagers et de l’environnement), et d’opposition aux critères de profit maximum comme façon « RYANAIR » ou « BOLKESTEIN ».
« Moins de Service Public » égal « vive le monopole low cost ! ». C’est l’objet de l’acharnement juridique des dirigeants de Corsice Ferries France et de la CGPME de Corse, syndicat patronal en définitive peu soucieux des intérêts des nombreuses entreprises locales sous-traitantes de la SNCM. C’est l’objet de l’obstination de la Commission européenne dictant un droit qui s’imposerait à tous, et enfin de la politique gouvernementale quand elle privatise la SNCM pour laisser en fait aux autres le soin de faire « le sale boulot ».
Dès lors plus rien ne s’oppose à l’augmentation des tarifs, à la réduction des prestations et à l’exploitation des travailleurs soumis aux conditions minimales du droit international et sans droits sociaux grâce au pavillon le moins contraignant pour les armateurs privés sans scrupule, au point même de procéder à des dégazages autour de la Corse.
Le gouvernement et le président de la République ont dit que l’Etat actionnaire de la SNCM était réveillé, c’est le moment de le montrer en imposant :
le maintien, dans l’intérêt général, de la de la Caisse des Dépôts aux côtés de l’Etat et des salariés, dans le capital de la SNCM
la commande des navires du futur aux chantiers navals de St NAZAIRE afin que les navires les plus beaux et les plus écologiques naviguent sur le Service Public de continuité territoriale entre l’Ile de Beauté et le continent, 70 ans après la Libération de la Corse qui anticipa celle de la France et du programme du Conseil National de la Résistance.
l’application de la loi « CUVILLIER » adoptée qui doit faire respecter aux compagnies françaises et étrangères qui travaillent en France, la réglementation sociale et le droit du travail de la République Française afin de relancer l’emploi maritime français et préserver l’avenir de la profession avec l’école de marine de Bastia.
l’enquête fiscale sur le « vol », c’est ainsi que le Président de l’Exécutif l’a défini, commis par les compagnies « Low Cost » concernant la fraude sur la Taxe de transports qui a fait l’objet d’une motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée de Corse le 4 juillet 2013.
Sans prétendre avoir raison en tous points ces propositions donnent à la délibération de l’Assemblée de Corse attribuant la DSP au groupement CMN SNCM l’assise dont elle a besoin pour maintenir dans ses fondements le principe républicain de continuité territoriale entre le continent.
17 octobre
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]