La Corse d’avant a désormais vécu. En ce sens, le vote progressiste et presque unanime de la dernière session ne fait que consacrer cette disparition. Mais personne ne croit à la sagesse spontanée des représentants des familles qui dirigent le pays depuis Ponte Novu.
Certes le pouvoir local, qui leur avait été confié par l’État autrefois, s’est singulièrement émietté : on est passé en quelque 150 ans des 36 grands électeurs cités par Christian Mondoloni, à une myriade d’élus qui sont censés assurer, nous dit-on, l’exercice de la démocratie de proximité. Clientélisme de proximité nous semblerait une expression plus pertinente…Quoi qu’il en soit, voilà la Corse et la société corse confrontées aux effets d’un double et durable changement.
D’une part, l’exode rural a fait grossir les villes corses et modifié les rapports politiques ; de l’autre, la France ne s’est jamais remis de la débâcle de 40 et de la décolonisation qui l’a suivie. Ses représentants en Corse, sûrs de l’influence que leur conféraient les solidarités tribales et leur capacité à assurer des « places », n’ont jusqu’à aujourd’hui jamais protesté devant les maladresses et les abus commis par le pouvoir parisien.
Bien souvent, ils les ont encouragés, limitant leur protestation à un affrontement verbal gauche-droite, purement factice et qui ne correspond pas à la situation de la Corse ! Dans la classe politique corse traditionnelle, il n’y a jamais eu ni gauche, ni droite, mais une « fausse droite et une fausse gauche ». En réalité, il n’y a pas de différence idéologique, mais un partage des territoires…
C’est ainsi que François Giacobbi et Jean Paul de Rocca Serra ont arraché la bidépartementalisation !
Dans le même ordre d’idées, lorsque Zuccarelli a manifesté son hostilité au projet de référendum en 2003, ce n’était en aucun cas pour manifester son opposition à un ministre UMP, mais c’est tout simplement parce que la réforme proposée pouvait modifier le statu quo et rompre l’équilibre qui assure le fonctionnement d’une organisation aristocratique, pyramidale et sclérosée au-delà du possible!
Jeudi et vendredi dernier, l’Assemblée de Corse a fait un grand pas en signifiant majoritairement que la Corse devait se moderniser pour espérer survivre. On peut même dire que pour la première fois depuis sa création, elle a tenu son véritable rôle !
Ne nous y trompons pas : l’archaïsme traditionnel a certes été mis en minorité ; cependant, et au delà des obstacles que cette prise de position va rencontrer à Paris, les desseins des uns et des autres vont émerger au grand jour lors des prochaines échéances électorales. Dans l’opéra-bouffe qu’est devenue la vie politique française, gageons que les véritables adversaires au projet de réforme ne se trouvent pas au Conseil Constitutionnel.
Pour le microcosme parisien, la Corse ne revêt une importance relative que lorsqu’elle peut servir aux états-majors des différents partis hexagonaux à s’attaquer mutuellement. Sans doute donneront-ils des consignes dans ce sens à l’occasion de prochaines élections à leurs représentants corses qui acceptent pour la plupart ce rôle de faire-valoir ! Le sort de notre pays n’est donc au mieux qu’un sujet de surenchère dans la folie nationaliste qui infecte une France mythique et l’empêche d’entrer dans la réalité européenne …
Quant à nos intérêts respectifs, ils apparaissent de plus en plus antinomiques comme l’a montré la lamentable « affaire » de la DSP maritime ! Il est temps pour nous d’entrer dans le vif du politique et de construire un projet avec tous ceux qui sont convaincus que le fait national corse est une réalité fondée sur une communauté d’intérêts…
INDIPINDENZA
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]