C’est ce qu’affirme Dominique Bucchini.Du statut de résident aux divergences avec l’Exécutif territorial, le président de l’assemblée de Corse donne son avis sur les sujets qui ont fait polémique cet été.
Paul Giacobbi voudrait limiter l’accès à la propriété aux non-Corses. Que pensez-vous de cette proposition qui suscite la polémique jusqu’au niveau national ?
La spéculation n’est en rien spécifique à la Corse. Elle est même internationale. Quand on évoque le cas de ce « prince oriental qui vient d’acquérir une des cinq versions des Joueurs de Cartes de Cézanne pour 250 millions de dollars, qui peut acheter, s’il le souhaite, la moitié de notre territoire », et qu’on en tire la conclusion« qu’il faut donc limiter l’accès à la propriété foncière en Corse pour les non-résidents », j’ai la conviction que l’on se trompe de débat.
Clarifiez le débat…
Personne n’achètera « la moitié de notre territoire » qui est aujourd’hui la propriété de centaines de particuliers ou de collectivités. Pour y parvenir, il faudrait au préalable convaincre tous ces propriétaires de vendre ! Ce qui paraît difficile à réaliser, sauf à considérer que les propriétaires corses sont tous corruptibles ; et alors, il n’y a plus rien à faire pour sauver le territoire de l’appétit de ceux qui l’habitent… L’excès dans la comparaison tue le raisonnement. Car la question posée par l’exemple cité est bien, d’abord, celle de l’argent et des règles nationales et internationales qu’il faut imposer à sa circulation et à ses détenteurs.
Mais il est acquis que les choses ne pourront rester en l’état…
Comment peut-on imaginer que la Corse pourrait, par dérogation au droit de propriété ou aux règles mondiales du commerce, empêcher la spéculation sur son seul territoire ? « Si on peut acheter un terrain en Corse aussi aisément qu’une tablette de chocolat sur le rayon d’un supermarché, on court à la catastrophe ». Là encore, la comparaison est trompeuse : tout le monde, ou presque, peut s’acheter une tablette de chocolat. Qui peut s’acheter mille mètres carrés sur la route des Sanguinaires ou à Palombaggia ? Certainement pas les 80 % de Corses que leurs revenus rendent éligibles au logement locatif social. Et qui sont, par définition, inéligibles à toute forme de propriété, quel que soit leur « statut de résident ».
Selon vous, le statut de résident est-il à rejeter ?
Le seul statut qui intéresse la Corse d’en bas, la « Corse maigre », celle qui représente une très large majorité des « résidents », est bien celui qui élèvera son pouvoir d’achat et sa capacité à se loger comme locataire ou comme propriétaire. Juguler la spéculation foncière et immobilière est une nécessité absolue.
Mais si l’on aborde le problème en ignorant la force de l’argent, en Corse et ailleurs, on ne pourra satisfaire aucune des grandes aspirations populaires et on aboutira à renforcer le pouvoir des riches, résidents ou non…
suite sur corse matin
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
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