« La reconnaissance du #corse, comme de toute langue »

L’Assemblée de Corse le 29 juillet 2011, a adopté une motion demandant que soient mis en œuvre les moyens juridiques nécessaires pour obtenir un cadre statutaire à la langue Corse fondé sur le principe de co-officialité.

Le groupe des élu(e)s communistes et citoyens du Front de gauche l’avait voté après avoir déposé l’amendement sur lequel 36 élus et cinq groupes se sont en définitive accordés. Ce n’était pas pour autant un abandon de conviction. Nous l’avons dit d’autres groupes également.

Notre objectif alors, en proposant cet amendement portant la co-officialité, non l’officialité, n’était pas d’ignorer la difficulté d’une telle proposition notamment pour ce qu’elle suppose du point de vue de la Constitution et de la modification qu’elle implique. Au contraire, sans arrière pensée, nous avons voulu réaffirmer notre attachement à la langue Corse et, au-delà de ce qui s’était fait précédemment, de la préserver plus efficacement, au moment où la question de sa survie est posée.

Ce faisant nous avons insisté sur une approche qui ne peut selon nous s’affranchir de l’histoire et des mouvements contradictoires qui ont contribué à façonner la société insulaire dans le temps en y imposant le français comme langue dominante mais aussi comme langue de communication, de culture, de formation et d’échange.

En conséquence, il nous semble nécessaire d’écarter une vision réductrice de la langue française selon laquelle elle ne serait que « la langue de l’oppression ». Elle est fondamentalement autre chose dans la pensée des Lumières ou des grands écrivains qui ont inscrit la littérature française au patrimoine culturel universel.

Nous pensons que ce serait une erreur aujourd’hui de vouloir imposer un cheminement niant l’existence ou l’usage de la langue française, ou de faire de cette question l’enjeu d’un débat politique qui porterait en définitive sur le rapport à la France plutôt que sur l’usage a parité des deux langues parties intégrantes de notre identité à la fois corse et française.

Aussi nous récusons l’affirmation selon laquelle il serait impossible de conceptualiser co-officialité et bilinguisme dans un processus démocratique forcément long et non discriminatoire par essence. Nous avons pensé que la ratification de la Charte des langues minorées annoncée par François Hollande permettait d’envisager sérieusement cette démarche. Le recul du Président de la République, nous le reconnaissons contrarie, cet objectif.

Faut-il dans ces conditions y renoncer ou en faire l’objet d’un bras de fer avec le gouvernement et la représentation nationale ? Nous pensons que non ! D’autant que par ailleurs le président de la Commission des lois explique dans une interview au Monde le 27 mars qu’il est disposé à explorer une autre voie que celle du Congrès avec l’article 53-3 de la Constitution relatif à l’adoption des Traités pour parvenir à ratifier la Charte.

Sur la charte elle-même ne pas voir qu’elle est un outil supplémentaire, non pour sauver des minorités, mais pour affirmer le droit à l’existence des langues et cultures régionales, relève, selon nous, d’une cécité intellectuelle. Nous ne renonçons pas non plus à l’adoption d’une loi sur les langues de France, leur donnant une assise juridique et garantissant aux collectivités et à l’Etat les moyens des actions menées pour leur enseignement et leur promotion.

Bien sûr il existe deux conceptions de la nation, historiquement attestées : la nation ethnique et la nation politique. Nous ne confondons pas les deux précisément parce que nous savons que l’une peut conduire au fascisme alors que l’autre, en général, fonde la République. A ceux qui s’interrogent en exprimant des craintes au regard des dangers de dislocation possible nous répondons qu’en toutes choses, il y a des nuances pour caractériser la pensée et les objectifs politiques qu’elle poursuit.

Force est de reconnaître que si la République est mise à mal en ce moment ce n’est pas en raison de la diversité culturelle de la Nation mais bien du fait de la crise du capitalisme, des logiques et des pratiques dépourvues d’une quelconque moralité politique. Les langues et cultures de France minorées par une conception de la culture nationale qui a arasé les différences plutôt que de les admettre pour s’en enrichir réciproquement, ont droit, c’est notre conviction, à une expression pleine et entière.

Ethnicisme, communautarisme, sont des dangers réels, mais s’enfermer dans un cadre national qui nie la diversité de son patrimoine linguistique et culturel, qui efface l’originalité des rapports sociaux et humains de chaque territoire à plus forte raison insulaire, c’est s’exposer à un risque tout aussi dangereux d’un communautarisme national. Voila pourquoi, nous inscrivons l’avenir de la Corse dans celui d’une 6ème République française, solidaire et éthique, unie et ouverte à la diversité, culturelle et linguistique.

Cette position sur la question de la politique linguistique découle de la tradition du mouvement ouvrier international qui, depuis son origine, s’est investi dans la défense des langues minoritaires. Ainsi, depuis les années trente, les députés communistes ont été extrêmement actifs à l’Assemblée Nationale pour faire progresser les langues régionales de France ; dans l’entre-deux-guerres, pendant la Résistance les dirigeants communistes affirmeront cette volonté dans le combat contre le fascisme, enfin à l’Assemblée de Corse dés les années quatre-vingt, les élus communistes agissent pour la défense de la langue corse et la promotion d’un « bilinguisme assumé ».

L’attachement que nous portons à la langue corse a, certes, des raisons personnelles, psychologiques mais la revendication de co-officialité traduit une conviction politique : la reconnaissance du corse, comme de toute langue. Ce droit reconnu, à l’expression de la diversité et par la même au progrès indispensable de l’égalité citoyenne, nous le revendiquons d’autant plus que nous voulons refonder le modèle républicain pour élever la démocratie et le progrès social dans la recherche de cette égalité reliée par les révolutionnaires de 1789 à la Liberté et la Fraternité. Les trois mots ainsi associés constituent la devise de la République française naissante dans laquelle Pascal Paoli lui-même retrouvait les principes et les fondements de sa propre conception de la Liberté.

Michel STEFANI

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by @Lazezu 

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