« Povera Corsica ! Il ne nous manquait plus que le Qatar en #Corse ! »

(2 juillet 2013) De passage en Corse, l’ambassadeur du Qatar a déclaré que les investissements économiques de son pays en France, concernaient de plus en plus le tourisme. Inquiétant…

actu (2)Le Président de la République vient d’achever une visite officielle de deux jours au Qatar. Cinq ministres et une délégation de chefs d’entreprises l’accompagnaient. L’enjeu de ce déplacement était de consolider une relation « ancienne et forte » et de rassurer les dirigeants qataris, inquiets des critiques visant l’importance des investissements de leur pays en France. En effet, loin de se borner à contrôler le PSG, le Qatar tisse une toile associant la prise de contrôle économique et financière, les réseaux d’influence et la pénétration du tissu social. Récemment, il a manifesté son intérêt pour la Corse. La venue en Corse de son ambassadeur en France, a permis d’apprendre que le Qatar allait apporter son soutien sous forme de fourniture d’équipements à deux clubs sportifs bastiais : l’AJB et le Hand ball club. A cette occasion, le diplomate a certes évoqué les valeurs de solidarité et de fraternité qui motiveraient l’implication de son pays dans l’aide à la jeunesse. Mais il ne s’en est pas tenu là. Rappelant les investissements économiques qataris réalisés en France, il a ajouté que ceux-ci concernaient de plus en plus le tourisme. Sur notre ile fortement dépendante de l’activité touristique, touchée par le manque d’investisseurs et convoitée par les affairistes, il a certainement été entendu. Ce qui n’a rien de rassurant car le Qatar n’a rien qui inspire franchement confiance. Si l’on fait abstraction des bons sentiments affichés, et pour peu que l’on veuille bien voir plus loin que la perspective de bénéficier un peu ou beaucoup d’une manne financière, il apparaît que le Qatar n’est guère fréquentable. La réalité qatarie associe l’autocratie (pouvoir absolu d’un souverain et de son entourage), l’affairisme (volonté d’enrichissement maximal par tous les moyens), l’islamisme (prosélytisme religieux et politique favorable à l’islamisation des institutions et du droit) et l’impérialisme politique et financier (stratégie de politique internationale visant à établir une domination).

Adepte des paradis fiscaux

La famille Al-Thani est au pouvoir depuis l’indépendance du pays. Le gouvernement et le pouvoir religieux sont aux mains de l’émir Hamad Ben Khalifai. Les partis politiques ne sont pas autorisés. Représentant les deux tiers de la population du Qatar, les travailleurs immigrés ne sont pas autorisés à entretenir des relations sociales avec les originaires du pays. Il leur est par ailleurs interdit de résider dans les quartiers habités par les Qataris. Voulant toutefois apparaître comme réformiste et moderne, l’émir a créé Al Jazeera, média considéré comme la seule source d’informations libre au sein du monde arabe. Il a également ouvert à tous les Qataris, hommes et femmes, âgés de plus de 18 ans et domiciliés au pays, le droit de voter pour désigner leurs représentants municipaux. Ces élus n’ont cependant qu’un pouvoir consultatif. Autocratique, le Qatar est aussi affairiste. La fortune du pays et les investissements à l’étranger sont entre les mains de la famille régnante et de ses obligés. Bien entendu, il en est de même des profits réalisés. La Qatar est également un adepte du recours aux paradis fiscaux. L’un de ceux-ci est d’ailleurs… la France. En effet, depuis 2008, une convention fiscale allège considérablement l’impôt sur la fortune des Qataris étant propriétaires en France. Cette convention prévoit même l’exonération de tout impôt sur les plus-values immobilières. Ceci permet de quantifier l’influence d’un pays comptant moins de 2 millions d’habitants (dont environ deux tiers d’étrangers) répartis sur 11 586 km2, soit une superficie six fois inférieure à celle de la Corse. Cette influence s’exerce cependant en bien d’autres pays. S’appuyant sur les revenus de ses ressources en gaz et sa puissance financière exponentielle, le Qatar développe une politique de puissance. Dans un récent ouvrage consacré à ce pays, deux journalistes, spécialistes reconnus du Moyen-Orient, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qualifient le Qatar de « confetti qui rêve d’être un empire ».

Bailleur de fonds et armurier des islamistes

Le « confetti » étend son influence d’une part, en usant d’un appui ciblé et efficace à l’islamisme ; d’autre part, en gagnant le soutien des « élites » et de différents secteurs des populations. Les relations étroites entre l’émir et Nicolas Sarkozy sont connus et perdurent depuis la défaite électorale de ce dernier. Quant à la visite de l’actuel président de la République à Doha, elle confirme l’influence du Qatar au sein du pouvoir socialiste. L’un des intermédiaires les plus actifs de « bonnes affaires » entre Paris et Doha n’est autre qu’un socialiste, cofondateur de SOS-Racisme. Il se dit aussi que les émeutes ayant ravagé, en mai dernier, un quartier cossu de Paris lors de la célébration par le PSG de son titre de champion de France de football, aurait eu pour origine l’exigence qatarie que la fête ait la Tour Eiffel pour toile de fond. Par ailleurs, le Qatar pèse économiquement lourd par l’acquisition de palaces, d’immeubles de prestige, de rapport et de bureaux, d’entreprises du luxe, de participations dans les sociétés du CAC 40, de terres arables, d’œuvres d’art. Plus inquiétant encore : le Qatar qui a été le plus gros fournisseur d’armes des rebelles libyens, est aujourd’hui le bailleur de fonds et l’armurier des rebelles syriens. Or chacun sait que cette politique interventionniste – soutenue par Paris ! – contribue à la propagation d’un islamisme politique prétendument modéré (en particulier celui des Frères musulmans). Il apparait aussi que le soutien apporté aux organisations musulmanes en France, va le plus souvent aux structures les plus prosélytiques. Tout ce qui est précédemment écrit est connu et aisément vérifiable. Ceux qui, chez nous, envisageraient de donner pignon sur rue au Qatar, ne pourront pas dire qu’ils ne savent pas.

Pierre Corsi (2013)

le Journal de la Corse

by @Lazezu 

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