Manuel VALLS, ministre de l’intérieur est attendu lundi et mardi prochain en Corse ou il se rend pour la quatrième fois depuis son installation place Bauveau.
Le moins que l’on puisse dire est que cette visite ne se présente pas sous les meilleurs auspices: des incidents violents ont opposé les forces de l’ordre à des militants de la ghjuvintu naziunalista à Bastia, un onzième crime de sang s’est produit en plaine orientale, et les élus de l’assemblée de Corse ont voté à une large majorité une délibération demandant que la langue corse et la langue française soient instaurées à parité langues officielles dans l’île.
C’est donc à sur le terrain du maintien de l’ordre comme sur le terrain de la lutte contre les bandes mafieuses et le terrain politique qu’il devra convaincre du bien fondé de la politique qu’il a engagée et répondre en même temps sur l’exigence formulée par les élus territoriaux d’une avancée institutionnelle.
- Pour ce qui concerne la lutte contre le banditisme et le crime organisé, malgré les impatiences plus ou moins hypocrites exprimées ici ou là, les premiers résultats commencent à se manifester, aussi bien dans la résolution des crimes de sang, comme dans l’assassinat de l’avocat SOLLACARO, que dans la lutte contre le trafic de drogue, comme dans le démantèlement d’un réseau de trafiquants de drogue en plaine orientale, ou contre le racket avec les arrestations opérées à Evisa.
Plus de 5 M Euros ont fait l’objet de procédures de confiscation de biens mal acquis en 2012, et l’attentat contre le GIR, qui abrite les fonctionnaires chargés de décortiquer les patrimoines des individus soupçonnés de malversations constitue en quelque sorte la preuve, s’il en fallait une, que les choses sont bien engagées.
- Pour ce qui concerne les opérations de maintien de l’ordre, qui ont tourné à Bastia à l’affrontement entre la police et les manifestants, rien de nouveau sous le soleil: un attentat contre la sous préfecture de Corti, des interpellations, des gardes à vue, des manifestations violentes réprimées par les forces de l’ordre, des transferts à Paris devant la juridiction antiterroriste, et des protestations véhémentes des organisations nationalistes. Tout cela a comme un air de déjà vu: il va falloir que je me fasse expliquer un jour par les leaders indépendantistes comment ils envisagent de traiter un attentat contre le gouvernement qu’ils espèrent incarner un jour , mais j’imagine qu’il n’y aura pas beaucoup de différence avec ce qui s’est produit à Bastia..
Reste la question des avancées institutionnelles réclamées par l’assemblée de Corse qui réclament une révision de la constitution.
- Je n’imagine pas que le ministre de l’intérieur puisse faire autrement que d’affirmer que le gouvernement n’engagera pas une réforme de la constitution pour que la langue corse soit instituée langue officielle à parité avec la langue française sur le territoire insulaire. Il n’en a, pas plus que le président de la république, ni les moyens politiques ni sans doute la volonté compte tenu de ce que cette question soulèverait comme difficultés dans une société française déjà amplement clivée.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne se montrera pas ouvert aux suggestions que les élus ne manqueront pas de lui faire pour porter un effort décisif à la fois sur l’enseignement de la langue corse et sur sa diffusion ans la société insulaire ou elle est, qui pourrait le nier en perte d’influence plus qu’inquiétante.
Quand une délibération est votée dans ces conditions et qu’elle ne peut pas être appliquée en l’état , comme c’est le cas aujourd’hui, la question va rapidement se poser de la réaction des élus qui l’ont votée.
Demanderont ils par exemple aux maires de leur obédience de rédiger dorénavant leurs délibérations en langue corse, ce qui entraînera leur annulation par les préfets ou, pire encore, l’illégalité des opérations engagées sur la foi de ces documents ?
Assistera-t-on, en représailles, à une série d’attentas contre les services de l’Etat, ce qui serait à mon avis contre productif et desservirait sans doute la cause de la langue?
Dans cette affaire, mal engagée, il semble que quelques uns des élus qui se sont engagés dans cette voie aient oublié que, dans la république française jacobine qui s’est construite en particulier sur l’imposition de la langue d’oïl à la langue d’oc, le seul scénario dans lequel il existe une possibilité réelle de voir un jour les deux langues corses et françaises officielles à parité est l’indépendance de l’Île !
C’est en tout cas ce qui s’est produit dans les anciennes colonies française d’Afrique de nord et d’Afrique noire: les indépendantistes de Corsica Libera eux, ne l’ont pas oublié, car ils font de la politique, c’est à dire regardent l’horizon et non les prochaines élections municipales , et je me demande parfois s’ils ne sont pas les seuls à en faire.
VINCENT CARLOTTI
by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse,
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]
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[countup date=1996/04/16] [timer] [before]![/countup]