Le 29 novembre dernier, l’ONU a voté pour doter la Palestine d’un statut « d’Etat observateur ». Ce vote est une victoire palestinienne, et il a fait bouger les lignes de ce dossier, après tant d’années de blocage suite à la disparition d’Itzhak Rabin, le père des accords d’Oslo avec Yasser Arafat, et co-Prix Nobel de la Paix, assassiné par un terroriste religieux juif en 1995.
La réunion organisée avec Corsica-Palestine le 23 mai dernier au Palais des Congrès d’Aiacciu a permis de faire le point et de nous remobiliser sur cette question palestinienne qui représente un enjeu essentiel pour l’avenir de tout l’espace méditerranéen, et donc de l’Europe.
Du voyage d’étude conduit par trois députés européens de l’ALE en Cisjordanie, à Jerusalem et Tel Aviv en octobre dernier, il a été tiré un film vidéo qui évoque avec beaucoup de réalisme une situation de blocage délibérément entretenue par Israël*. Ce témoignage a été projeté en ouverture du débat, puis Hael Al Fahoum, ambassadeur de Palestine en France, a donné son éclairage et son expertise du dossier. Il est un diplomate expérimenté, chacun l’a bien ressenti, mais il a su aussi faire partager son enthousiasme et sa foi en l’avenir, largement communicatifs, tout en faisant état d’une situation de plus en plus difficile sur le terrain pour les Palestiniens.
Les participants ont bien compris que la période qui vient de s’ouvrir avec le vote de l’ONU est décisive pour l’avenir.
Jusqu’à présent, les équilibres du pouvoir au sommet de l’Etat hébreu s’étaient figés autour d’un axe formé par la droite, incarnée traditionnellement par le Likoud de Benyamin Netanyahu, avec les partis extrémistes religieux dont l’obsession est de chasser, par la colonisation de peuplement, les Palestiniens de Jerusalem-Est et de la Cisjordanie. À l’abri de cet équilibre, l’administration israélienne continue tel un rouleau compresseur l’écrasement systématique des structures du futur Etat qui devrait, dans l’avenir, représenter les intérêts et les droits des Palestiniens en morcelant systématiquement le territoire et en enfermant le peuple palestinien dans un ghetto matérialisé par les 700 km de mur édifiés par les militaires.
La Communauté Internationale vient enfin de saisir ce danger, et de comprendre qu’il y avait urgence à consacrer enfin la solution des « deux Etats » mise en avant lors des accords d’Oslo. D’où le vote du 29 novembre, qui consacre la Palestine comme « Etat observateur », contre lequel les dirigeants israéliens se sont retrouvés très isolés sur la scène internationale. La position du « soutien inconditionnel à Israël », incarnée par les USA, n’a été partagée que par le Canada, par un seul Etat européen, la Tchéquie, et par cinq petits Etats marginaux réputés comme paradis fiscaux : Panama, Nuaru, Palau, les Iles Marshall et la Micronésie. Jamais la cause palestinienne n’avait trouvé un tel soutien, et cela peut être riche de conséquences.
Tout d’abord en Israël. L’opinion israélienne est focalisée sur une donnée, sa sécurité, et elle sait qu’elle dépend pour beaucoup du soutien international dont Israël bénéficie. Que cette couverture vienne à lui être retirée, et le reflexe des citoyens est mécanique: il sanctionne ses dirigeants. C’est ce qui explique le brutal recul enregistré par M. Netanyahu et ses amis lors des élections du 22 janvier 2013, moins de deux mois après le vote de l’ONU. Donné comme « large vainqueur » par les sondages, il est passé finalement in extremis. Et les sondages montrent que sa chute continue.
Aux Etats Unis, la diplomatie s’est remise en mouvement pour relancer les discussions et les négociations de paix. En sous-main, semble-t-il, on a obligé l’Etat hébreu à renoncer aux projets démentiels de colonisation annoncés en riposte au vote de l’ONU. Et Barack Obama, mieux que ceux qui l’ont précédé ou qui lui succèderont, peut « laisser faire », même si le système politique américain, totalement verrouillé par le lobby pro-israélien au Sénat et à la Chambre, apparaît impuissant pour forcer la main à son allié israélien.
Dans ce contexte le rôle de l’Europe peut être capital. Il naturel, car l’Europe est la grande puissance de référence en Méditerranée, et son intérêt manifeste est que le conflit palestinien, qui impacte négativement toute sa politique méditerranéenne si importante pour son avenir, trouve une solution. Et il peut être déterminant pour créer un mouvement diplomatique positif auquel les USA ne pourraient que coller.
Encore faut-il que les dirigeants européens consentent les efforts nécessaires, et tout particulièrement la France qui a un rôle diplomatique prépondérant, dans une Europe sans forces armées équivalentes, surtout depuis que le Royaume Uni a annoncé son éventuelle sortie de l’Union Européenne.
D’où l’importance des mobilisations et des réunions à mener partout pour peser sur les dirigeants français. Il existe une fenêtre pour relancer la paix en Palestine. Mais elle est étroite, et elle risque de se refermer vite.
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI),
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM
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