Si la population insulaire a largement protégé les Juifs pendant la dernière guerre, elle a été aidée par l’attitude du préfet de l’époque qui a trompé l’administration pétainiste en ne recensant que des Juifs français et en ignorant volontairement les autres, malgré les pressions du commissariat aux affaires juives.
On le sait, lors de la dernière guerre, les Juifs qui séjournaient en Corse ont échappé aux rafles et aux déportations. Et s’ils le doivent, pour une grande part, à la population insulaire qui les a aidés et protégés, ils le doivent aussi, et surtout, à un préfet continental qui a berné les autorités. En 1940, lorsque le préfet Paul Louis Emmanuel Baley, qui a déjà une longue carrière derrière lui, est nommé en Corse par le gouvernement, il est pétainiste. Il doit penser naïvement que le Maréchal s’est vu imposer le statut des Juifs par les Allemands et que les choses n’iront pas très loin. Il va déchanter lorsque, en 1941, l’administration va lui demander de recenser les Juifs séjournant en Corse, seuls les « Juifs étrangers » risquant alors d’être inquiétés. Une demande à laquelle il répondra en trompant ses supérieurs, puisqu’il établira une liste de 146 noms dans laquelle ne figure aucun enfant et, surtout, une liste qui ne comporte que des Juifs français ou turcs, la Turquie étant un pays neutre. Tout cela alors que, selon les historiens, ils étaient plusieurs milliers en Corse dont, évidemment beaucoup de juifs non français…
Début 1942, lorsque Baley reçoit une circulaire manuscrite (elle sera ensuite dactylographiée) lui demandant de préparer « le ramassage » des Juifs pour le 26 août, il s’en tient à son premier recensement. Tandis qu’il supervise l’enquête, dans chaque région, ses collaborateurs vont dans le même sens que lui. Ainsi, le 22 août, le chef d’escadron Susini, d’Ajaccio, indique : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que les commandants de section de mon groupe ne m’ont signalé jusqu’ici aucun Juif visé par les télégrammes Intérieur-police ». Même chose pour le chef des Renseignements Généraux de Bastia, qui écrit : « J’ai l’honneur de vous rendre compte que l’enquête faite par mon service a fait ressortir qu’aucun des étrangers juifs ne réside dans mon secteur ». Quant au sous-préfet de Sartène, Jacques Ravail (un homme de gauche), il assure qu’il « n’existe aucun juif étranger dans mon arrondissement ».
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