90% des insulaires sont favorables à une société bilingue. Sur le campus Grimaldi, cela s’est vu et entendu.
Dans la nuit du 2 au 3 avril, à Corte, nous étions plus de 2000, de tout âge, sous le chapiteau « Pà una Sucità bislingua » dressé sur le campus Grimadi de l’Université de Corse. Comme tous les jeunes, les moins jeunes et les anciens qui avaient fait le déplacement, j’étais heureuse et fière d’être là. Nous répondions à l’appel du Collectif Parlemu Corsu.
Nous communions dans la fête pour servir une cause sacrée : la survie de la langue corse. Nous vivions la magie d’une Corse à la fois traditionnelle et multiculturelle, sérieuse et enthousiaste, rationnelle et exubérante, réaliste et optimiste. Enfin, et surtout, nous ressentions et vérifions l’existence d’un lien intergénérationnel et d’une dynamique de la transmission. Des grappes de jeunes submergeaient les groupes de militants chevronnés. Dj Big Ali et Dj Kash se mettaient au diapason des groupes emblématiques de la corsitude militante (Canta u Populu Corsu, I Chjami Aghjalesi, I Surghjenti, Tavagna, E duie Patrizie, Diana di l’Alba, A Filetta). La relève de la génération Riacquistu était au rendez-vous. Là-haut, Natale Luciani et quelques autres pouvaient se dire qu’ils n’avaient pas vécus pour rien.
Plus de 4.000 bras
Les élus et les leaders nationaliste avaient répondu présent. En revanche, à l’exception du conseiller exécutif Pierre Ghionga, les représentants des partis traditionnels brillaient par leur absence. Ceux qui n’avaient pas fait le déplacement pour cause d’opposition déclarée à la co-officialité, avaient le mérite respectable de la cohérence politique assumée. Tous les autres, plus ou moins favorables à la co-officialité, montraient, moins d’un mois avant le débat à l’Assemblée de Corse devant porter sur la satisfaction de cette revendication, une regrettable propension à n’aller vers le futur qu’en trainant les pieds. Ils révélaient leur incapacité d’embrasser fougueusement l’Histoire. Ils éludaient l’aspiration de la plupart des Corses à conserver, bien vivante, la langue de leurs ancêtres.
Ils n’anticipaient pas le résultat du sondage ayant révélé que 90% des insulaires sont favorables à une société bilingue (Étude Opinion Way réalisée auprès d’un échantillon représentatif de Corses âgés de 18 ans et plus). Ces absences étaient d’autant plus regrettables qu’elles intervenaient après un mauvais coup porté à la langue corse. En effet, il venait d’’etre annoncé que le président de la République renonçait à la promesse de ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Il aurait été bienvenu qu’en étant présents sous le chapiteau cortenais, les représentants des partis traditionnels se disant « amis » ou « défenseurs » de la langue corse, expriment de la réprobation à l’encontre de la reculade présidentielle. Il aurait été heureux de les voir se joindre à la vague d’écharpes couleur orange arborant le mot d’ordre « Sucità bislingua », que plus de 4.000 bras brandissaient bien haut.
Revue de Presse et suite de l’article :
Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI), sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM
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