Madame Fioraso ministre de l’enseignement superieur vient de s’attirer les foudres d’Antoine Compagnon, professeur au collège de France à propos du projet de loi qu’elle présente et qui libère l’emploi des langues étrangères dans les cours, examens, mémoires et thèses en France.
La ministre utilise un argument particuliérement malheureux: « si nous n’autorisons pas les cours en anglais, nous n’attirerons pas les étudiants de pays émergents comme la Corée du Sud et l’Inde. Et nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d’une table, même si j’aime Proust… » Dans un article de Libération du 4 avril, Antoine Compagnon souligne, outre le fait que la Corée du Sud n’est plus un pays émergent, que Proust est un des auteurs français les plus lus et commentés dans le monde, en particulier aux Etats-Unis, au Japon et… en Corée du Sud.
J’ai pu personnellement me rendre compte de cette gloire internationale de Proust en préparant la conférence que j’ai donné au collège de France à la demande précisément d’Antoine Compagnon. Je connaissais déjà l’immense travail de Philip Kolb, de l’université d’Urbana-Champaign, sur la correspondance mais la lecture de plusieurs thèses faisant autorité, écrite en français par des japonais, m’a convaincu de l’audience internationale de Proust. Cependant cette dispute autour de la francophonie vient d’une confusion que j’avais souligné dans mon rapport sur l’investissement étranger en France entre langue véhiculaire internationale et langue de culture.
Le français n’est pas et n’a jamais véritablement été une langue véhiculaire internationale même s’il était de bon ton jusqu’au début du siécle dernier dans les milieux aristocratiques de la Russie à la Turquie de parler français. En revanche c’est la langue de culture par excellence et bien des étrangers cultivés apprennent le français pour goûter Proust, Saint Simon et bien d’autres dans le texte. Le rôle de langue véhiculaire n’est pas enviable, il s’agit en fait toujours d’une langue simplifiée, caricaturée, d’un sabir éloigné de ses racines, ce que l’auteur nomme un globish d’aéroport. La France doit promouvoir cette langue de culture dont notre littérature est le fleuron plutôt que de prétendre imposer le français comme langue véhiculaire. Au lieu de celà on a vu coup sur coup un président dénigrer stupidement madame de Lafayette, un ministre renoncer à commémorer Céline et enfin une ministre croire que Proust est un auteur inconnu hors de nos frontières.
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