C’est une assemblée générale de combat et d’appel à la mobilisation qu’ont tenu, ce dimanche à Corte, les Nationalistes modérés d’Inseme per a Corsica. A quelques jours de débats et de votes décisifs à l’Assemblée de Corse (CTC) et en cette année préélectorale, le mouvement de Gilles Simeoni a adopté une motion d’orientation générale, présentée comme la boussole d’action pour les futures échéances politiques et électorales. Une feuille de route basée sur la défense des fondamentaux, le choix exclusif et réitéré de l’action démocratique et la lutte contre le système claniste et clientéliste. Explications, pour Corse Net Infos, de Gilles Simeoni qui appelle à la mobilisation générale pour contraindre l’Etat à prendre en compte la question corse.
« L’heure est plus que jamais au combat. Notre discours, s’il est de paix, n’est pas un discours de renoncement ». C’est, en ces termes forts que le leader d’Inseme per a Corsica et élu territorial a ouvert l’assemblée générale de son mouvement à une période cruciale, voire critique, pour la Corse. Après avoir exprimé sa solidarité envers les cinq personnes soupçonnées d’avoir apporté leur soutien à la cavale d’Yvan Colonna et dont le procès en appel se tiendra jeudi et vendredi prochain à Paris, Gilles Simeoni a rappelé les raisons de ce combat centré sur la lutte contre le système claniste et clientéliste. « Si nous n’avons pas une vision claire de la façon dont ce système pervertit l’économie, la jeunesse…, nous risquons de nous égarer. Nous courons le risque d’oublier que notre combat n’est pas seulement pour être maire ou conseiller général. Nous ne voulons pas d’une Corse qui serait autonome mais resterait aux mains des clans et des groupes de pression ». Cette exigence démocratique, d’emblée réaffirmée, le mouvement modéré a présenté, à ses militants, le bilan d’un an d’action politique sur des domaines clés comme la langue ou le développement de l’intérieur.
Pas de statut Canada Dry pour la langue
L’appel au combat, c’est, ensuite, l’élue territoriale Mattea Lacave qui le lance, à quinze jours du débat à la CTC sur le statut de la langue. Expliquant les enjeux de ce vote, qualifié « d’historique », elle fait le point sur le travail effectué par les élus modérés sur le statut de coofficialité et l’avènement d’une société bilingue. « Ce statut n’est qu’un moyen d’arriver au bilinguisme. C’est une étape juridique indispensable pour obtenir la garantie des droits linguistiques des citoyens et une politique publique interventionniste pour les mettre en œuvre ». Cette enseignante bilingue ironise sur « ceux qui prétendent sauver la langue, mais veulent, en réalité, la réduire à une option de vie. Pour nous, la langue est pour tous ». Mettant en garde contre « un statut Canada Dry », vidé de son contenu que certains tenteront de faire voter le 25 avril, elle rappelle que le vrai combat sera de convaincre le gouvernement de modifier la Constitution. Promettant de « ne pas faiblir », elle demande aux militants de se mobiliser et de se tenir prêts à descendre dans la rue pour défendre « l’élément le plus visible de notre identité culturelle ».
Des lois non-appliquées
Le combat pour le développement de l’intérieur, Jean-Félix Acquaviva, maire de Lozzi et président de l’association des élus de montagne, en a fait son credo. « La question du développement de la montagne est la question du développement de la Corse. Elle doit être posée, dans le PADDUC, en termes de filières, d’espaces et de contraintes ». Il dénonce la non-application par l’Etat des lois qui permettent d’adapter celles-ci à la spécificité de chaque massif montagneux et rendent obligatoire le développement des territoires ruraux. « Chaque fois qu’elle tend vers la diversité, la loi n’est pas appliquée. Le combat de revitalisation de l’intérieur n’est pas de sauver quelques chapelles ou de mettre en survie le territoire, mais d’aller vers une liberté économique, sociale et culturelle ». Pour cela, il préconise de « sortir du tête-à-tête avec Paris, de le contourner car il nous empêche d’avancer » et de se tourner vers l’Europe et la création d’un « groupement européen de coopération territoriale des îles de montagne en Méditerranée ».
Agréger les compétences
Le combat, pour Inseme per a Corsica, se décline, aussi, au quotidien, par le travail et la construction d’une nouvelle Corse « qui veut vivre libre et émancipée ». A travers deux témoignages de militants très impliqués, par leur métier, dans la promotion d’un développement durable et équitable, le mouvement modéré a voulu montré sa différence et opposer l’espoir nationaliste au renoncement claniste. « Notre différence, c’est d’agréger, chaque fois que c’est possible, les compétences, d’identifier les expériences positives qui se pratiquent au quotidien pour définir, ensemble, la Nation dont nous rêvons et que nous voulons construire. Quand les compétences s’agrègent dans un petit pays comme le nôtre, c’est l’espoir qui se lève », déclare Gilles Simeoni.
La lutte contre le clanisme
La différence de comportement et le refus du clanisme « système scandaleux et méprisable », c’est également le combat de l’élu territorial, Hyacinthe Vanni. « Nous sommes la seule force d’opposition à la CTC, ce qui nous ferme toutes les portes et ne nous laisse aucune marge de manœuvre. Malgré cela, nous travaillons et nous sommes présents partout dans toutes les réunions et dans toutes les commissions ». Il fustige l’action de l’Exécutif, sa politique d’embauche, « de chantage aux subventions et à l’emploi », de « saupoudrage sans choix de développement » ou encore de formation professionnelle « qui ne recense pas les besoins des entreprises, mais qui n’est que du copié-collé d’une année sur l’autre ». Il tacle « le manque d’anticipation » au niveau des agences et offices, notamment l’office des transports et son budget en déséquilibre, désormais entre les mains du Préfet. « Ils ne pensent pas à la Corse, ils ne pensent qu’à être élus. Aujourd’hui, la somme des intérêts particuliers prime sur l’intérêt général. Face à ces pratiques, à ce système, notre détermination reste intacte. Nous ne reculons jamais. Nous nous y engageons. Vous pouvez comptez sur nous. Quand nous serons aux responsabilités, il n’y aura pas de chantage à l’embauche, au logement et aux subventions, pas de saupoudrage. Nous ferons une politique au service de la Corse car nous avons un pays à construire, pas une clientèle à satisfaire », conclut-il sous les applaudissements nourris des militants.
Une décentralisation pervertie
A sa suite, José Filippi enfonce le clou en dénonçant, chiffres et exemples à l’appui, le mode de gouvernance des collectivités locales. « La décentralisation n’a fait que renforcer le clientélisme local en définissant des périmètres territoriaux. Le système doit être le plus opaque possible. Des gens, qui n’ont pas de mandat, décident. Pour le clan, le contexte politique idéal est le département car le citoyen en perçoit très mal l’enjeu politique, tout en étant proche de son élu ». Pour lui, le peuple paye pour « l’incompétence, l’incurie et le clientélisme de ceux qui ont le pouvoir », pour leur « politique suicidaire d’emploi et de gestion de la dette ». Il propose, en contrepoint, une nouvelle gouvernance de type participatif et fédératif.
Se mobiliser pour le référendum
Le combat enfin, Gilles Simeoni y revient encore en présentant une motion fixant les orientations stratégiques sur fond d’échéances électorales. Insistant sur l’importance de l’heure et des enjeux, il balaye, d’abord, le bilan politique de l’année écoulée en se félicitant du travail accompli à la CTC pour tenter de tenir les promesses de campagne, du renforcement de la présence d’Inseme sur le terrain au niveau de la langue, des Arrêtés Miot, du Collectif du 5 mai… et de la percée historique aux législatives. Il définit, ensuite, les axes d’actions futures en appelant les militants à la mobilisation notamment en prévision du référendum sur la réforme constitutionnelle, qui devrait suivre les votes à la CTC. « Rien n’est acquis, ni gagné d’avance. En face, ils ont pris la mesure de l’urgence. Si nous gagnons, ils ne pourront plus nous arrêter. Pour cela, il faut lutter contre la fraude, contre la pression claniste, contre le mutisme de l’Etat pour faire que ces réformes, dont nous avons un besoin vital, soient validées par le peuple».
Après une charge féroce contre un gouvernement qui « incarne le plus la fermeture et le refus de notre identité », et dont « la politique est contraire à nos intérêts collectifs », il réaffirme la nécessité d’une reconstruction démocratique pour « opposer, aux clans et à l’Etat, la force du droit et de l’équité ». Enfin, il lance un appel au renforcement de la lutte sur le terrain et demande aux militants et aux Corses de « prendre leur destin en mains », de ne pas rater ces rendez-vous avec l’histoire.
N.M.
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