« Définir une nouvelle politique agricole » #corse Info

Voilà plus de seize ans, depuis la grave crise dite de la « vache folle » que les consommateurs sont obligés de douter de leur alimentation. Depuis, il y a eu en 2002, l’importation par une chaîne de restauration rapide de viande britannique malgré l’embargo lié à la vache folle. Puis, en 2011, une alerte aux steaks contaminés qui avaient produit l’intoxication alimentaire de sept enfants.

Loin d’avoir tiré les leçons de ces risques sanitaires et alimentaires, on découvre aujourd’hui, stupéfaits qu’une machinerie couvrant plusieurs pays européens, introduit non seulement de la viande de cheval à la place du bœuf dans des plats cuisinés, mais que cette viande, partant de Roumanie, fait le tour de l’Union européenne, passant de main en main, d’acheteurs en traders, de transformateurs en transporteurs, jusqu’à des plates-formes de distribution pour arriver aux supermarchés, empaquetée dans de jolies boîtes appétissantes, dont on nous vante chaque soir sur les écrans de télévision, les multiples qualités. Dans ces longs circuits, chacun prend sa commission au passage.

Ce ne sont pas de simples disfonctionnements de la chaîne de la viande. C’est véritablement un système organisé par cupidité ! Et ce système fonctionne contre les consommateurs et les productions agricoles en particuliers dans notre pays où les agriculteurs qui sont soumis prétendument au nom de la traçabilité des produits et de la qualité sanitaire du respect environnemental à de nombreux contrôles. Avec de telles affaires comment justifier qu’ils soient nécessaires, qu’ils répondent à une exigence légitime à l’égard du consommateur.

Quelle imposture ! Que valent les larmes de crocodiles déversées dans les journaux et les studios quand on sait que les politiques d’austérité dans chaque état ont raison du nombre de contrôleurs, de douaniers et de vétérinaires ? Le dernier conseil européen vient justement de tailler encore dans ces dépenses servant à ces contrôles. Ajoutons que les débats en cours sur la réforme de la politique agricole commune ne conduisent nullement à inciter à une agriculture paysanne et à des circuits de transformations et de distribution courts.

Le même conseil européen a décidé de réduire encore le budget de la politique agricole. Autrement dit, il créé les conditions d’une plus grande industrialisation de notre production agricole et alimentaire, la plaçant sous la coupe toujours plus grande du capital bancaire et financier qui se fiche des cycles biologiques de la nature, parce qu’il ne pense qu’en terme de profits maximums.

Tous les discours dans lesquels se glisse une graine de « verdissement » de l’agriculture n’auront aucune valeur tant que ces principes d’austérité, d’alimentation bas de gamme pour les familles populaires et de juteux bénéfices sur la production agricole, auront cours à partir d’importations agricoles ici et de réexportations contre les cultures vivrières ailleurs.

L’environnement et la qualité alimentaire ne peuvent s’accommoder du capitalisme et de sa logique empirique et anti-écologique d’austérité à perpétuité. Le Parlement français et le Parlement européen devraient chacun diligenter une commission d’enquête parlementaire sur ce scandale après quoi ils rendraient public ces travaux et enfin ils en tireraient les conséquences pour définir une nouvelle politique agricole, agroalimentaire et alimentaire européenne et nationale.

Noël GRAZIANI

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