Dans sa dernière livraison le mensuel Corsica consacre une page au Chemin de fer de la Corse sous la plume de Gille Millet pour qui « le train incarne tous les problèmes de la Corse ». Du côté des cheminots cela a du faire plaisir tant il est vrai que la vie au quotidien est difficile pour les ménages populaires confrontés à la cherté de la vie, au chômage, au climat oppressant dans lequel le crime organisé maintient la Corse.
Ils ont dû également apprécier que Monsieur Millet puisse veiller à la bonne dépense publique en ces temps d’austérité renforcée au point de réclamer l’ouverture du capital au privé pour faire atteindre au CFC le bon niveau de rentabilité « continentale ». Libre à lui de le penser mais force est de constater que les lignes régionales sur le continent sont soutenues dans des proportions sinon identiques en tout cas voisines de celles retenues par la CTC. En fait, il résume bien sa pensée en expliquant qu’il faut « dégraisser le mammouth » et « réduire l’investissement ».
Monsieur Millet ne s’est pas rendu compte qu’en un siècle d’existence il n’y a pas eu, ou très peu, d’investissements sur ce réseau à voie métrique, de plaine et de montagne, exposé à des mouvements de terrain, (100 M 3 de terre et de roches sont descendus sur la voie le 18 mars à Venaco). Cette particularité, avec de nombreux ouvrages d’art, nécessite un haut niveau d’entretien conforme aux principes de sécurité ferroviaire. Voila pourquoi, il faut des agents compétents, c’est le cas, et des programmes d’investissements, c’est aussi le cas, avec le schéma d’investissements ferroviaires et les opérations inscrites par la CTC à la 3ème tranche du PEI notamment pour l’extension de la gestion centralisée du trafic dont nous faisons une priorité. Certes les défaillances des AMG 800 n’étaient pas prévues et il s’interroge sur les surcouts occasionnés par leur mise au point. Nous aussi, mais les procédures sont en cours, une expertise également, indépendamment de la garantie constructeur valable une année après la livraison du dernier autorail.
Par ailleurs, Monsieur Millet se fait l’écho des dirigeants du STC après le dernier conflit. Et comme on ne peut le soupçonner d’être proche de ce syndicat, j’en conclu qu’il a ignoré le contenu de notre entretien relativement long. Il n’a pas tenu compte non plus du droit de réponse que Corse Matin a publié le 14 février. En se donnant cette peine il n’aurait pas repris des attaques personnelles infondées et surprenantes pour des syndicalistes sur le paiement des jours de grève ou sur la lutte à laquelle j’ai pris part chez Femenia Fabrication cette vitrine industrielle de la Corse détruite par la casse du machinisme agricole français dans les années 80.
Quant à sa version s’agissant des raisons qui ont poussé plus de 110 agents dans ce conflit, elle est incomplète. Il n’y a pas eu que la lettre du 21 novembre signée par 191 agents, celle-ci a été suivie d’une lettre de l’ensemble des services RH Finances et des chefs de service (5 sur 7) qui alertaient le président de l’Exécutif du non respect du protocole du 4 juillet spécifiant qu’ils devaient être associés à l’élaboration du volet rémunération de l’accord. Le 21 décembre 126 agents mécontents de constater qu’ils n’étaient pas entendus feront une journée de grève pour ne pas être lésés non « pour en demander plus ». Mécontents, ils l’étaient également parce qu’après signature l’accord a été modifié unilatéralement pour attribuer une prime à une catégorie d’agents susceptibles de suivre ce mouvement de protestation.
Ce sont ces arguments que j’ai développés avec Monsieur Millet sans douter de son objectivité. Je me suis trompé mais je tiens à le rassurer, je ne suis pas un « pauvre » président de SEM coincé entre mon appartenance à la majorité régionale et mon engagement syndical connu de tous depuis toujours. Au contraire, et effectivement au poste de responsabilité que j’occupe au CFC il m’était difficile de fermer les yeux en croisant ces agents au prétexte que la CGT était dans le conflit. Voila pourquoi, sans être le négociateur de cet accord, j’ai œuvré dans l’intérêt général pour en sortir. Pour les personnes de mauvaise foi cela équivaut à un soutien partisan à la CGT, qu’elles le pensent m’importe peu, cependant, que ça leur plaise ou non, il y avait bien des non syndiqués, des syndiqués au STC et à la CGT dans ce conflit.
Enfin nous apprenons que le STC attaquera « tout nouvel accord alourdissant la masse salariale » et Monsieur Millet s’extasie sur ce « réalisme social » sauf que le code du travail auquel le préambule de cet accord se reporte précise qu’aucun agent ne sera lésé dans son application. Or ne serait-ce que pour un, et c’est le cas pour un nombre bien plus important, cette clause s’imposera. Dans sa lettre aux organisations syndicales le 21 décembre le président de l’OTC indiquait que des ajustements étaient nécessaires. Ainsi il reconnaissait que cet accord était perfectible sans pour autant accepter un mois plus tard d’engager le dialogue social avec les agents en conflit pour les intégrer.
Aujourd’hui, il n’est pas question de dresser un syndicat « majoritaire » face à un autre qui ne le serait pas mais d’obtenir, c’est une question de démocratie sociale, un accord accepté le plus largement possible des cheminots. Cela aura une incidence financière non négligeable. Le chiffre avancé par Monsieur Millet de 15 M€ n’intègre ni l’accord déjà signé par le STC ni les ajustements inévitables qu’il implique ou encore la prise en charge de la mutuelle. Dans l’ensemble la masse salariale devrait atteindre en fin de DSP les 19 M€. En ce sens, comme je l’ai dit, l’Assemblée de Corse devra valider cet accord avant que le CA de la SEM autorise le Directeur général à le signer. En toute objectivité, cela a échappé à Monsieur Millet.
Michel STEFANI
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