Un ministre au demeurant sympathique a fait cette déclaration : « Il y a eu un avant lasagnes, il y aura un après lasagnes au cheval ». L’affaire de la lasagne ouvrirait donc pour notre pays, voire notre civilisation, peut-être même pour l’humanité, une ère nouvelle.
Au Japon, on a pris depuis des millénaires l’usage d’inaugurer une ère nouvelle à chaque mort d’empereur et d’avènement d’un nouveau souverain. Ainsi, Mitsuhito est –il devenu en mourant l’empereur Meiji et a donné rétrospectivement à son règne le nom d’ère Meiji qui avait vu d’ailleurs une véritable révolution culturelle et économique transformer le pays introduisant au passage un changement notable dans l’alimentation du peuple nippon puisqu’à l’initiative de l’empereur, il avait adopté une alimentation carnée alors même que les japonais jusque-là se refusaient à manger de la viande…
Pour autant, la cour impériale japonaise n’avait pas cru opportun de nommer l’ère Meiji en souvenir de cette évolution des habitudes alimentaires en l’intitulant par exemple l’ère beefsteak ce que je ne sais d’ailleurs pas traduire en japonais… et s’est contenté de parler de « gouvernement éclairé ». Nous entrerions donc, d’après notre ministre, dans une ère nouvelle de notre alimentation, celle où nous retrouverions les vertus de la traçabilité alimentaire et, plus généralement du goût de la nourriture authentique.
Il est sans doute essentiel de bien se nourrir, de manière agréable et sûre et la gastronomie peut être considérée comme un art. Pour autant, si notre civilisation se réduit à bien savoir ce qu’il y a dans nos assiettes et y attache une telle importance qu’un changement à cet égard justifie que l’on passe dans une ère nouvelle, je me demande si nous n’entrons pas dans une phase de déclin matérialiste et de recul des valeurs spirituelles.
Ceci étant, les lasagnes peuvent être excellentes, surtout si on prend la peine et le temps de les préparer à la maison à partir d’une bonne viande que l’on a achetée chez son boucher et dont on connaît la provenance ! Mais cela c’est une autre histoire. Il faut peut-être nous contenter de plats simples et pas trop travaillés, nous inspirant d’ailleurs de ce qu’en disait un critique gastronomique autrefois, qui s’était surnommé Curnonsky : « Avant tout, faites simple ! ».
C’est un conseil que l’on pourrait d’ailleurs adresser au ministre dont je parlais afin que désormais il fasse simple et n’en rajoute pas trop !
Blog Paul Giacobbi
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