Sans se soucier de l’impact sur la santé humaine, des travaux de dragage sont envisagés dans le port de commerce de Portivechju. Ils visent à accueillir de très grands ferries du Tour de France.Fin juin, la Corse va accueillir le Tour de France cycliste.
Pour permettre l’accueil des grands ferries accompagnateurs de l’événement, la commune de Purtivechju envisage d’approfondir les bassins de son port de commerce. Un chantier de taille jusqu’à la côte –8,50 m. Ces travaux de dragage importants ne sont pas une mince affaire : les vases du fond du golfe de Portivechju sont polluées par le mercure et les hydrocarbures.
Le chantier remettra en suspension les métaux lourds pour les disperser dans une large zone. Dans un avis daté du 30 novembre l’autorité environnementale (la direction de l’environnement, services de l’État) a d’ailleurs émis un avis franchement défavorable (fichier). Certes l’écriture est “politiquement correcte” mais le propos est clair. Les matériaux à draguer étant constitués de vases, de sables et de rochers, il y a des risques sur la faune, la flore et sur la santé humaine.
Ces risques sont bien sûr liés à la grande toxicité des métaux lourds et des composés organostanniques (à base d’étain) contenus dans les boues (voir tableau). Par ailleurs, le dragage terminé, l’agitation causée par le tirant d’eau des grands navires conduira à une dégradation continue de la colonne d’eau et non à un retour à de bonnes conditions écologiques de la mer. L’enquête publique vient de se terminer et l’association U Levante demande que soit émis un avis défavorable. Pourquoi d’ailleurs ce projet n’est-il pas passé devant le conseil scientifique régional de protection de la nature puisque des milieux et des espèces protégées seraient très fortement impactés par ces dragages ?
L’aire allant de l’embouchure du Stabiacciu à l’îlot de Ziglione (secteur sud) est un site d’intérêt communautaire du réseau Natura 2000. Impact du dragage. L’origine de l’envasement généralisé de la zone est connue. La cause principale est le rejet de part et d’autre du chenal de navigation menant au port des boues de dragage des fonds à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Il faut ajouter les remous dus au passage des navires du port de commerce qui remettent en suspension les sédiments fins, l’augmentation de la population estivale avec pour conséquences l’enrichissement organique dû à l’urbanisation du littoral (rejets sauvages, dysfonctionnement des fosses septiques privées et de la station d’épuration de la commune), la pollution chimique (métaux lourds, hydrocarbures) due à l’absence d’un réseau de traitement des eaux pluviales, sans oublier les mouillages forains dans le secteur. Actuellement, la dégradation du milieu est si généralisée et si importante que la grande nacre ou les posidonies sont absentes faute de condition de survie.
De très nombreuses études (Vaugelas et al., 1994 ; Cancemi et al., 2001) mettent en évidence des fonds complètement dénaturés et envasés. Plus grave encore si l’on se place du point de vue de la santé humaine, les eaux du Golfe sont polluées par du mercure et des TBT (produits toxiques servant à traiter les coques des navires) à des taux qui permettent d’affirmer que le retour à un état non pollué ne peut être envisagé dans les prochaines années. Les travaux de dragage auraient pour conséquence de disséminer cette pollution mise en évidence par les résultats de la campagne 2006 du programme Rinbio relatif à la surveillance de la bio-accumulation des métaux lourds par les êtres vivants. Ils montrent des niveaux différents du “bruit de fond environnemental” de métaux lourds (comme le mercure Hg, dangereux pour la santé humaine).
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