Pour contrer l’offensive provocatrice des islamistes qui avaient décidé de bousculer l’armée malienne au delà de l’Azawad en avançant vers Bamako, François Hollande a décidé d’engager les moyens aériens de l’armée française.
Un engrenage politique a ainsi été enclenché. Un soldat est mort, montrant que la vraie guerre n’est pas un jeu video, et que les adversaires sont effectivement redoutables. Et, surtout, Human Rights Watch, une des ONG de référence dans cette partie de l’Afrique, annonce déjà dix victimes civiles, dont trois enfants : le décor est posé d’un conflit sans fin entraînant une crise humanitaire largement prévisible.
Comment éviter ce scénario catastrophe ?
Il faudra s’appuyer sur un processus politique crédible, réellement démocratique, c’est à dire susceptible de ramener effectivement la stabilité dans la région. Or, les déclarations de la France font l’impasse totale sur les raisons de la crise qui, en Azawad, ont amené au rejet de l’Etat central malien par la population, quelles qu’en soient les origines ethniques.
Au contraire, la politique française donne largement l’impression de vouloir restaurer le « Mali d’avant », celui dans lequel, déjà, les djihadistes prospéraient discrétement, à coup d’otages et de trafics, à l’abri d’une pseudo-stabilité de façade de l’Etat malien.
Le discours français officiel n’ouvre à ce jour aucune perspective politique pour les forces laïques et démocratiques d’Azawad, et notamment le MLNA, qui est l’héritier de la résistance touarègue, ininterrompue depuis cinquante ans. Ces forces se sont pourtant récemment opposées aux islamistes les armes à la main, malgré un rapport de forces défavorable, sur le territoire même de l’Azawad. Pas plus tard que le mois dernier, entre Menaka et Gao, les soldats du MLNA ont affronté les milices du MUJAO et d’AQMI. Mais la communauté internationale n’a donné aucun écho à cette résistance qui dérange l’establishment politique malien et ses réseaux d’influence.
Aucune intervention internationale n’a de chance de parvenir à un succès politique si elle n’est pas appuyée sur des forces de terrain aptes à capitaliser la confiance des populations qui vivent sur le territoire même de l’Azawad. C’est là le point crucial pour l’avenir politique de cette intervention militaire de la France : quelle forme institutionnelle aura le « Mali d’après » ? Il faudra associer le MLNA aux discussions futures, et l’autodétermination démocratique des populations de l’Azawad devra prévaloir. Cette position doit être affirmée avec force désormais, et l’Europe doit s’engager pour favoriser le dialogue politique. D’autre part, l’aide humanitaire européenne doit être accrue au plus vite pour soulager les populations civiles qui sont les premières victimes du conflit.
François ALFONSI
Frantziska BRANTNER
Indrek TARAND
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques
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