« Si les élus insulaires et les membres du gouvernement ne prennent pas leurs responsabilités, nous allons assister à une colonisation de peuplement au moyen puissant de l’outil fiscal » (maitre Alain Spadoni – Corse Matin du 31 décembre 2012).
Prononcée par le président du Conseil Régional des Notaires de Corse, qui donne ici, à l’anti constitutionnalité du régime dérogatoire des arrêtés Miot, une funeste signification, la phrase, dont les mots sont objectivement pesés, renvoie la Corse, non à un danger futur, mais à cette constante historique de l’Etat Français qui a toujours développé à l’égard des corses une politique humaine de substitution de population.
Ici, la prorogation des arrêtés Miot n’amène rien de nouveau : elle participe plutôt à l’accélération d’un processus – très insidieux – de disparition programmée…
L’occupation française – dés 1769 – entame cette politique que reprendra bien plus tard Benito Mussolini avec sa macabre « gabbia senza l’accelli ». Les fascistes italiens n’avaient rien inventé … Le général Narbonne – qui s’est illustré dans la sanglante répression du Niolu en 1774 – n’affirmait – il pas déjà vouloir : « Déporter aux Amériques la population mâle et de marier les femmes à des français ? » En 1819 les rapports du commissaire Constant préconise de changer non les lois mais les hommes : « Ce ne sera qu’avec des échafauds et des déportations qu’on pourra travailler à pacifier et à civiliser … Le corse n’est bon a quelque chose qu’hors de chez lui » En 1859, le conte Granchamps définit à son tour dans un ouvrage (La Corse : sa colonisation et son rôle dans la Méditerranée) les contours de l’œuvre civilisatrice française pour la Corse : « C’est pour la France un magnifique joyau, mais un joyau que le frottement de la civilisation n’a pas encore poli. Le moment est donc venu de coloniser ce pays ». Et de rajouter, comme points – méthodiques – suivants : A) expropriation des corses au profit de l’Etat qui rétrocèderait ces terres aux colons venus de France. B) La généralisation des mariages entre français et corses : « on accroitra ainsi la population de la Corse et les nouveaux venus agiront sur les familles dont les préjugés nationaux s’effaceront peu à peu »…
En 1982, la Cunsulta di i Cumitati Naziunalisti (C.C.N.) dénonce – au nom du nationalisme révolutionnaire – cette colonisation de peuplement. Elle dénonce « l’implantation massive de français en Corse qui réduit la résistance au colonialisme car elle réduit le peuple corse ». Elle la fustige tout autant parce que cette « implantation justifie la thèse du colonialisme et de ses courroies de transmission selon laquelle il y aurait plusieurs communautés en Corse et qu’en définitive, le peuple corse c’est toute la population qui habite en Corse ». La « Cunsulta di i Cumitati Naziunalisti » soutient la dangerosité d’un génocide par substitution : « On ne peut nier l’existence de la colonisation de peuplement qu’en niant l’existence du Peuple Corse historique (U Ribombu n° 33 décembre 1982) ».pour leur part, les Cumitati Naziunalisti Populari Corsi (C.N.P.C.) fustigent « l’infiltration par le petit français moyen inoffensif, parce que non gros colon. Là jouent encore les réflexes d’hospitalité et alors on accepte, on parle français, et lentement mais surement on est digéré » (U Populu n° 9 – 1982).
En 1982 toujours, le Front de Libération Nationale Corse explique dans un communiqué que « aucune communauté quelle qu’elle soit ne se substituera aux droits inaliénables et imprescriptibles de notre peuple sur cette terre. Tant que ce droit élémentaire sera refusé à notre peuple, aucun cadre politique quel qu’il soit ne peut être viable. Même l’indépendance au profit d’une nouvelle population de corse. Il n’y aura jamais en Corse qu’une seule communauté de droit : le Peuple Corse. » Et de prévenir : « Aux français de Corse, et quand nous disons français, il n’est pas question de mettre en cause les alliances de parenté corso – française, que le seul droit des français en Corse est de préparer leur départ dans les meilleurs conditions pour eux ».
Depuis « I Francesi Fora » a fait place à la notion de communauté de destin et la citoyenneté corse – particulièrement présentée par Corsica Libera – nourrit moult débats, y compris jusqu’au sein de la Collectivité Territoriale de Corse.
Pour autant – l’analyse sociétale le confirme – la situation des corses actuellement relève peu ou prou des situations précédemment énoncées. A savoir que les corses sont de plus en plus minoritaires sur leur terre, et quotidiennement confrontés aux conséquences de cette présence massive de populations extérieures présentes en Corse tant pour les considérations historiques ci – dessus expliquées que pour celles géo – politiques avec in fine ce risque – déjà dénoncé en 1981 – de « libanisation » de la Corse.La situation du territoire porto – vecchiais mis en exergue il y a peu par « U Riacquistu di Portivecchju » corrobore ces effets déstructurant de notre tissu social et communautaire. La colonisation de peuplement induit une décorsisation du quotidien.
Notre lutte qui vise à resituer les corses comme acteurs premiers et principaux de leur terre ne saurait s’amalgamer avec de quelconques pseudos – considérations racistes ou xénophobes. Comment des femmes et des hommes d’un Peuple pourraient ils être considérés comme racistes alors qu’ils sont dénigrés sinon niés pour leur appartenance à ce même Peuple ?
Au demeurant les corses – dont les valeurs humanistes sont historiquement connues – ont-ils à justifier que leur communauté est de destin, comme le sont pour l’essentiel les communautés du monde d’ailleurs (à l’exception de quelques communautés indigènes dont la préservation interdit – naturellement – tout métissage) ?
Le cœur de notre lutte, la philosophie de notre espoir, la projection de nos lendemains trouvent source dans le peuple corse historique, seule communauté de droit sur cette terre. Sans discrimination, ni rejet, mais avec force et exigence, sans renonciation aucune, affirmons et ne cessons pas d’affirmer ce que nous sommes avant tout. Avec toutes nos valeurs.
Notre projection est nationale et citoyenne. Elle ne souffre d’aucune ambiguïté. Elle a pour ambition de réinstaurer, dans le creuset méditerranéen, ce que les français ont détruit hier : un Peuple souverain, libre et démocratique.
Merci à Maître Spadoni, de rappeler une constante historique, à travers le refus de prorogation des arrêtés Miot : celle d’éradiquer les corses de leur territoire originel.
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