(Unità Naziunale – publié le 17 mars à 16h43) Macron et son gouvernement ne respectent pas le résultat des élections de décembre 2017.
La réforme de la Constitution française voulue par le président de la république française passe par un vote majoritaire au Sénat. C’est la droite majoritaire dans cette assemblée qui détient les clefs du scrutin et cette droite, en ce qui concerne la Corse, est totalement hostile au contenu de la plate forme que les élus nationalistes présentent. Encore une fois, notre pays est pris en otage par des combinaisons politiques totalement étrangères à ses intérêts.
Mise en minorité dans les urnes, la droite en Corse ne cache pas sa satisfaction. C’est sa ligne que valide le gouvernement. Le lobbying qu’elle a entrepris depuis des mois auprès de Gérard Larcher a été efficace. Elle porte l’écrasante responsabilité du statu quo qui paralyse la vie politique, économique, sociale et culturelle de notre pays, de même que les représentants du parti croupion En Marche.
Quand l’expression démocratique d’un peuple est bafouée, le danger d’une crise politique majeure est non négligeable. La période qui s’ouvre est donc potentiellement porteuse de nouvelles convulsions qui ne manqueront pas de se produire. La colère qui gronde au sein de notre société peut revêtir diverses formes. Dans ce sombre décor, la tentation populiste s’avère très probable et représente un réel danger.
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Le péril qui menace désormais notre société est rendu possible par tous ceux qui ont spéculé sur l’échec de l’actuelle majorité régionale. Ce populisme est l’antichambre de l’extrême droite, mais il peut même être le marche pied de courants issus du mouvement nationaliste. Dans ces deux cas de figure, le mécontentement se voit détourné de ses causes réelles et à de vraies questions peuvent être proposées de pseudos réponses qui ne font qu’aggraver la situation et plonger notre société dans un chaos plus vaste encore. L’histoire est là qui prouve que des boucs émissaires jetés en pâture servent à dissimuler les véritables causes et les vraies responsabilités.
Cette perspective n’est pas inéluctable, à la condition toutefois que soient tirés tous les enseignements de la période qui s’achève. La majorité régionale actuelle et les forces qui la composent doivent impérativement tirer un bilan critique et procéder dès lors aux réajustements politiques qui s’imposent.
Les limites des stratégies électorales
Sous l’influence des courants autonomistes et corsistes, une machine électorale très performante a été forgée et mise en oeuvre. En faisant exploser les clivages traditionnels, ces courants ont popularisé des thématiques que Macron lui même a amplement développées.
Le « en même temps » de ce dernier est-il autre chose que la stratégie qui a précédé la conquête de la mairie de Bastia ? Ce discours fondé sur « un peu de gauche, un peu de droite » ne résiste pas à l’évidence des faits.
Le discours humaniste est une chose, mais une réelle prise en compte des antagonismes de classes propres à toutes les sociétés en est une autre. Dans le système actuel, il est totalement impossible de satisfaire les intérêts populaires et la préservation des intérêts des classes dominantes. Femu a Corsica et ses alliés ne peuvent pas longtemps encore user de la carte de la « solution globale ».
En se coulant dans les limites corsetées des institutions françaises, la majorité régionale fait l’expérience de leur véritable nature et de leurs véritables fonctions. La démocratie bourgeoise n’est que l’instrument des classes dominantes, instrument uniquement conçu pour le maintien et la pérennisation de leur pouvoir.
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L’illusion de la puissance supra nationale européenne
Les faits qui se sont déroulés en Catalogne, mettent à bas une illusion trop longtemps entretenue. L’Europe, telle qu’elle est aujourd’hui, ne fait pas fi des prérogatives des Etats- nations ni de leurs gouvernements. La Commission de Bruxelles et le Parlement de Strasbourg ne sont pas des institutions indépendantes. Ainsi, les politiques ultra libérales mises en œuvre doivent recevoir l’aval de toutes les composantes étatiques des pays européens. Il n’y a donc pas de supra nationalité européenne, pas plus dans les domaines économiques qu’ailleurs.
Les affaires qui concernent la Catalogne et la Corse, pour ne citer que ces deux pays, sont traitées directement par les Etats espagnols et français. Les accords antérieurs passés entre ces deux Etats, contiennent des clauses de concertation permanente. Ces clauses déterminent une harmonisation globale des politiques poursuivies par ces Etats au regard des questions qui intéressent les peuples basques, catalans et corses.
Il est donc totalement illusoire de fonder une stratégie qui puisse laisser à croire qu’une supra entité européenne impose à des Etats nations un règlement politique qui impliquerait de leur part un abandon partiel ou total de leur souveraineté. La direction de Corsica Libera peut désormais constater que cet aspect stratégique est, dans l’état actuel des rapports de force au niveau européen, fondé sur une erreur d’appréciation.
Une véritable démocratie reste donc à construire. Elle ne peut être que la résultante d’une volonté politique largement partagée. Par l’analyse, la réflexion et l’action, un avenir est imaginable. Cette perspective doit prendre en compte les phénomènes intérieurs et les phénomènes propres à nos environnements géographiques et politiques. Les luttes sectorielles ne payent pas lorsque les enjeux qui les sous-tendent dépassent leurs cadres de départ. Une attention toute particulière doit être portée à des mobilisations qui peuvent faire le lien entre les questions démocratiques et sociales. A l’Europe des marchands et du Capital, les peuples des pays dominés et les travailleurs encore soumis à l’exploitation capitaliste, doivent chercher à substituer une Europe des solidarités.
Ce chemin ne passe pas uniquement par des consultations électorales, ni par le principe de la délégation du pouvoir politique, mais plus sûrement par des convergences de luttes. La prépondérance du politique sur l’économie dont on veut faire un économisme, en est la condition majeure.
La bataille est également idéologique.
Elle implique de nécessaires clarifications. Par exemple, les migrations de populations venues du Moyen-Orient et d’Afrique noire, sont une des conséquences des politiques de prédation poursuivies par les Etats et gouvernements de l’Occident politique.
Cette fuite de milliers de femmes, hommes et enfants, n’est donc pas la résultante d’un prétendu « choc des civilisations ». Ce ne sont pas les victimes des guerres et coups d’Etat qui menacent les sociétés européennes. La démence d’un système fondé sur l’économie de marché et la course éperdue aux profits menace plus sûrement nos sociétés en transformant l’humain en produit et en considérant les sociétés uniquement comme des marchés potentiels. C’est d’ailleurs comme cela que Macron considère la France et sa filiale corse, son véritable projet politique et économique demeurant l’entrée de plein pied dans la mondialisation capitaliste.
Au cœur de la société corse, se pose la question de la citoyenneté. Cette citoyenneté inclusive fondée sur le concept de communauté de destin doit trouver son aboutissement dans un modèle démocratique respectueux, à la fois de l’individu et du Bien commun. La langue corse est le lien et le ciment de ce vivre ensemble. La justice sociale est la condition d’un équilibre social. La préservation de nos espaces naturels participe également de la préservation de nos conditions de vie.Cette voie qui va du particulier à l’universel n’est pas une utopie. Seul l’aveuglement cupide d’une minorité est la cause d’un marasme qui menace désormais l’Humanité, dont nous sommes, en tant que peuple et nation.
A ceux qui bafouent les droits démocratiques, il faut opposer publiquement et par les moyens de la défense civique (manifestations, grève générale, désobéissance civile, boycotts) une démocratie participative qui place l’humain au centre des processus. A la morbidité d’un système dévastateur, il faut substituer le combat pour le bonheur et la vie.
Aux déceptions de l’heure, au fatalisme et à la résignation, à tous ces phénomènes qui servent la cause des dominants, opposons une conception alternative du projet de société.