(Unità Naziunale – publié le 16 mars à 18h04) L‘éloignement des prisonniers politiques basques est une mesure pénitentiaire d’exception systématiquement appliquée à ce collectif. C’est le pilier fondamental de la politique de dispersion et il touche fortement, plus encore que les prisonniers eux-mêmes, leurs familles et amis.
Il est indéniable, comme nous l’avons répété récemment, que durant cette dernière année, la mobilisation et l’engagement de la société civile et l’implication progressive des acteurs politiques, sociaux, syndicaux et institutionnels d’Euskal Herria ont donné lieu à des pas importants vers la rupture du blocage maintenu par les États espagnol et français. L’objectif est d’en finir avec les politiques d’exception et avec les violations de droits et de rendre irréversibles la résolution du conflit et une paix véritable. Mais la réalité est là, et la situation des prisonniers basques et de leurs familles n’a pas bougé d’un centimètre.
Dans ce contexte, nous réitérons notre volonté et notre disponibilité pour continuer à faire des pas décisifs pour nos droits et ceux de nos parents et amis emprisonnés.
Fruit de cet engagement, nous présentons aujourd’hui la deuxième étape de l’initiative “les Sommets de la Dispersion”, que nous avions lancée en février 2016, il y a pratiquement deux ans. “Les Sommets de la Dispersion” est un calendrier de travail mis en place dans le but de rendre visibles les différents profils affectés par la politique pénitentiaire actuelle, quelle que soit leur condition. Le premier volet, “les Enfants et la Dispersion”, était destiné à informer la société d’une réalité très méconnue : celle d’enfants soumis à des mesures d’exception qui conditionnent leur vie, leur développement, leur affectivité et leur avenir.
Nous présentons aujourd’hui le deuxième sommet de la dispersion, “Les Personnes âgées et/ou malades et la Dispersion”.Nous voulons ainsi attirer l’attention sur un autre des secteurs les plus vulnérables à l’impact de l’éloignement : celui des personnes d’âge avancé et/ou malades qui sont dans l’impossibilité de faire les voyages vers les prisons lointaines pour rendre visites à leurs proches incarcérés.
Nous rappelons que 70% des prisonniers basques se trouvent dans des prisons situées entre 600 et 1.100 km de chez eux. 98% de leurs pères et mères ont plus de 60 ans, dont une grande majorité de plus de 70 ans. Des personnes ayant d’autres liens familiaux se trouvent dans le même cas, comme des oncles et tantes ou des grands-parents. La grande majorité porte aussi le poids de décennies de voyages (entre 10 et 30 ans), imposés et incessants, interminables et lourds de conséquences dans de multiples domaines. Les limitations liées à l’âge ajoutées à une situation de détérioration sanitaire due aux années de voyage les amènent plus vite encore au moment tellement redouté : celui où l’on est obligé de renoncer à aller voir ses enfants, ses petits-enfants, ses neveux…
En un an seulement, deux parents de prisonniers ont dû être hospitalisés, l’une suite à un malaise durant une visite, l’autre juste avant d’entrer au parloir. Il y a tout juste un an, Mari Carmen Anza, mère de la prisonnière Olatz Lasagabaster a commencé à se sentir mal durant une visite à sa fille à la prison de Valencia. Elle a été hospitalisée à proximité de la prison après un diagnostic de pneumonie avec complications. Le week-end dernier, Jose Aranburu présent ici avec nous, a subi une importante crise d’hypoglycémie en sortant de l’hôtel proche de la prison de Villena où il avait dormi pour rendre visite à son fils Gotzon. Il a été hospitalisé avec un pronostic grave, manquant la visite. C’est la deuxième fois en trois mois qu’il est hospitalisé en conséquence de la détérioration de son état de santé, aggravé par les longs voyages qu’il est obligé de réaliser.
Ce sont là certaines des conséquences de ces voyages imposés, qui ne peuvent être compris qu’en termes de vengeance et que les familles sont tenues de faire, quel que soit leur état de santé, si elles veulent continuer de voir leurs enfants, neveux et petits-enfants.
Nous avons une pensée particulière pour tous ces parents et amis qui ont pris part au travail d’Etxerat durant tant d’années et qui ne sont plus parmi nous aujourd’hui. Pour tous ceux que cette cruelle politique d’exception a privés de leur désir de voir leurs enfants en liberté.
Nous voulons remercier les professionnels de la santé, les psychologues et les plateformes de défense des droits sociaux qui ont participé à l’élaboration de ce rapport “Personnes âgées et dispersion” qui sera disponible dès aujourd’hui sur le site d’Etxerat (version en français d’ici quelques jours).
Au mois de mars prochain, nous entamerons un travail de socialisation des contenus de ce document dans les villages et quartiers du Pays Basque, au moyen de soirées-débat et d’une vidéo recueillant différents témoignages.
Nous les voulons vivants et à la maison !
ETXERAT