Selon le maire de Néchin, la commune belge où l’acteur vient d’acheter une maison, Gérard Depardieu aurait entamé des démarches pour obtenir un passeport belge. Tollé à gauche. La droite pointe du doigt la fiscalité.
Dans une lettre ouverte au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui avait jugé « assez minable » son installation en Belgique, le comédien déclare: « Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale, dont je ne me suis jamais servi ». Une lettre qui a déclenché de sévères critiques de plusieurs ministres. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti s’est affirmée « tout à fait scandalisée ». « La citoyenneté française c’est un honneur, ce sont des droits et des devoirs aussi, parmi lesquels le fait de pouvoir payer l’impôt ».
Les responsables ont mis en cause la politique fiscale du gouvernement qui prévoit d’imposer à hauteur de 75% les plus hauts revenus. L’ancienne ministre UMP Nadine Morano a estimé que Depardieu était la victime du « matraquage fiscal » du gouvernement socialiste.
Sa lettre ouverte :
Minable, vous avez dit « minable »? Comme c’est minable.
Je suis né en 1948, j’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans comme imprimeur, comme manutentionnaire puis comme artiste dramatique. J’ai toujours payé mes taxes et impôts quel qu’en soit le taux sous tous les gouvernements en place.
À aucun moment, je n’ai failli à mes devoirs. Les films historiques auxquels j’ai participé témoignent de mon amour de la France et de son histoire.
Des personnages plus illustres que moi ont été expatriés ou ont quitté notre pays.
Je n’ai malheureusement plus rien à faire ici, mais je continuerai à aimer les Français et ce public avec lequel j’ai partagé tant d’émotions!Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés.
Je ne demande pas à être approuvé, je pourrais au moins être respecté.
Tous ceux qui ont quitté la France n’ont pas été injuriés comme je le suis.
Je n’ai pas à justifier les raisons de mon choix, qui sont nombreuses et intimes.
Je pars, après avoir payé, en 2012, 85% d’impôt sur mes revenus. Mais je conserve l’esprit de cette France qui était belle et qui, j’espère, le restera.
Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale, dont je ne me suis jamais servi. Nous n’avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde, comme mon père me l’a toujours inculqué.
Je trouve minable l’acharnement de la justice contre mon fils Guillaume jugé par des juges qui l’ont condamné tout gosse à trois ans de prison ferme pour 2 grammes d’héroïne, quand tant d’autres échappaient à la prison pour des faits autrement plus graves.
Je ne jette pas la pierre à tous ceux qui ont du cholestérol, de l’hypertension, du diabète ou trop d’alcool ou ceux qui s’endorment sur leur scooter : je suis un des leurs, comme vos chers médias aiment tant à le répéter.
Je n’ai jamais tué personne, je ne pense pas avoir démérité, j’ai payé 145 millions d’euros d’impôts en quarante-cinq ans, je fais travailler 80 personnes dans des entreprises qui ont été créées pour eux et qui sont gérées par eux.
Je ne suis ni à plaindre ni à vanter, mais je refuse le mot « minable ».
Qui êtes-vous pour me juger ainsi, je vous le demande monsieur Ayrault, Premier ministre de monsieur Hollande, je vous le demande, qui êtes-vous? Malgré mes excès, mon appétit et mon amour de la vie, je suis un être libre, Monsieur, et je vais rester poli.
Gérard Depardieu
Corsica Infurmazione, L’information Corse
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