« Un contrat de gouvernance avec les nationalistes n’est pas à exclure » dit il dans une interview de Corse-Matin. Le mouvement national corse est devenu incontournable depuis les élections Territoriales de 2010, et les 36% obtenus au second tour de l’élection y sont pour quelque chose. Au bout de 40 ans de lutte, les revendications portées par les militants sur tous les terrains de lutte sont aujourd’hui discutés au sein de l’Assemblée de Corse et sans tabou, ces revendications ont été portés et discutés avec l’ensemble de la classe politique insulaire aux Journées internationales des nationalistes. Rien n’est encore fait…
Voici son interview donnée à Corse Matin qui est reproduite sur le blog de Jean-Martin Mondoloni
–Le psychodrame qui se joue en ce moment à l’UMP a-t-il des répercussions en Corse ?
Je vous invite à lire in extenso ce que j’écrivais il y a un an dans vos colonnes à propos des turbulences du groupe de droite à l’Assemblée de Corse : « La constitution de la liste portait en germe cette inévitable implosion qui est moins une dispersion que l’expression tardive d’une diversité étouffée en son temps par une stratégie foireuse, celle de la liste unique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, j’augure que l’UMP, au niveau national, vivra les mêmes soubresauts. A prendre le risque de faire rentrer tout le monde dans le même moule, on s’expose à faire sauter la cocotte…..
-Une Nouvelle Corse en a-t-il profité pour récupérer de nouveaux adhérents ?
Parce que la reconquête que j’ambitionne doit faire appel à toutes les énergies, je ne trouve aucun intérêt spéculatif à voir une partie de la droite partir en lambeaux. Je réaffirme avec toujours autant de conviction et de clarté qu’il y a la place pour deux grands courants d’expression de la droite en Corse : un courant national donc nécessairement dépendant du jeu national et un courant régionaliste émancipé de cette tutelle quelques soient les circonstances. C’est ce dernier courant que j’ambitionne d’incarner avec mes amis. Soit on continue à laisser croire que tout ce beau monde doit loger dans la même auberge, soit nous assumons intelligemment notre diversité. D’où la raison d’être du mouvement « Une Nouvelle Corse » qui en effet voit ses demandes d’adhésion augmenter.
-A titre personnel, vous êtes plutôt Fillon ou Copé ?
Lorsque je présidais le groupe majoritaire à l’assemblée de Corse, j’ai eu l’occasion de déjeuner plusieurs fois avec François Fillon comme ministre de l’Education Nationale et comme Premier Ministre. Sa fibre sociale et son statut d’homme d’Etat me laissent penser que cet homme a l’envergure pour gouverner notre pays et sortir la droite nationale de ses travers bling bling.
-La réponse du tandem Valls-Taubira face à l’escalade de la violence est-elle celle que vous espériez ?
Les mesures annoncées répondent à une séquence d’urgence et sont animées par la volonté de bien faire nonobstant un climat de stigmatisation pesant. Je crois davantage au pari générationnel, celui d’une temporalité plus longue où l’Ecole doit prendre toute sa place dans la transmission de vraies valeurs qui réactivent le goût de l’effort et du travail , en rupture avec le culte de l’argent facile.
-On a le sentiment que votre mouvement s’est assoupi. Avez-vous encore des ambitions électorales ?
Notre discrétion tient à notre objectif revendiqué -reconquérir la région en 2015 – et à une volonté assumée de ne pas courir après tous les mandats au gré de tous les scrutins. Je milite pour le non cumul des mandats afin de redonner de l’oxygène à la vie politique et de sortir d’une hypocrisie manifeste tendant à laisser croire qu’un seul individu peut porter efficacement la charge considérable de plusieurs fonctions électives.
-Quelles sont les propositions qui vous démarquent de tous les autres ?
Les contorsions de la droite républicaine sur le projet d’officialité de la langue corse, par exemple, montrent que certains abordent encore ce sujet comme un thème électoraliste. Je me suis, lors de la précédente mandature, laissé prendre au piège de cette droite frileuse et conservatrice. On ne m’y reprendra plus. Au-delà, notre ambition est d’introduire dans le débat de nouveaux thèmes afin qu’on cesse de présenter la droite comme une seule machine à présenter des candidats aussi talentueux soient- ils. Ainsi, nous proposerons un projet chiffré au printemps prochain sur la base d’un triptyque issu des préoccupations majeures des corses : l’éducation, la santé et l’économie. Sur ces sujets, nous proposerons des initiatives originales telles que qu’une académie en partie autonome, un projet d’accès aux soins territorialisé, le prix du Bastia- Marseille à 100 euros, une aide unique aux créateurs d’entreprises, etc..
-Compte tenu d’un paysage politique corse qui oblige à des alliances, est-il envisageable que la droite régionaliste que vous incarnez puisse partager le pouvoir avec les nationalistes ?
Les nationalistes sont enracinés de façon durable dans le paysage politique corse. Ne pas tenir compte de cette évidence relèverait de l’aveuglement. Il n’est donc pas insurrectionnel de penser que des contrats de gouvernance puissent voir le jour demain sur des bases programmatiques. Pour autant, la refondation de la droite doit se faire sur ses valeurs : quand on parle des autres, c’est qu’on n’a rien à dire soi-même. Pour aller plus loin, je fais l’hypothèse que nombre d’électeurs de droite ont voté pour d’autres listes moins par adhésion à leurs thèses que parce nous ne savions pas ou plus être attractifs. Tout l’enjeu est de créer les conditions d’une reconquête de cet électorat. Depuis mes premiers pas en politique, la droite perd des voix aux élections régionales ; il faut changer la donne sous peine d’érosion plus importante encore dans les années à venir
Corsica Infurmazione, L’information Corse
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