« Je comprends parfaitement le désespoir des salariés de Florange. Il est inhumain de faire dépendre la vie professionnelle et surtout le gagne-pain de centaines de gens des variations des cours de l’acier sur les marchés internationaux, mais c’est pourtant ce qui se passe parce que les prix de l’acier dépendent de la demande des industries et qu’en temps de crise cette demande s’est effondrée.
Je comprends tout autant un industriel de premier plan comme Arcelor Mittal qui se voit imposer par un véritable cartel les prix auxquels il achète le minerai de fer tandis qu’il est lui-même totalement dépendant des fluctuations du marché pour ses ventes d’acier dans une activité industrielle où l’amortissement des investissements se fait sur des décennies et où les ventes sont totalement imprévisibles à six mois. Je ne comprends pas le gouvernement que je soutiens lorsqu’il prétend qu’il va sauver l’emploi sur un haut-fourneau situé à 400 km de la mer, qui nécessiterait un investissement en dizaines de millions d’euros pour être rénové, et dont la production n’est pas, et pour longtemps, compétitive. Je comprends encore moins que ce gouvernement parle de nationalisation et agite une menace qu’il est dans l’incapacité juridique et financière de mettre en œuvre et ce d’autant moins que la France a fait l’expérience très malheureuse de la nationalisation de la sidérurgie dans le passé qui a conduit en définitive l’Etat à restructurer à ses frais toute une filière sidérurgique dans laquelle il a supprimé des dizaines de milliers d’emplois épargnant ces dépenses et cette besogne aux capitalistes privés à qui il a fait en définitive un magnifique cadeau !
A force d’agiter des tigres de papier, nous ruinons tous les efforts entrepris par ailleurs et, en particulier par ce gouvernement, pour rénover notre industrie, améliorer notre compétitivité et rendre la France à nouveau attractive pour les investissements créateurs d’emplois.
En 2010, j’avais rédigé un rapport à l’attention du président de la République sur l’attrait de la France pour l’investissement étranger http://www.paul-giacobbi.org/Le-Rapport-L-attrait-de-la-France-pour-les-investisseurs-etrangers_a583.html
En 2006, j’étais intervenu à l’Assemblée à plusieurs reprises pour dénoncer la stupidité par laquelle le gouvernement de l’époque avait vainement tenté d’offrir Arcelor au groupe russe Severstal pour contrer son acquisition par le groupe Mittal. Au train où vont les choses, ce n’est plus l’attrait de la France pour les investissements qu’il faudra tenter de mesurer mais le degré de répulsion que nous sommes en train d’inspirer au monde de l’industrie. Sortir de la crise, renouer avec la croissance, créer des emplois productifs, c’est restaurer d’abord la confiance et le dialogue.
C’est un travail de longue haleine qui n’exclut pas d’être ferme avec les entrepreneurs comme avec les salariés et leurs représentants. Mais dans ce domaine, des années de travail, d’efforts, voire de sacrifices peuvent être annihilées par une parole offensante même lorsqu’elle est retirée quelques heures après avoir été proférée. C’est ce qui vient de se passer et c’est tout à fait regrettable. En économie comme en amour, la répulsion peut succéder très vite à l’attrait et le retour en arrière ne connaît que fort peu d’exemple. »
Corsica Infurmazione, l’information corse
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