Les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Manuel Valls et Christiane Taubira, ont entamé dimanche leur seconde visite en Corse en dix jours pour rappeler la détermination du gouvernement à enrayer la spirale criminelle qui a fait 18 morts depuis janvier dans l’île.
M. Valls s’est entretenu à Ajaccio avec les responsables des forces de sécurité auxquels il a demandé de mieux coordonner les enquêtes. Il a réaffirmé, lors d’une conférence de presse, une « augmentation de la lutte contre les dérives affairistes et les débordements meurtriers du crime organisé ».
Reconnaissant les difficultés des forces de l’ordre face à la vague criminelle qui a fait une centaine d’homicides en dix ans, il a appelé à « un sursaut, à des résultats ».
« Les Corses attendent des résultats, pas des mots », a-t-il souligné, reconnaissant que jusqu’à présent « la pression avait moins porté sur les réseaux mafieux et le crime organisé que sur la lutte antiterroriste ».
Stigmatisant l’argent sale, cause générale de la grande criminalité, il a notamment expliqué la multiplication des assassinats par le fait que « les groupes criminels sont en restructuration, en concurrence » et mentionné le trafic de drogue.
Comme il l’avait fait lors de sa première visite, le 15 novembre, après l’assassinat du président de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, M. Valls a souligné que « la menace affairiste, mafieuse » concerne notamment les secteurs de « l’urbanisme, la construction, la sécurité privée, le tourisme ».
Face aux critiques sur le taux quasiment inexistant de résolution des affaires, depuis plusieurs années, il a indiqué que « la police et la gendarmerie doivent s’adapter, renouveler leurs méthodes ».
Une quarantaine de personnels supplémentaires seront affectés en Corse « au plus tard, début 2013 », a-t-il dit, rappelant qu’il souhaitait voir développer la vidéo-protection et la lecture automatisée des plaques minéralogiques.
Il a ajouté que les enquêtes et les poursuites concerneraient notamment le blanchiment d’argent et les patrimoines indûment constitués.
La « très grande détermination » des autorités dans ce domaine, a-t-il précisé, « est partagée par les ministres de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, et du Budget, Jérôme Cahuzac ».
Interrogé sur un rapport du procureur de la République à Bastia dénonçant la concurrence entre services enquêteurs et l’insuffisance du renseignement à destination du parquet, M. Valls a souligné que « des marges de progrès existent ».
Il s’est aussi dit « convaincu » que « policiers et gendarmes peuvent travailler mieux, pas seulement en Corse » et annoncé « des sanctions » en cas de « concurrence qui mette en cause l’efficacité, les résultats ».
M. Valls, qui a aussi déclaré que « le contrôle de légalité doit se renforcer » pour mieux appliquer la protection du littoral, a survolé dans l’après-midi l’extrême-Sud de la Corse, théâtre d’une intense spéculation foncière et immobilière.
Soulignant le « rôle essentiel » des élus et des associations de défense de l’environnement, il a qualifié « d’injustes et inacceptables », sur France 3 Corse, les critiques de l’action de l’Etat, souvent accusé de laxisme dans le contrôle de légalité des plans locaux d?urbanisme.
De son côté, Mme Taubira est arrivée dimanche en Haute-Corse où elle a visité la maison d’arrêt de Borgo, près de Bastia. Elle s’y est entretenue avec les personnels pénitentiaires, avant de se rendre au centre de détention de Casabianda où les détenus sont en semi-liberté.
Ce début de visite de la garde des Sceaux, consacré à la problématique pénitentiaire, s’est fait en préalable à la présentation, lundi avec M. Valls à Bastia, d’une circulaire pénale spéciale pour la Corse.
Corsica Infurmazione, L’information Corse
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