Suite à la double page consacrée par Corse-matin au projet de Port de la Carbonite, Inseme per Bastia formule les observations suivantes :
I – Sur la forme : depuis l’élection de mars 2008, le Maire de Bastia et sa majorité n’ont jamais communiqué le moindre document ni consacré la moindre discussion en conseil municipal au projet de Port de la Carbonite.
De même, ils n’ont jamais répondu à notre demande d’être tenus informés des réunions pouvant avoir lieu avec les services de l’Etat, la CCI de Haute-Corse ou la CTC à propos du projet. Singulière conception de la démocratie !
De même, au niveau de la CTC, aucun des documents auxquels il est fait référence dans l’article n’a fait pour l’instant l’objet d’une communication, ni a fortiori d’un débat. Idem en ce qui concerne l’étude qui aurait été réalisée par l’INSEE. Il est donc prématuré d’avancer comme des faits acquis ou des données incontestables les chiffres et analyses qui seraient contenus dans ce document. II
– Sur le fond : Inseme per Bastia se félicite que la mobilisation initiée par le collectif créé lors du débat public de 2007 ait permis d’intégrer l’impact environnemental du projet. Initialement totalement délaissée, voire méprisée, cette dimension fait désormais l’objet d’une première prise en compte, à travers la proposition de création de plus de 7.000 hectares d’aires marines protégées et la création d’un fonds de compensation d’un montant de 20 à 30 millions d’€ pour en assurer la surveillance et la gestion. Au delà de ce premier progrès, Inseme per Bastia considère que de nombreuses questions, qui conditionnent la faisabilité et l’opportunité du « Projet Grand Port à la Carbonite », restent aujourd’hui en suspens :
1) Il faut une étude d’impact, non fournie à ce jour, sur l’évaluation des incidences Natura 2000 du projet, y compris la desserte routière, notamment sur le cordon lagunaire de la Marana et l’étang de CHIURLINU ( sites majeurs d’un point de vue environnemental, économique et touristique), ainsi que sur les plages de FICAGHJOLA et l’ARINELLA, les dernières de la ville.
2) Le coût et le plan de financement du projet doivent être précisés, a fortiori dans un contexte de restrictions budgétaires. L’estimation initiale du projet est présentée à 450 millions d’€. Tous les grands chantiers publics réalisés ces dernières années ont vu leur coût réel multiplié par 2 ou 3. L’affirmation selon laquelle l’autofinancement du Port se fera par les recettes escomptées doit être précisée, sauf à prendre le risque d’un chantier inachevé et/ou d’un endettement ruineux pour les collectivités porteuses du projet.
3) Le port de la Carbonite conduirait, selon les promoteurs du projet, à la création de 1.200 emplois et à 300 millions d’€ de retombées économiques. Cette annonce ne peut que susciter l’intérêt. Mais elle demande cependant à être clarifiée. Comment ce chiffre est-il calculé ? Pour les emplois directs, quelles seront les entreprises corses qui auront les moyens de se positionner sur un tel chantier ? Ne risque-t-on pas de se trouver dans une situation identique à celle du PEI, où l’essentiel de la commande publique des grands chantiers techniques a été réparties entre quelques très grosses entreprises corses et des entreprises extérieures ? Pour les emplois induits, a-t-on fait la balance entre ceux susceptibles d’être créés et ceux qui seront supprimés ?
4) Le projet de Port de la Carbonite est un projet porté par la CTC. Il a donc une vocation territoriale : comment ce projet s’intègre-t-il dans la stratégie économique de la CTC, et notamment dans les orientations arrêtées par le projet de PADUCC et les arbitrages en matière de choix d’investissements (six ports de commerce et quatre aéroports existants ; réseau routier et ferroviaire à moderniser) ? La simulation justifiant le Grand Port inclut une projection de huit millions de passagers: est-elle compatible avec la stratégie de développement économique de la Corse, qui repose sur le refus du tourisme de masse et la réorganisation des flux passagers dans les moyens de transport (notamment l’aérien) ?
5) Concernant le constat des incontestables difficultés sur l’actuel bassin portuaire lors de la pointe estivale, nous rappelons que des travaux d’aménagement et de restructuration (la dite « phase 0 ») étaient prévus et budgétisés depuis 2004. Pourquoi en avoir empêché la réalisation, laquelle aurait d’ores et déjà permis au port de Bastia de mieux fonctionner et à la Ville de bénéficier d’un quai de croisière ?
6) La perspective de renforcer l’activité économique et commerciale de la ville est bien sûr une priorité pour Inseme per Bastia. Mais la réflexion sur l’articulation entre un éventuel Grand Port à la Carbonite et le centre de Bastia reste à mener, sauf à prendre le risque de voir les touristes éviter la ville à l’aller et au retour, encore plus vite que, malheureusement, ils ne la quittent aujourd’hui.
Seules des réponses claires à ces questions fondamentales permettront de se prononcer sur le bien-fondé d’un projet qui engage l’avenir et les finances de la ville et de l’île pour plusieurs générations.
Inseme per Bastia, qui a vocation, avec d’autres forces de progrès, à être aux responsabilités au moment où ces décisions seront prises puis appliquées, entend donner aux Bastiais les moyens de faire leur choix en parfaite connaissance de cause.
INSEME PER BASTIA
Corsica Infurmazione, L’information Corse
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