Violence en #Corse – « Lettre ouverte à François Hollande »

Suite aux déclarations de monsieur Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, demandant aux Corses de sortir de leur silence, un groupe de femmes s’est réuni pour interpeller les autorités.

flash information corse corsicaMonsieur le président de la République,

En janvier 1995, nous, femmes du Manifeste pour la vie, rompions le silence pour dénoncer la violence, les meurtres, la loi des armes, l’inertie de nos représentants locaux et réclamions l’application de la loi pour tous et dans tous les domaines, l’exercice serein de la justice, la transparence dans les choix politiques et la gestion des affaires publiques.

En novembre 2012, plus de dix-sept ans après, la situation a empiré : nous sommes désormais la région la plus criminogène d’Europe ! Or, devant ce terrible constat, l’année dernière, la majorité des élus de l’Assemblée de Corse n’a pas jugé bon de débattre, en assemblée plénière, d’une motion condamnant la violence.

Durant toutes ces années, présidents et ministres de la République ont eu tous les moyens pour évaluer la gravité de la situation dans l’île, pour en analyser les causes et décider des solutions (notamment la mission parlementaire Henri Cuq en 1996, la commission d’enquête parlementaire Glavany en 1998, les rapports annuels de la justice, et ceux de la chambre régionale des comptes…).

Les rares initiatives prises essentiellement avec la création d’un éphémère pôle financier sont restées sans suite. Pourquoi ?

Les demandes faites sur la protection des témoins et la création d’un statut de repenti sont restées sans suite. Pourquoi ?

La promesse de madame Guigou, alors garde des Sceaux, de créer des cellules d’investigation sur les crimes non élucidés et l’information aux familles des victimes est restée sans suite. Pourquoi ?

Au lendemain de l’assassinat de monsieur le préfet Erignac, les Corses – 40 000 manifestants pour 270 000 habitants – ont démontré leur rejet de la violence et leur adhésion aux valeurs de l’Etat de droit républicain. Ils ont cru aux promesses du gouvernement Jospin et ont attendu que l’Etat mette en adéquation ses actes avec ses discours. Cette attente est restée sans suite.

Pourquoi ?

Aujourd’hui, monsieur Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, ignore-t-il les engagements de ses prédécesseurs et les préconisations de la commission d’enquête Glavany ? Comment peut-il stigmatiser la communauté corse en lui demandant de régler par «sa parole» ce qui doit l’être par la police et la magistrature ?

Il faut agir, enrayer ce sentiment d’impunité qui habite meurtriers et commanditaires, donner à notre jeunesse un autre modèle de fonctionnement.

Le temps n’est plus aux déclarations d’intention. Tout a été dit.

Vous, président de la République, devez saisir l’urgence et la gravité de la situation,

Vous, président de la République, avez le pouvoir d’agir sans attendre,

Vous, président de la République, ne pouvez plus nous décevoir.

Nous, Corses, citoyens normaux, attendons de vous, Monsieur le Président, des réponses et des actes concrets.

Dans cet espoir, Monsieur le Président, nous vous prions de croire en l’assurance de notre très haute considération.

Un groupe de femmes signatiares du manifeste pour la vie.

Source Facebook

Corsica Infurmazione, L’information Corse

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