(Unità Naziunale – 10 mars 2018 – publié à 8h52) « C’est une occasion manquée” déclare Gilles Simeoni, président de la Collectivité corse, suite à la visite officielle sur l’île, les 6 et 7 février, du président Macron.
Certes ce dernier qui, candidat, avait à Furiani le 7 avril 2017 ouvert une avancée possible à la revendication insulaire, était cette fois-ci revêtu des habits du chef de l’Etat pour organiser le dialogue sur un rapport de force entre deux légitimités démocratiques, la sienne pour la France et celle, tout aussi récente, des élus nationalistes corses pour leur territoire.
La posture de Macron a donc assumé à la fois celle du pouvoir central, traditionnellement tutélaire, voire provocatrice, mais aussi celle du politique devant gérer au mieux la “question corse” à peine sortie d’une lutte armée.
D’abord dans le choix des lieux et des interlocuteurs, par exemple, déroulant son discours non pas à l’Assemblée territoriale, mais dans un centre culturel de Bastia. En amenant dans ses bagages l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement qui nomma et soutint le préfet Bonnet spécialiste du terrorisme d’Etat et organisateur de la vague de quarante arrestations, toutes ayant débouché sur des non-lieux après des mois de prison et d’interrogatoires musclées du super flic Marion de triste mémoire. Blessant aussi dans son propos sur la place publique en hommage au préfet Erignac assassiné par des nationalistes corses, “un tel acte ne se plaide pas” distillé face à Gilles Simeoni, avocat d’Ivan Colonna condamné pour ce crime.
Mais au-delà de cet environnement détestable pour les Corses, le contenu du propos politique doit, lui, être plus sereinement analysé.
Macron s’en est pris à des revendications, certes emblématiques pour les abertzale, mais irréalistes si l’on plaide, non pour l’indépendance, mais pour une autonomie au sein de la République. Le statut de résident serait tout aussi légitime sur l’île de Ré et pourquoi pas au Pays Basque. Mais il s’oppose à la libre installation de tous les citoyens, Corses compris, sur quelque lieu du territoire. Il est de plus contraire au droit européen. Il en va de même de la co-officialité du Corse et du Français, impraticable pour les fonctionnaires de l’Etat, qui répond mal à la légitime reconnaissance de la langue corse qui, évidemment, a besoin d’une officialisation et d’un statut de plein droit, outils ayant permis au Catalan d’être la langue obligatoire d’enseignement et majoritairement parlée.
Reste une voie ouverte par Macron, essentielle, celle des institutions de la Corse au sein de la République “Je suis favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la constitution”.
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