Autorité et sérénité: ce sont les commentaires de la plupart des titres de la presse aujourd’hui, après la conférence de presse du président de la République.
Je n’ai pour ma part jamais douté de la détermination et de la capacité de François HOLLANDE à définir et mettre en oeuvre le moment venu la politique qu’il juge la plus juste et la plus efficace pour sortir le pays de la crise.
J’ai suivi de bout en bout la première conférence de presse du quinquennat et j’ai apprécié la maîtrise d’un homme aujourd’hui visiblement habité par la fonction qu’il occupe, conscient de la responsabilité qui est la sienne, et décidé à assumer pleinement les orientations politiques qu’il a choisi de mettre en oeuvre avec son gouvernement.
On est loin de la mise en scène théâtrale du personnage, que Nicolas SARKOZY avait poussé à l’extrême, loin des incursions intimistes, on se souvient du “Carla et moi c’est du sérieux”. Maniant une langue châtiée et précise, François HOLLANDE a restitué, dans ses réponses aux questions des journalistes, la distance qui convient, à mille lieux de son prédécesseur.
Sur le fond, je voudrais prendre un exemple qui, pour moi, qui illustre à mes yeux la méthode imprimée par le président à la politique dans son rapport à nos concitoyens.
Il concerne le vote des étrangers aux élections locales. J’y suis pour ma part favorable, et je ne doute pas qu’il le soit aussi, mais je partage son point de vue sur l’opportunité de cette réforme dans l’état ou se trouve aujourd’hui le pays.
Qui peut sérieusement exiger de lui , au motif qu’il s’agit d’une promesse de campagne, qu’il soumette cette réforme au congrès – c’est à dire au sénat et à l’assemblée nationale réunis à Versailles- ou elle doit recueillir les 3/5 des voix, alors que le pays est confronté à une des crises les plus graves de son histoire récente, et que l’opposition, dont le soutien est indispensable, vent debout contre la politique du gouvernement, est traversée par un dangereux prurit extrémiste ?
Quand au référendum, qui pourrait prétendre que sur un sujet aussi sensible, il faudrait dresser les français les uns contre les autres, alors que le pays a besoin d’unité et que la cohésion sociale est minée par l’explosion du chômage ?
C’est en président responsable, faisant preuve de l’autorité et de la sérénité indispensables dans ce genre de débat, qu’il a expliqué son point de vue sur la question et je le partage et l’assume sans états d’âme.
Sa réponse devrait d’ailleurs donner à réfléchir aux élus corses, et en particulier à Paul GIACOBBI, pour ce qui concerne les projets de réforme institutionnelle à l’étude à l’assemblée de Corse. Je milite depuis longtemps pour ma part, chacun le sait, pour que notre Île soit dotée d’un statut d’autonomie qui lui permette de régler un certain nombre de situations dont je ne pense pas qu’elles puissent être réglées par le parlement national.
J’ai dit à plusieurs reprises que la méthode employée par les élus corses pour aborder cette question, pour être clair en biaisant, me paraissait inappropriée et donc dangereuse car susceptible de conduire à l’échec.
Un journaliste de France 3 Corse demandait à Paul GIACOBBI s’il ne craignait pas que les deux demandes phare qu’il mettait en avant; la co-officialité de la langue corse et de la langue française telles qu’elles ont été explicitées par la conseiller exécutif François GHJIONGA , et le statut de résident , ne soient retoquées par le conseil constitutionnel.
Réponse du président de l’exécutif, toujours aussi martial : alors je demanderai au président de la république de convoquer le congrès pour modifier sur ces points la constitution.
Si le sujet n’était pas grave, et sérieux, j’aurais tendance à lui lancer : Chiche ! Mais, plus sérieusement, comment lui qui se pique d’avoir une vision de la planète finance et de l’avenir du monde, n’a t il pas vu venir l’obstacle, car, comme pour le vote des étrangers aux élections locales, qui pourrait demander sérieusement au président de la république de répondre à cette demande pour les raisons invoquées par lui même, et sur lesquelles je n’ai pas besoin de revenir que j’ai explicitées plus haut.
Il est vrai, comme François HOLLANDE l’a évoqué pour le vote des étrangers, que les choses pourraient prendre une autre tournure si les élus corses arrivaient à convaincre l’opposition, et sans doute une partie de la majorité, de lui apporter leur concours: il pourrait peut être compter sur le fringant nouveau député UMP d’Ajaccio, mais je crains que cela ne suffise pas.
Il pourrait aussi tenter de passer en force en soumettant ces projets au corps électoral insulaire , ce que je préconise pour ma part depuis longtemps avec les membres du club La Gauche Autonomiste, et obtenir une majorité qui contraigne peut être les forces politiques nationales à envisager la situation autrement. On verrait par la même occasion si tous ceux qui votent ces textes à l’assemblée de Corse s’engagent aussi fermement dans la campagne face à ‘opinion publique.
Si l’on veut pour la Corse un statut d’autonomie, et pour ma part j’y suis favorable, il faut d’abord me semble t il avoir le courage élémentaire de l’évoquer franchement, sans chercher de faux fuyants.
Il faut ensuite définir précisément le périmètre dans lequel on estime que la Corse doit recevoir le pouvoir d’édicter des textes ayant force de loi sur le territoire insulaire, et l’expliquer aux parlementaires appelés à en décider.
il faut enfin faire connaitre et populariser le projet de société que ces pouvoirs nouveaux permettront de mettre en oeuvre, et soumettre le tout aux suffrages de nos compatriotes insulaires.
Cela étant, et pour être tout à fait clair, je considère que pour le moment ce sont chez nous la lutte contre le banditisme et la grande délinquance liée à la spéculation foncière qui sont la priorité.
Si la situation actuelle se dégradait plus avant, et compte tenu de la porosité manifeste entre une partie de la classe politique et le banditisme, on peut craindre en effet que de nouveaux pouvoirs n’en viennent à conforter le système mafieux en cours d’implantation dans notre Île alors qu’il convient de l’éradiquer sans faiblesse et sans plus tarder
Cela, j’en suis intimement convaincu, les corses n’en veulent pas, car ils en mesurent les dangers pour leur Île, et au delà de leurs différences je suis persuadé qu’ils sauront, le moment venu, le signifier clairement à leurs représentants.
Corsica Infurmazione, L’information Corse
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