Le corps sans vie d’une SDF, Patricia, âgée de 48 ans a été retrouvé dimanche matin dans un squat situé sur l’avenue de la grande armée à Ajaccio. Vendredi matin déjà un sans abri, Pascal, âgé lui d’une cinquantaine d’année y avait été retrouvé sans vie.
Dans les deux cas il ne s’agirait pas de morts violentes selon la presse, mais naturelles. Une enquête a été ouverte et les autopsies pratiquées ces prochains jours devraient permettre d’y voir beaucoup plus clair. (toujours selon la presse)
Les sans-abri meurent durant toute l’année de manière prématurée, et pas seulement l’hiver quand les températures chutent. En 2011, 390 personnes sont mortes en France dans la rue selon le Président du Collectif, « les Morts dans la rue** ». « Décembre et février, puis mai et juillet sont les mois où l’on recense le plus de décès » selon Cécile Rocca, du Collectif.
Dans la rue, toute l’année, les SDF meurent prématurément, l’espérance de vie dans la rue est de 48 ans alors que la moyenne nationale est de 80 ans. Dans la rue, à l’année, on ne meurt pas de faim, mais de violence, d’accidents comme des incendies de réchaud, et surtout de maladies non soignées. Les pathologies les plus graves touchant ce public sont souvent mal reconnues par les bénévoles qui sillonnent les rues.
Les cause de décès : La mort dans la rue est brutale. Dans leur majorité -plus de 80%-, les SDF meurent d’un coup, que la cause soit naturelle ou non. Les cas d’épuisement ou de longue maladie sont minoritaires. Dans le détail, on trouve plus de brûlés (11%) et de victimes d’agressions (11%), que de morts de froid (8%), mais aussi de noyés (5%), de suicides (5%) et de victimes de toxiques (5%). (Collectif « morts dans la rue » Rue 89)
A Ajaccio, nous n’échappons pas aux problématiques de la gestion des SDF…
Une centaine de SDF peut être dans Ajaccio.
Les SDF dérangent devant Stella Maris, surement à juste titre pour les riverains peu habitués à autant de misère, quand ils squattent une bâtisse, quand ils dorment dans leurs voitures sur un parking que ce soit en hiver comme en été, l’été, les SDF dérangent le tourisme… Entre certains politiques en période électorale s’offusquant du « bruit et des odeurs » et la police appliquant bon gré – mal gré les directives chargées de les faire partir d’un lieu, des associations se battent pour leur venir en aide humanitairement chaque soir, parce que chaque être humain doit être traités dignement.
Nous avons tendance à oublier que des corses sont touchés par la précarité et vivent dans la rue, soit dans un squat, soit dans une voiture, seul ou en famille. Jeunes ou vieux, peu importe, le mal être, la précarité, tous les facteurs qui jettent des personnes à la rue sont réunis en Corse comme en France. De plus en plus de famille n’arrivent plus à joindre les deux bouts, à payer les loyers, à se nourrir convenablement. Expulsions et rupture de contrat de location sont tout aussi présent en Corse qu’ailleurs.
Heureusement les Collectivités, comme le Conseil Général, la Mairie et la CTC pour ne citer qu’eux, s’engagent financièrement avec les associations qui battent le pavé… Mais est ce suffisant pour s’occuper des problématiques de ceux qui vivent au quotidien dans la rue ? Pour s’occuper de tous les problèmes sociaux ? Pour s’occuper de la centaine de SDF qui vit dans les rues d’Ajaccio, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, la misère n’a pas de frontière.
Sous l’ancien régime présidentielle, les budgets pour l’urgence sociale avaient été revue à la baisse provoquant la colère et la démission de Xavier Emmanuelli. Avec le nouveau gouvernement quelles seront les mesures prises pour l’aide sociale d’urgence ?
Malheureusement, force est de constater, que malgré notre retard en Corse, nous n’avons pas pris d’avance sur la gestion de la rue et de ceux qui y vivent et y meurent.
Il fut un temps en Corse, ou une dame âgée pleurant devant les caméra, parce qu’elle ne pouvait plus toucher sa retraite du fait de la grève interminable de 89, se voyait offrir un billet de 500 Francs… Aujourd’hui comme en France, la crise économique, les mentalités et la société évoluant du rural vers la ville, la précarité touchant de plus en plus de monde, peu vont se soucier du voisin, ou de la personne âgée en souffrance, et encore moins du SDF…
Dans la rue, on meurt toute l’année, faute de logement.
« La précarité ne prend pas de vacances d’été… »
Un centre d’hébergement d’urgence pour les sans-abri d’Ajaccio sera normalement construit à Mezzavia. Il serait opérationnel à la mi 2013, il est prévu pour accueillir une trentaine de SDF – et cela toute l’année, alors qu’actuellement l’accueil ne se fait que l’hiver, dans des structures type Algeco. Le projet porté de manière concomitante par les services de l’État, du conseil général, de la mairie et de l’association Clé devrait voir le jour dans le courant du premier trimestre 2013. La mairie s’est portée acquéreur d’un terrain derrière le stade de Mezzavia. Quand à la construction de ce bâtiment de deux étages, qui permettra d’ouvrir trente places tout au long de l’année, c’est l’Office Hérilia qui en et chargée. Sa réalisation permettra d’ouvrir 365 jours sur 365 cette structure, de 17 heures à 8 h 30 selon Directeur Général de la Falep et représentant de la Falep à la coordination de la lutte contre l’exclusion.
Les hébergements d’urgences sont saturés à l’année sur Ajaccio, difficile de s’occuper de toute la misère du monde quelle soit insulaire ou bien arrivante…
Aujourd’hui ce sont eux, qui sont à la rue, demain peut être l’un des vôtres, des nôtres, ou vous, ou moi, qui le sait ?
S’occuper de la culture de son territoire c’est aussi prévenir les lendemains difficiles pour le peuple corse, non ?
AnTo FpcL
(**) Les Morts de la rue est une association qui met tout en œuvre pour dénoncer les conditions de vie violentes des sans-abri. Elle leur offre des funérailles dignes et accompagne leurs proches dans le deuil, sans aucune distinction.
Vous aimez cet article ? Faîtes-en profiter vos amis !
Faites passer l’information autours de vous en cliquant sur :