(Unità Naziunale – 26 février 2018 – publié à 9h01) Après le communiqué de presse de l’UNI sur la Mission Valls et ses prises de position contre l’indépendance, nous reproduisons ci-dessous la lettre ouverte du RIN (Rassemblement des Indépendantistes et Nationalistes)
À Nouméa, le 16 février 2018
Monsieur le Député Manuel Valls,
Président de la Mission parlementaire d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie
Monsieur le Président,
Dans le cadre solennel de l’exercice du droit inaliénable à l’autodétermination du peuple kanak, le RIN (Rassemblement des indépendantistes et ationalistes) vous invite à reconnaître que toute Nation, à l’instar de la vôtre, est régie par le droit international à exercer sa pleine souveraineté. Malgré l’inscription de la Nouvelle-Calédonie à l’ONU sur la liste des territoires à décoloniser en 1986, force est de constater que la France ne nous a accompagnés que timidement sur le terrain de la décolonisation, à travers les accords de Matignon/Oudinot et de Nouméa. Le peuple français, en changeant sa constitution, s’est ainsi porté garant de l’accomplissement total de notre Liberté, si chère à la République.
Vous aurez pu constater que, d’égale noblesse à votre peuple, nos aînés et nous-mêmes avons su associer les natifs et non natifs présents de longue date dans notre pays, désignés par le contresens provocateur de « victimes de l’histoire », à notre droit supranational des peuples à disposer d’eux-mêmes. Notre peuple ne renonce sous aucun prétexte à sa volonté légitime de se décoloniser. Nous réaffirmons notre volonté profonde de créer les conditions du « Destin commun » dans le cadre d’une pleine souveraineté acquise pour la République de Kanaky.
Pourtant, nous avons dû subir depuis 1990 de la part de l’État français une gestion calamiteuse du corps électoral provincial et référendaire. Les représentants de la droite coloniale, desquels vous êtes un proche, ont porté l’affront jusqu’à nous pousser à accepter sous la contrainte la fraude massive organisée sur la liste électorale provinciale. Le « politiquement clos », cet élément de langage pervers, dont la technocratie politique se délecte, est une insulte pour le peuple kanak et pour la France. Aussi, il nous faut dénoncer sans relâche, le perpétuel dysfonctionnement des commissions administratives spéciales dans lesquelles nous sommes sous-représentés et qui s’appuient sur un vote majoritaire d’emblée déséquilibré et tendancieux.
Désormais, nous ne tolérerons plus aucune déshérence ou malversation sur ces dossiers, notamment de la part du gouvernement français qui se devrait d’être exemplaire. Sachez que le RIN, à ce jour, attend la sincérité de la liste électorale de consultation : tout Kanak de statut de droit coutumier et de droit commun doit figurer sur cette liste et aucun électeur ne doit y figurer de façon indue.
Accepter la nouvelle rédaction de l’article 218-2 de la loi organique reviendrait à bousculer les équilibres, déjà fragiles, qui avaient prévalu à la définition de ce corps de la consultation. La loi identifie déjà expressément la population concernée. Nous n’accepterons plus d’élargir ce corps électoral à des personnes qui ont fait le choix de s’installer dans un pays loin du leur. D’autres éléments doivent venir justifier de leur CIMM* en Nouvelle-Calédonie. Notre Pays doit poursuivre son Histoire avec les populations qui ont été estimées légitimes à décider de son devenir.
Le RIN n’accorde aucune légitimité à la commission parlementaire que vous présidez. En effet, le rapporteur de cette commission ainsi qu’un nombre important de ses membres, dont vous, sont juges et parties. Le Député Philippe Gomès, vice-président de cette commission, est la tête de proue locale d’une fraction des non-indépendantistes, mais aussi un chef d’entreprise controversé, dont les intérêts personnels sont en contradiction apparente avec la neutralité exigée pour une telle mission.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’assurance de notre combative attention.
Pour I’UC Djubéa Kapoumè, le Commissaire politique, Christian TEIN
Pour la Dynamik Unitaire Sud, le Président, Yvon WAMAÏ
Pour l’Union syndicale des Travailleurs exploités, le Président, André For
* Centre des intérêts matériels et moraux pour l’inscription sur la liste électorale référendaire