Un ancien nationaliste et dirigeant d’entreprise de sécurité, Yves Manunta, déjà victime de deux tentatives d’assassinat, est décédé lundi à l’hôpital d’Ajaccio après s’être fait tirer dessus en fin d’après-midi dans le centre-ville.
Agé de 50 ans, il venait de s’arrêter en scooter et d’enlever son casque quand ses agresseurs sont arrivés en voiture et ont tiré une dizaine de coups de feu sur lui, selon des témoignages recueillis par un correspondant de l’AFP arrivé sur place juste après les faits.
Les secours ont pratiqué un massage cardiaque sur le blessé avant de le transporter à l’hôpital. Il y est décédé peu après des suites de ses blessures, a indiqué à l’AFP une source judiciaire.
Non loin des lieux, les agresseurs ont brûlé la voiture avec laquelle ils avaient commis leur forfait. Un homme présentant des brûlures et soupçonné d’implication dans la fusillade a été hospitalisé et devait être placé en garde à vue, selon la source judiciaire.
En novembre, alors qu’il circulait en voiture en famille, Yves Manunta avait déjà été victime d’une fusillade, pratiquement au même endroit que lundi. Il avait été blessé aux chevilles en tentant de se mettre à l’abri tandis que sa femme était atteinte à la hanche et l’épaule, et sa fille de dix ans à un bras.
La Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, déjà en charge de la tentative de novembre, a été saisie de cet assassinat, a précisé à l’AFP le procureur de la République Marseille, Jacques Dallest.
Ancien militant nationaliste, membre de l’Alliance nationale corse (ANC), Yves Manunta avait été pris pour cible une première fois en 1996, par des militants de la Cuncolta. Quatre-vingt-dix douilles avaient été retrouvées sur place. Touché à la nuque et aux jambes, il avait été sauvé par son gilet pare-balles et trois policiers qui avaient mis en joue les tueurs.
Dans les années 2000, il avait fondé une société de sécurité, la Société méditerranéenne de sécurité (SMS), en compagnie d’Antoine Nivaggioni, abattu en octobre 2010 à Ajaccio. Les deux hommes étaient entrés en conflit en 2004-2005, Yves Manunta créant une société concurrente.
Mis en examen pour abus de biens sociaux, Manunta avait été relaxé en mars 2011 dans l’affaire dite de la SMS.
« Tout le monde sait à Ajaccio d’où vient le danger, cela remonte (…) à l’affaire SMS », avait-il déclaré au journal Corse-Matin au lendemain de la tentative d’assassinat en novembre.
Dans cette interview, il avait accusé des policiers des « renseignements généraux » d’avoir monté des « cabales » contre lui dans le cadre de ses activités.
« Un trouble est né du fait de ma situation professionnelle et a donné lieu à des cabales savamment orchestrées par certains fonctionnaires des renseignements généraux ripoux, un indicateur de police notoire, relayés par des tueurs à la solde des cols blancs », avait-il dit. « On m’a rapporté cet été que des réunions avaient eu lieu pour m’abattre », avait-il ajouté.
Depuis le début de l’année, plus d’une dizaine d’homicides ou de tentatives ont été perpétrés en Corse, certaines victimes étant visées à plusieurs reprises comme lundi.
Ainsi, fin mai, le gérant d’un restaurant de plage de Ghisonaccia (Haute-Corse), Olivier Sisti, avait été grièvement blessé par balles sur son lit d’hôpital à Bastia, où il était en réanimation dans une chambre gardée par la police après une tentative d’homicide quelques jours plus tôt à Aléria.
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