Depuis plusieurs années, Corsica Libera a proposé à l’autre courant du mouvement national l’élaboration d’un projet commun, ceci, bien entendu, dans le respect de la nécessaire diversité politique au sein de la famille patriotique.
Aucune réponse n’a été enregistrée pour l’heure.
Par ailleurs, le courant dit « modéré » a marqué ces derniers temps un recul de plus en plus net à l’égard des fondamentaux de la lutte nationale.
On pourrait citer quelques exemples…
– Le vote sur le siège de la Chambre régionale de commerce : les élus de Corsica Libera à l’Assemblée ont été les seuls à se prononcer en faveur de Corti, capitale historique de la Corse qui a toujours eu la préférence du mouvement national. L’un des leaders de Femu a Corsica a d’ailleurs reconnu dans son intervention que la candidature de Corti avait du sens pour un nationaliste, avant de voter pour… Bastia !
– La question de la compagnie maritime publique, dite « compagnie régionale » : le courant « modéré » n’a pas encore donné de position, alors que le conseil exécutif lui-même a commencé à le faire !
– La proposition de citoyenneté corse, que Corsica Libera a portée seule durant la campagne électorale et les Assises du foncier : les leaders « modérés » ont attendu, pour l’évoquer comme une possibilité, que Paul Giacobbi le fasse lors de la clôture des Assises !
Sans parler de questions environnementales essentielles, comme le projet du port de la Carbonite à Bastia : le courant « modéré » n’a toujours pris position à cet égard, alors qu’il prétend s’emparer de la municipalité. Pour ne contrarier personne, il a intégré à l’équipe de campagne les principaux défenseurs du projet et les opposants les plus en vue au même projet !
Sur tous ces sujets, on applique scrupuleusement le conseil du Cardinal de Retz, lequel estimait qu’« on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment »…
L’objectif qui sous-tend ce comportement est clair : se préparer à saisir toutes les occasions, être compatible avec la gauche, pour obtenir le siège de député de Porti Vechju ; être compatible avec la droite, dans la perspective des élections municipales de Bastia…
Il y a beaucoup plus grave : afin de donner des gages à d’éventuels futurs partenaires, on va jusqu’à condamner ceux qui prennent tous les risques pour défendre la Corse…
Alors, le nationalisme dans tout ça ?
Sans mettre en doute la sincérité des militants qui composent ce courant « modéré », il est permis de se demander comment il se démarque aujourd’hui, au plan de idées, de celui, par exemple, de Paul Giacobbi… Quelle sont les différences entre le discours de ce dernier et celui des leaders modérés ? Ah oui, il y en a quelques unes : le Président du Conseil exécutif a une position plus claire sur la Compagnie maritime et sur la citoyenneté. Par ailleurs, il n’a pas condamné les dernières opérations militaires contre la dépossession immobilière…
Nous ne nous faisons aucune illusion sur l’éventuelle conversion de Paul Giacobbi au nationalisme.
Mais que penser alors du courant « modéré », qui s’éloigne de plus en plus ouvertement du mouvement national pour rejoindre un corsisme autrefois incarné par Philippe Ceccaldi et Toussaint Luciani, aujourd’hui par la gauche « autonomiste » (Paul Giacobbi, Pierre Ghionga, Vincent Carlotti…) et une partie de la droite (le groupe de Jean-Martin Mondoloni) ?
L’analyse que nous faisons ici ne se veut aucunement polémique : nous nous limitons à constater des faits.
Devant une évolution aussi préoccupante, nous exhortons une fois de plus le courant « modéré » à revenir dans le champ du mouvement national, en participant à un projet patriotique commun.
L’« accession aux responsabilités » – expression répétée de façon obsessionnelle par certains responsables – ne peut se faire au prix d’un reniement de l’idée nationale. Le capital de confiance que les Corses nous ont offert en 2010 (36% du corps électoral) ne doit pas être dévoyé.
La prise du pouvoir par le mouvement patriotique est désormais possible. Elle peut se faire avec d’autre forces politiques mais à condition que le centre de gravité de la démarche demeure la nation.
Une approche qui laisserait les idées au vestiaire, ou au magasin des antiquités, ne peut être cautionnée.
Pour notre part, nous ne la cautionnerons pas.
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