(Corsicainfurmazione.org, gestion institutionnelle, publié le 9 avril 2025) Aujourd’hui, en ouvrant cette nouvelle session de l’Assemblea di a Giuventù, nous nous inscrivons dans une lignée qui, depuis trois siècles, façonne l’âme de notre peuple : l’exercice démocratique.
Cette lignée est bien sûr celle de Pasquale Paoli. Je suis particulièrement heureuse de débuter cette session en lui rendant hommage, quelques jours après avoir lancé officiellement, aux côtés du Président de l’Exécutif et des élus de la Corse, les commémorations du tricentenaire de sa naissance à Merusaglia. Nous nous pencherons plus tard, afin d’en débattre, sur son héritage pour la Corse d’aujourd’hui et de demain, mais en introduction, je tenais à souligner que celui qui fut, U Generale n’était pas seulement un combattant. Et à son titre militaire je préfère encore son surnom affectueux di Babbu di a Patria.
Il était d’abord un visionnaire avant-gardiste pour son siècle, un bâtisseur de liberté et de progrès. Il croyait en une Corse souveraine, en la liberté de son peuple et en la force de ses institutions, fondées sur la connaissance et la participation de tous les citoyens, femmes et hommes. Il voyait dans le savoir la clé de toute émancipation, « studià hè libertà », une intelligence qui a su imposer le respect à l’Europe des Lumières. Il avait foi en la jeunesse corse, qu’il considérait comme le moteur de ce renouveau. Cette question de l’éducation a façonné son projet politique et doit continuer à nous inspirer. Déjà à son époque, Paoli avait compris que la connaissance est l’un des outils les plus puissants pour libérer un peuple et qu’elle constitue le fondement de toute société libre et éclairée. C’est parce qu’il était intimement convaincu de cette vérité, qu’il fonde, en 1765, l’Università di Corsica, à Corti, symbole impérissable de sa volonté d’offrir aux jeunes Corses les moyens de penser, d’agir et de construire leur nation.
C’est ainsi que, 3 siècles plus tard, l’Histoire lui donne raison, car aujourd’hui encore l’éducation demeure le moyen le plus efficace pour assurer aux jeunes les moyens de leur autonomie, en leur permettant d’acquérir des compétences, d’élargir leurs horizons, de penser par eux- mêmes, d’exercer leur esprit critique, de cultiver leur curiosité, de s’ouvrir à l’autre sans préjugés et ainsi de s’émanciper des déterminismes sociaux et économiques. Comme je le disais déjà à l’Assemblée de Corse en janvier dernier, il est primordial de replacer l’éducation au centre des enjeux actuels. Eduquer, montrer un autre chemin pour notre île, mettre toutes nos forces politiques et personnelles dans une lutte pour la vie et pour l’espoir. L’éducation est précisément une des voies qui permet de s’écarter du chemin de la violence et du vice : une main qui tient un livre est une main qui ne tiendra pas d’arme. Pour autant, il ne suffit pas d’accéder au savoir, il faut aussi le mettre à disposition du bien commun afin d’œuvrer collectivement à la construction d’une Corse plus juste, plus forte et plus prospère. C’est aussi en choisissant de faire de l’éducation un levier principal de développement personnel et collectif que nous pourrons préserver notre langue, valoriser notre culture et nous engager sur une trajectoire de développement vertueux et durable.
C’est aussi par l’éducation que nous forgerons les citoyens éclairés de demain, ceux qui sauront conjuguer enracinement et ouverture, identité et modernité. Et vous, les jeunes conseillers de cette Assemblea di a Giuventù, avez un rôle à jouer dans ce projet. En défendant l’accès à un enseignement de qualité – dans toute sa diversité, qu’il soit académique, technique, agricole ou scientifique. C’est en ayant la liberté de choisir et construire votre propre destinée. En vous engageant pour que l’éducation soit toujours adaptée aux besoins de notre territoire, aux aspirations de la jeunesse corse : c’est aussi cela, poursuivre l’œuvre de Paoli et préparer, ainsi, l’avenir de la Corse. Alors, en tant que Présidente de l’Assemblea di a Giuventù : que cette volonté inébranlable de liberté, cet instinct de persévération, tout autant que cette ouverture aux autres et au monde guident vos travaux dans cet hémicycle et votre engagement en dehors. Tocca à voi di fà campà i valori di Paoli per custruì un avvene felice.
A ringrazià vi.
Discours de la Présidente prononcé à l’occasion de la session de l’Assemblea di a Giuventù de ce jour.
« Où en est-on de la charte pour l’emploi local en #Corse ? »