(Unità Naziunale, corsicainfurmazione.org, publié le 28 février 2025) Josepha Giacometti Piredda, élue non-inscrite, Nazione, a déposé une contribution écrite « Lutte contre les dérives mafieuses : Trente mesures pour une SOCIÉTÉ CORSE LIBRE, APAISÉE ET DÉMOCRATIQUE ».
Samedi 15 février dernier, la Corse entière était plongée dans la sidération.
Chloé Aldrovandi, jeune étudiante de 18 ans, venait d’être assassinée.
L’effroi tenait dans l’énoncé des faits.
À l’horreur a succédé le silence, celui que le deuil impose.
In u silenziu chì si face quandu a parolla hè vana, ch’ella ùn po palisà u pesu di a realità, u dulore.
Quandu ci vene in bocca solu l’amaru di sta vita tolta.
A vita, quella chì principiava pè sta ghjuvanetta.
A vita, stu tesoru ch’ùn vale più nunda pè i so assassini.
A vita, quella à a quale duvimu rende u so sensu.
A quale ci addirizzemu oghje ?
À quelli chì anu sceltu u soldu faciule, u soldu rè ?
A quelli chì di polvera bianca imbruttanu l’avvene ?
A quelli chì à a vita ùn danu nisun valore ?
A quelli chì di a terra n’anu fattu mercanzia ?
Quessi ùn ci sentenu più o s’elli ci sentenu e nostre parolle ùn anu più sensu
Chì Sò diventati frusteri di u dentru,
Parlemu à u nostru populu, parlemu per ellu,
Quellu chì vole stantà u so pane
Quellu chì vole campà liberu in casa soia, in paese soiu,
Parlemu pè sta ghjuventù chì scrive u so avvene
Un triste hasard du calendrier a voulu que cette session spéciale ait lieu quelques jours à peine
après ce drame qui est venu de tout son poids, humain, tragique, symbolique, s’ajouter à tant
d’autres, trop nombreux. Le sujet des dérives mafieuses a déjà été évoqué dans cet hémicycle.
Des heures de réunions, de travaux, d’auditions ont eu lieu sous cette mandature, sous les
précédentes, avec les collectifs anti-mafia, les associations, de nombreuses personnalités
politiques, syndicales, associatives. Des heures de débats, de prise de parole, où nombre d’entre
nous ont eu l’occasion d’affirmer qu’il nous fallait écarter du corps social, ceux qui l’enserrent,
jusqu’à l’étouffement, pour l’argent, par les pressions en tous genres, par l’assassinat.
Aujourd’hui, après le temps du silence et du deuil, nous avons le devoir de parler, en tant que
garants des intérêts matériels et moraux de notre peuple. Un peuple aujourd’hui inquiet pour
son avenir et sa jeunesse. Mais nous avons surtout l’obligation d’agir, partout où nous le pouvons,
autant que nous le pouvons et sûrement un peu plus que nous le pouvons.
– Agir avec détermination et justesse.
– Éviter les outrances, l’auto-flagellation, les discours culpabilisateurs ou infantilisants.
– Refuser que s’imposent la colère et le désespoir lorsque les épreuves et les drames se succèdent,
avec un sentiment d’escalade dans l’horreur.
Nous devons au contraire avoir le courage d’affronter nos faiblesses, nos parts d’ombres, nos échecs
à la lumière de nos potentialités, de nos ressources, de ce que nous sommes réellement. Dans ce
difficile exercice de justesse, il faut nous affranchir des stéréotypes qui travestissent nos véritables
valeurs. Il nous faut rechercher les ressources en nous-même, dans ce que nous sommes et que nous
devons cultiver. Nous devons agir avec tous les leviers à notre disposition pour enrayer les logiques
mortifères. Croire plus que jamais en nous, en notre capacité de résistance, en notre instinct de vie.
Etre plus que jamais convaincus que ce peuple a un avenir et que c’est en étant pleinement lui-même
qu’il pourra en être maître. Il faut nous tenir loin des mises en cause pour «culpabilité collective»
insidieusement distillées dans de nombreux discours. Il ne s’agit pas là d’incantations théoriques mais
bien de la certitude que nous pouvons bâtir à partir de cette institution, avec l’ensemble des forces
vives de la société corse, une réponse collective qui viendra de nous. Opposer, comme le dit si bien
Gramsci « le pessimisme de l’intelligence, à l’optimisme de la volonté »
Absente physiquement à ce débat pour des raisons de santé, ma contribution sera forcément
imparfaite puisqu’elle ne peut s’inscrire en dynamique dans le débat du jour. Considérez là
comme un apport, une réflexion, une approche critique qui participera, à son niveau, à jeter les
bases d’un travail de fond que nous devrons collectivement mener sur la durée et sans faiblir.
Afin de dessiner le cadre général de ce débat, il convient d’évoquer un acteur qui porte une
lourde responsabilité dans la situation que connaît la Corse aujourd’hui. Je veux parler de l’Etat.
La présence aujourd’hui du garde des sceaux ne change pas une ligne à mes propos.
Les services de l’Etat ont de tous temps refusé de participer aux travaux que nous avons pu
mener au sein de notre assemblée.
L’État n’a jamais en revanche été avare de rappels à l’ordre, enjoignant aux corses à travailler sur
eux-mêmes pour repousser une prétendue « violence endémique », en brandissant notamment
les chiffres des homicides…mais en se gardant bien de faire état de leur taux d’élucidation, qui,
nous le savons, est quasiment nul.
Et que dire des récentes déclarations de l’ancien préfet de Corse Amaury de Saint Quentin ?
Le rapport du conseil exécutif rappelle les raisons historiques de la défiance des corses envers
la justice, de l’époque génoise à nos jours, puis de la défiance envers l’Etat dans la période
contemporaine. Nous serions récalcitrants à l’idée même de justice et il faudrait donc nous
l’enseigner. Or, la démonstration pourrait être faite rapidement, que les Corses sont précisément
attachés à l’idée de justice, d’ailleurs érigée en vertu cardinale par Pasquale Paoli dans les
institutions et la constitution de la Nation corse indépendante.
Après l’annexion par la France, il a été question, de tenter de pacifier, d’asservir par la force ou
par la corruption de quelques responsables locaux.
Dans le souci de rétablir la confiance, le conseil exécutif propose notamment que soit reconnue
l’existence du conflit politique entre la Corse et la France dans toutes ses dimensions. La
recherche d’une solution politique globale est un objectif partagé par l’ensemble du mouvement
national. C’est pourquoi nous avons regretté à plusieurs reprises que le dit processus pour une
autonomie de la Corse ne jette en aucun cas les bases d’une paix durable par la résolution de ce
conflit. Par ailleurs, l’attitude de l’Etat a toujours consisté à entretenir la confusion en renvoyant
dos à dos ceux qui ont choisi de faire face par une résistance légitime à la violence première de
l’Etat, et les bandes criminelles qui sévissent en Corse, pour ensuite les considérer comme étant
co-responsables de la situation actuelle et devant être combattu dans un même élan.
Il est aujourd’hui avéré que les services de police et de justice ont laissé prospérer la criminalité
organisée qui s’était rapatriée en Corse dans les années 70, au profit de la lutte contre les
nationalistes. Il a même été fait bon usage de quelques voyous. D’anciens policiers ou hauts
fonctionnaires en retraite l’ont d’ailleurs tranquillement reconnu en faisant le tour des plateaux de
télévision, sans que cela ne déclenche aucune enquête, ni vague d’indignation.
Le trafic de drogue a pu s’infiltrer, prenant une ampleur sans précédent, sans être véritablement
combattu, ou si peu.
Pendant des années, l’Etat a nié l’ampleur des dérives mafieuses et le trafic de drogue et le
mouvement national a été pendant longtemps bien seul à le dénoncer.
L’Etat a entretenu les logiques de la dépendance à tous les niveaux, a alimenté le terreau des
logiques mortifères par carence, par volonté, par opportunité.
Pour cela, il n’a jamais rendu aucun compte.
Rappeler le constat, c’est faire œuvre prospective.
Analyser les causes, c’est trouver les solutions.
Le débat s’est concentré ces dernières semaines sur les demandes de renforcement de l’arsenal
judiciaire : lois d’exception, création de nouvelles infractions visant la criminalité organisée,
évolution du statut de repenti, aggravation des peines encourues…
En Corse, le mouvement national a subi durant de nombreuses années les juridictions d’exception,
les restrictions des libertés fondamentales et des droits de la défense qui les accompagnent.
Nous avons assisté à la justice spectacle, aux condamnations iniques, aux injustices multiples.
Aujourd’hui encore, de nombreux militants nationalistes sont régulièrement condamnés pour
avoir refusé le fichage, d’autres ont fait l’objet de mesures d’éloignement attentatoires au maintien
des liens familiaux. D’autres encore se voient refuser leur remise en liberté sans aucun motif
valable.
Cette mémoire historique d’une part et notre attachement aux libertés fondamentales d’autre
part nous oblige à la défiance face à toutes lois d’exception. Cette défiance n’est en aucun cas un
aveu de complaisance à l’endroit de la criminalité organisée et de la voyoucratie.
Les évolutions du droit pénal français réclamées par certains sont largement inspirées de
l’expérience italienne, qui correspond aux particularités de la société italienne. Les réformes
envisagées en France nécessitent à tout le moins, dans le cadre de commissions parlementaires
réunissant universitaires, élus, professionnels et techniciens du droit, un examen quantifié et
approfondi des limites des dispositions existantes, une étude portant sur l’intérêt des évolutions
proposées, enfin une analyse sociologique et juridique portant sur la création éventuelle de
nouveaux outils.
La proposition de suivi des évolutions législatives dans ce domaine au sein d’une instance
dédiée avait déjà été formulée à la suite des auditions préalables dans le cadre du rapport du
Président de l’Assemblée de Corse (rapport élaboré dans la perspective du débat qui devait être
organisé au cours du 1er semestre 2020) et peut en effet constituer un espace d’échanges et
de confrontation des différents points de vue sur ces sujets. La Collectivité de Corse pourrait
naturellement être consultée pour avis à la condition expresse qu’il soit considéré, à l’inverse de
ce que nous avons connu jusqu’à aujourd’hui.
Ces principes étant posé, la question de fond consiste à demander si l’évolution du droit pénal
français constitue le seul recours.
La réponse est bien entendu négative. Prétendre gagner cette bataille sans rechercher l’implication
de tous, sans s’assurer de l’adhésion du plus grand nombre, serait une erreur fatale.
De tous temps et sous toutes les latitudes, des hommes ont choisi d’autres vies, un autre système
de valeur. Partout et pour longtemps encore, des hommes feront le choix d’être en marge du
corps social. Dans ce cas, c’est à la marge qu’ils doivent être repoussés. Le péril s’accroît lorsque
le corps social se trouve enserré, assujetti aux trafics et à la seule recherche du profit.
L’enjeu réside alors dans la capacité des institutions d’une part, et de chacun d’entre nous d’autre
part de faire qu’il n’y ait plus de prises possibles, pour renverser la tendance.
C’est dans cette approche systémique que doit se situer l’action de notre institution.
I. Ethiques et politiques publiques
Transparence, éthique, probité doivent être au cœur de nos engagements et de la mise en œuvre des politiques qui en découlent. Le rapport qui nous est soumis, aujourd’hui, rappelle les initiatives prises par l’Exécutif et par l’Assemblée de Corse sous la dernière mandature et l’actuelle. Le Président de l’ Assemblée de Corse avait créée en 2020 deux nouveaux organes (la Commission de déontologie et la Questure de l’Assemblée de Corse) et modifié la composition du comité d’évaluation des politiques publiques en confiant sa Présidence à une personnalité extérieure à l’Assemblée de Corse et en élargissant la liste de ses membres. Ces propositions de modernisation s’inscrivaient dans le contexte particulier de la création de la Collectivité de Corse et de fait de l’accroissement de ses compétences. Ces créations étaient également le fruit de la réflexion autour des dérives mafieuses sur l’île et des auditions menées dans ce cadre (auditions réalisées après l’assassinat de Massimu Susini et la création des collectifs anti maffia). Elles avaient pour objectif de prendre en compte les fortes attentes des citoyens en matière de transparence et de participation à la vie publique.
Il faut ensuite concrètement faire vivre, animer les instances précitées, leur donner les moyens de
fonctionner correctement et porter leur travail régulièrement à la connaissance des corses.
La défiance à l’égard des élus va croissant. C’est un péril pour la vie démocratique de notre pays.
Elle doit être combattue par l’action concrète et la mise en œuvre des engagements pris. Il reste
sur ce point beaucoup à faire.
La question de la transparence des marchés publics est régulièrement évoquée.
Elle doit faire l’objet d’une approche multiforme :
– Sur la transparence des procédures.
– Sur la commande publique conçue comme un levier contre les dérives monopolistiques qui sont
des dangers sur un marché captif comme le nôtre.
– Sur la sécurisation optimale des procédures car la manne financière générée notamment par le
secteur des TP, peut aiguiser certains appétits.
C’est ainsi que les procédures visant à encourager les petites entreprises à soumissionner doivent
être renforcées et mises en œuvre systématiquement. Ceci afin de lutter notamment contre les
situations de monopole. En outre, comme le mentionne le rapport, il existe des risques en amont
et en aval sur lesquelles, en l’état de ces compétences, la Collectivité n’a pas de moyens de contrôle.
Si le renforcement du cadre procédural actuel peut être étudié, il faudra s’attacher à mieux faire
connaître ces procédures pour faire disparaître le sentiment d’opacité. La commission d’évaluation
des politiques publiques installée en 2020 pourrait se saisir de cette question. Une instance de
lutte contre les dérives mafieuses ouverte à différentes associations peut également être une piste
intéressante.
Il est essentiel de tisser des liens de confiance réciproque, de rendre compte à ceux que nous
représentons de nos actions en tant qu’élus.
La transparence se construit sur la durée et la confiance se gagne par des actes.
II. Secteurs économiques particulièrement exposés.
Quelques données forcément parcellaires permettent de dresser un panorama de l’économie
corse et de ses particularités et de constater qu’elle est un terreau favorable pour les logiques de
l’argent roi et de l’emprise mafieuse :
– Hypertrophie du secteur touristique et du BTP (basés sur des modèles obsolètes).
– Succession de choix et de non choix politiques ces dernières décennies, qui ont enfermé la
Corse dans une logique de dépendance qui lui coûte cher. L’Etat a d’ailleurs, également, dans ce
domaine une lourde responsabilité.
– Taux de pauvreté et de précarité élevé.
– Taux élevé de sortie précoce du système scolaire sans qualification.
– Nombreux emplois peu qualifiés / Forte saisonnalité.
– Mécanique de dépossession foncière.
– Décorsisation des emplois dans les secteurs publics et privés.
– Déstructuration culturelle et sociale.
– 4000 à 5000 nouveaux arrivants chaque année.
L’ensemble de ces facteurs attise les convoitises, les logiques de gain rapide, la pénétration de
l’économie réelle par l’économie souterraine et notamment par le trafic de drogue.
Nous savons pourtant que la Corse a les moyens par ses ressources et ses potentialités humaines,
culturelles, naturelles de dessiner une autre réalité.
La réponse réside dans la construction d’un modèle vertueux, de juste répartition des richesses,
de justice sociale, d’une économie soutenable productive, où la formation demeure un levier
essentiel.
Une action plus résolue doit être entreprise pour soutenir l’innovation et la création dans tous
les domaines, susciter l’esprit d’entreprise, le sens du travail et de l’engagement comme gage de
réussite. Pour les jeunes d’abord, mais aussi pour tous ceux qui ont des idées et des projets, et
ne doivent plus craindre d’entreprendre dans leur pays.
Ces principes doivent trouver des déclinaisons pratiques dans chacune des orientations
économiques portées par la Collectivité de Corse.
Les travaux menés dans le cadre des ateliers sur les secteurs particulièrement exposés ont mis,
à juste titre, l’accent sur le secteur de l’immobilier et celui des déchets.
Nous défendons depuis toujours et avec constance, le principe de la maîtrise publique des
secteurs stratégiques que sont notamment les déchets, les transports et l’énergie. Elle est, en
effet, le garant de l’intérêt général et du bien commun.
Cela n’exclut nullement l’intervention d’opérateurs privés vertueux même dans ces secteurs
particulièrement exposés. La puissance publique doit trouver les moyens de les préserver des
pressions qu’ils pourraient subir.
Un fort regret vient ternir cette analyse. Celui du retard considérable pris dans des domaines où
de nombreuses mesures pourraient déjà être mises en œuvre. Nous les qualifierons d’occasions
manquées.
Pour illustrer mon propos quelques exemples :
Sur les déchets :
1- Le Conseil exécutif souhaite garantir la prééminence publique dans le secteur de la
gestion des déchets grâce notamment à l’introduction de la notion de « bénéfice raisonnable »
en cas de contractualisation avec des opérateurs privés. Cette mesure a pour objectif de limiter
les surprofits. Même si nous pouvons y adhérer, et que nous souhaitons la voir étendue plus
largement dans les contractualisations opérées par la Collectivité, cette notion ne garantit en
aucun cas la maîtrise publique des infrastructures en charge du traitement des déchets.
Le vote du PTPGD (plan déchets) en juillet dernier, aurait été une bonne occasion d’inscrire ce
principe et de garantir sa déclinaison concrète. Pourtant, comme j’ai pu le déplorer au cours du
débat, le plan a intégré une privatisation de fait. Ce qui m’a conduit, entre autres raisons, à voter
contre ce plan.
2 – La proposition visant à amorcer une réflexion pour un meilleur partage des compétences
entre les EPCI et collectivités concernant le traitement, le transport, la valorisation des déchets
doit au plus vite s’étendre au SYVADEC, dont nous demandons avec d’autres, depuis longtemps
la dissolution et l’intégration au sein de l’OEC (clarifiant ainsi le rôle de chaque opérateur).
3 – Les centres de traitement doivent impérativement être sous maîtrise publique et les
financements par la Collectivité de projets en opposition à la logique vertueuse affichée, doivent
être abandonnés. Pour exemple et pour n’en citer qu’un, le projet de centre à Monte. Pour notre
part, nous nous y sommes opposés depuis le début et continuons de le dénoncer.
4 – Les opérateurs privés pourront se positionner sur le tri et le recyclage dans le cadre
de la mise en œuvre d’une économie circulaire et vertueuse
En résumé, il faut donc mettre d’urgence en conformité les propositions avancées avec le plan
aujourd’hui porté par la Collectivité de Corse.
Sur l’urbanisme et le foncier :
La Collectivité préconise la création d’une instance conjointe Etat/CDC en charge du suivi des
permis de construire.
Dés 2019, le groupe Corsica Libera faisait adopter une motion :
« Demandant d’engager un recours contre tout document local d’urbanisme dès lors que la
Collectivité de Corse aurait constaté, à l’occasion de l’avis qu’elle émet en qualité de personne
publique associée, que celui-ci contrevient manifestement au PADDUC ou à tout autre
délibération de la Collectivité de Corse. »
Cette motion demandait également que soit opéré un contrôle et, le cas échéant, un recours
contre tout permis de construire délivré sur des parcelles relevant de secteurs à enjeux
stratégiques du PADDUC.
On peut entendre qu’en raison de la répartition des compétences et de l’insuffisance des moyens,
il ne soit pas possible de traiter l’ensemble des permis de construire, de les analyser et de décider
de les attaquer s’ils contreviennent aux principes du PADDUC. Il en va autrement des documents
d’urbanisme. Pourtant à notre connaissance, un seul PLU a fait l’objet d’un recours. Par ailleurs,
en y mettant les moyens, y compris en allant au-delà ou en tout cas en poussant les curseurs
des compétences au maximum, la Collectivité peut choisir d’attaquer des Permis de construire
contrevenant manifestement aux principes du PADDUC. En quelque sorte, faire des exemples.
Nous assistons à une véritable mécanique de dépossession qui s’accroît chaque jour un peu
plus et qui risque de connaître une accélération alors que s’est ouverte la phase de révision du
PADDUC.
Au-delà des bonifications pour les communes qui se doteraient d’un document d’urbanisme, il
est impératif que l’AUE se donne les moyens de les accompagner en ingénierie.
L’AUE doit enfin jouer pleinement son rôle d’aménageur dans l’élaboration des documents
d’urbanisme.
Enfin, la notion de statut de résident est présentée dans le rapport comme étant une mesure
socle dans la perspective d’une évolution institutionnelle. Or, pour l’heure les discussions qui
ont eu lieu entre la Corse et Paris s’orientent vers un « statut de résidence », sur lequel j’ai pu
exprimer les plus vives réserves.
En l’absence d’un statut de résident, la fiscalité s’appliquant notamment aux résidences
secondaires risque d’accélérer la mécanique de dépossession. Elle ne dissuadera pas les
étrangers fortunés d’acquérir un bien. En revanche, faute de statut de résident, il ne sera pas
possible de différencier les résidences secondaires des biens patrimoniaux appartenant à des
corses, qui devront faire face à une taxation supplémentaire.
La série de mesures s’articulant autour d’une fiscalité anti-spéculative doit s’inscrire dans un
dispositif global pour l’obtention d’un statut fiscal et social afin de pouvoir être pleinement
appréhendée et efficiente.
Le rapport à la Terre se trouve dans un processus d’inversion des valeurs et nous projette dans
un développement hors-sol.
Sur la question des terres agricoles :
Lors de la dernière session, j’interpellais le Conseil exécutif sur la nécessité absolue d’engager
un débat de fond mais surtout une action résolue pour la préservation des terres agricoles. La
« sanctuarisation de 105 000 hectares d’Espaces Stratégiques Agricoles » dans le PADDUC ne
suffit pas, loin s’en faut, à régler le problème. Au-delà de la préservation des terres, il en va de la
survie d’une économie agricole permettant de tendre à l’autonomie alimentaire dont une île ne
peut se passer.
Car oui, il y a aujourd’hui une spéculation sur les terres agricoles engendrant des multiples
pressions pour permettre leur constructibilité.
La meilleure garantie pour lutter contre cela, c’est le développement d’une politique agricole
offensive, concertée avec l’ensemble des acteurs :
– Sécuriser le foncier ;
– Former /Accompagner ;
– Installer massivement ;
– Soutenir la production.
Il faut revoir les dispositifs de préemption et de mobilisation foncière, doter les organes
compétents, notamment la SAFER de moyens plus importants et penser là aussi une fiscalité, un
système de financement adapté.
Pour cela il n’est pas possible d’attendre d’hypothétiques évolutions statutaires, il faut agir dès
maintenant avec l’ensemble des outils déjà disponibles. Aujourd’hui encore au sein de différentes
commissions notamment la CTPENAF des terres agricoles basculent.
J’insiste les terres agricoles sont de plus en plus soumises à la spéculation, ce point doit faire
l’objet d’une attention particulière.
De façon générale, l’évolution constitutionnelle qui conférerait à la Corse les moyens d’agir
mieux et plus efficacement dans tous les domaines ne peut s’opérer qu’à travers un très large
transfert de compétences et un pouvoir législatif. Il ne peut s’agir d’une décentralisation
améliorée que l’on maquillerait en autonomie.
L’écriture constitutionnelle telle que validée ne constitue en rien une garantie et risque bien
au contraire de nous poser des entraves. Ce que Nazione et moi-même dans cet hémicycle
avons rappelé.
Enfin, l’idée selon laquelle l’obtention d’un statut d’autonomie favoriserait les comportements
mafieux est non seulement fausse, mais aussi insultante.
D’abord, jusqu’à preuve du contraire, nous ne sommes pas autonomes, loin s’en faut, et le débat
d’aujourd’hui est la triste démonstration que les dérives mafieuses prospèrent. Ensuite, il n’est
en rien établi que les territoires autonomes soient plus que les autres, soumis à la criminalité
organisée. Enfin, les différentes politiques qui ont été mises en œuvre jusqu’à aujourd’hui l’ont été
à l’aune d’un centralisme parisien incapable d’appréhender toutes les particularités de notre île.
C’est ainsi notamment que la « proximité », les solidarités, les réseaux familiaux et amicaux, notre
petite taille sur le plan démographique et géographique, ont été considérés uniquement comme
des facteurs de porosités malsaines et jamais appréhendés comme des atouts possibles.
Dans la perspective d’une réelle évolution constitutionnelle, la démonstration contraire devra
être faite et nous en avons les moyens. Nous ne sommes pas les seuls à devoir gérer cette
question, des pays indépendants le font et ne sont pas pour autant, plus que d’autres, soumis à
la corruption et la pression permanente.
Il faudra dans ce domaine prendre toutes nos responsabilités et mettre en œuvre les moyens
juridiques et administratifs qui permettent de décliner les actions. J’entends par là travailler en
études comparées, par l’expérimentation concrète dans les différents domaines qui permettent
en prospective de mettre en œuvre des procédures innovantes dans la perspective de transfert
de compétences. Dans les domaines du foncier et de l’urbanisme par exemple.
III. La lutte contre les drogues
Durant de nombreuses années, le mouvement national dans toutes ses composantes s’est trouvé
bien seul, lorsqu’il dénonçait le développement de ce trafic et les dangers de la consommation.
Le trafic de drogue a pris une ampleur considérable ces dernières années, avec une insertion de
la Corse dans un circuit qui la dépasse. Bien évidemment, en Corse même la consommation de
drogue a considérablement augmenté, touchant toutes les catégories sociales en ville, comme
dans les villages.
Les propositions du Conseil exécutif s’articulent autour de la sensibilisation de la jeunesse et
de l’implication des acteurs économiques en décrétant la lutte contre la drogue grande cause
nationale.
Il s’agit la d’un travail de longue haleine.
Nous n’allons pas en Corse comme dans le reste du monde, éradiquer totalement le trafic et
la consommation de drogue. Pour autant, nous ne devons en aucun cas l’accepter comme une
fatalité et nous devons tenter de faire mieux. Il faut marginaliser ces comportements.
C’est un travail que l’institution peut et doit accompagner mais non pas piloter seule. Elle doit,
en effet, pour un travail plus efficace, fiabiliser les données notamment sur la consommation.
Ce qui compte c’est de mobiliser les corses autour d’actions collectives. D’ailleurs les exemples
cités, notamment les initiatives de l’association Libera en Italie, se basent sur la mobilisation du
collectif.
Nous avons pour cela un atout, celui de notre proximité avec le tissu associatif, avec différents
acteurs, qui permet l’interaction. Le label A droga innò qui serait délivré aux commerçants
et organisateurs d’évènements festifs signataires d’une charte, ne peut se limiter à la pose
d’un autocollant.
Ce qui doit compter c’est comment créer un réseau, un maillage, par quartier, par village,
par région et animer ce réseau d’acteurs. Afin que ceux-ci deviennent force de propositions
d’actions ayant pour objectif de sensibiliser la jeunesse mais aussi de façon bien plus large. Il
faut que dans le corps social se diffuse par des actions de communication notamment, mais
aussi des initiatives concrètes, un contre-message :
– Le rail de coke, n’est pas un accessoire de mode ;
– Les dealers sont des marchands de morts.
Il faut procéder par les solidarités, à une mise à l’index en quelque sorte de ces comportements.
L’action est aujourd’hui évidemment plus ardue en raison de la déstructuration sociale et
culturelle.
Nous ne pourrons créer de dynamiques populaires seulement si celles-ci s’insèrent dans un
combat culturel global.
Il convient aussi de mobiliser l’ensemble de la jeunesse à travers les syndicats, les associations,
les acteurs culturels sur lesquelles je reviendrai par ailleurs. L’Assemblea di a Giuventù avait déjà
proposé dans ce domaine un certain nombre d’actions qu’il conviendrait de reprendre.
Sur le plan éducatif, la sensibilisation des plus jeunes est fondamentale. Elle doit faire l’objet d’un
travail au cœur des établissements scolaires en interaction avec la communauté éducative mais
aussi en maillant le territoire, au sein des associations sportives et culturelles.
En un mot ce ne sont pas les chartes ou les labels qui inverseront la tendance mais la capacité
de cette Collectivité à accompagner une action collective sur le long terme en la faisant vivre au
plus près du terrain. Cela demande des moyens, des ressources, des personnes dédiées, de la
volonté politique.
IV: Enjeux éducatifs, culturels, et sociaux
« Studià hè Libertà » cette déclaration de Pasquale Paoli dont l’Università di Corsica a fait sa
devise est plus que jamais d’actualité.
L’éducation, l’accès à la culture donnent des armes, celle du savoir, de la liberté de choisir. Elle
dote d’un système de valeurs qui nous permettent de poser sur notre réalité une grille de lecture
pour nous déterminer, nous affranchir des logiques d’asservissement. C’est sans doute dans cette
partie que se joue l’essentiel de l’action à mener.
Plusieurs écueils se trouvent selon moi dans cette partie du rapport.
En Corse, l’enjeu éducatif est aussi d’un autre ordre: la langue, la culture ne peuvent être
seulement convoqués comme des alibis de communication, des slogans.
La question éducative est insuffisamment abordée dans sa dimension sociale et sociétale.
L’éducation c’est bien sûr l’institution, l’école. Elle demeure un partenaire fondamental. Pour
autant elle ne peut être le partenaire unique.
L’éducation c’est aussi l’Università di Corsica avec laquelle il faudra beaucoup plus travailler de
manière concrète. Elle est un acteur majeur sur le plan scientifique et dans le domaine de l’aide
à la décision.
L’éducation, ce sont aussi des acteurs de la formation qui sont en Corse nombreux et à mon sens
insuffisamment pris en compte dans ce rapport. Ils sont pourtant des acteurs déterminants dans
le maillage du territoire.
L’éducation, c’est enfin la famille, les parents qui doivent inculquer à leurs enfants, le respect de
la vie, le goût du travail, leur apprendre que l’argent ne supplante pas tout. La liste est loin d’être
exhaustive.
L’éducation, c’est aussi un réseau d’acteurs associatifs, culturels qui en Corse sont nombreux
et me semblent être ici très largement relativisés. Je pense notamment aux Case di e
lingue, à e Scole di Cantu, aux écoles associatives, aux associations culturelles. Lorsque
l’on parle de l’importance des logiques de proximité positives, ils apparaissent pourtant
incontournables
Ce rappel également pour encourager à penser des dispositifs adaptés au-delà du temps scolaire.
Ce rappel, aussi pour mobiliser là encore l’ensemble des acteurs autour de démarches collectives
Le rapport du Conseil exécutif articule dans le domaine éducatif ses propositions autour de la culture de la légalité avec tout un ensemble d’actions qui en découlent. Cette déclinaison copié-collé de dispositifs existant dans d’autres réalités sans adaptation à notre réalité propre ne me semble pas pertinente en l’état. Il est toujours intéressant d’aller voir ce qui se fait ailleurs mais pour ensuite pouvoir se l’approprier.
Pour ce faire, je préfère largement développer des mesures autour du concept de citoyenneté
qui dans le rapport est juste évoquée. La citoyenneté se fonde sur des droits et des devoirs.
Nous venons d’une tradition philosophique et politique où la démocratie, la justice, la liberté,
l’équité, le goût de l’avant-garde pour faire face aux réalités de notre temps étaient fondatrices
de l’idéal national.
Développer une citoyenneté corse fondée sur l’acquisition de ses valeurs, du respect de la vie, de
principes, qui fondent la société où s’insère la connaissance du droit indispensable dans un cadre
global, dotant les enfants de tous âges d’un esprit critique me paraît être un meilleur guide d’action.
Il nous faut former des citoyens capables également de s’engager, de dire non, de s’opposer
lorsqu’il le faut, de défendre leurs droits lorsqu’ils sont remis en cause. Des femmes et des
hommes libres, capables de refuser les dérives, les emprises, la voyoucratie.
En un mot, que certains trouveront peut-être caricatural, inculquer à un enfant, aux jeunes, le
rejet absolu de certains comportements pas seulement parce qu’ils sont répréhensibles mais
parce qu’ils contreviennent aux principes qui fondent la vie en société.
De façon pratique, décliner des contenus pédagogiques qui appréhendent les dimensions
historiques, culturelles, linguistiques et sociétales permettant de composer en quelque sorte un
système de repères de référence.
Je regrette que dans ce rapport il ne soit pas fait mention du phénomène d’acculturation et de
déculturation que le peuple corse a eu à subir et subi encore. Cela aurait donné à mon sens la
dimension réelle du « combat culturel » qu’ici nous devons mener. Celui-ci revêt en Corse une
dimension particulière.
Un combat culturel global, dans lequel la lutte contre les dérives mafieuses, contre l’emprise,
s’inscrit comme le choix du refus de toute forme de domination.
Dans la première partie de cette contribution j’ai évoqué la nécessité d’affronter nos parts
d’ombre, nos faiblesses à la lumière de nos forces, de nos potentialités de nos valeurs réelles.
Sinon nous penserons encore, à côté de nous-mêmes. Le champ culturel me paraît le champ de
force tout désigné.
Pour prendre un exemple la question du rapport à la « Terre » mentionné rapidement dans ce
rapport mais qui est centrale. Celui-ci nous renvoie à la valeur que nous devons lui donner, pas
celle marchande mais bien celle existentielle.
Nous naissons sur une terre, en un lieu avec lequel nous établissons un lien à travers une langue
qui traduit nos valeurs, nos façons de penser, notre rapport au monde, notre rapport à la vie.
L’anthropologue Maurice Godelier, affirmait:
« Il ne peut y avoir de société, il ne peut y avoir d’identité qui traverse le temps et serve de socle
aux individus comme aux groupes qui composent une société, s’il n’existe des points fixes, des
réalités soustraites, provisoirement mais durablement, aux échanges de dons et aux échanges
marchands. »
Définir par un travail sur les contenus pédagogiques, culturels ce socle, ces réalités que nous
devons soustraire aux échanges, que nous n’avons pas le droit de brader, dont nous sommes
dépositaires et qu’il nous faudra transmettre.
La proposition du Conseil exécutif qui dans le rapport s’intitule « Redonner du sens au bien
commun » pourrait ici trouver des déclinaisons concrètes.
Dans ce travail de fond le monde culturel à un rôle majeur à jouer et on ne le retrouve pas dans
ce rapport. Tout comme, l’implication des confréries est indispensable tant celles-ci ont un rôle
cultuel, culturel et social important.
La culture permet de réactiver la mémoire collective, les figures, les personnages. Ces figures
de « démythification » ne nous sont pas étrangères, nous n’avons pas besoin de les importer,
elles sont les nôtres, elles sont elles aussi une part de nous-même, elles vont puiser dans nos
imaginaires, dans notre histoire, dans notre culture, dans nos réalités parfois masqués mais qui
existent, qui sont bien là. Ces réalités loin des stéréotypes dont on nous affuble, dont nous nous
affublons.
Tout comme, par des actions éducatives nous devons valoriser ces jeunes qui dans tous les
domaines entreprennent, innovent, créent de la richesse. Ces jeunes, qui lorsqu’ils apparaissent
quelques secondes à Via Stella ou sur une page du Corse-Matin au milieu d’une réalité obscure,
nous convainquent : « Quì dinò, ci si po riesce, quessi dinò sò i nostri ».
Il y a quelques jours, je découvrais le film le Mohican de Frédéric Farucci, l’histoire de ce berger
qui résiste aux « maffiuselli » qui veulent s’accaparer sa terre et qui devient malgré lui et par la
force des réseaux sociaux, un héros. Ce personnage du berger venant écorcher l’image de petits
maffieux dans leur laideur la plus crue, la plus vraie, la plus méprisante et méprisable.Il s’agit d’un
film certes, mais nous connaissons la force d’une œuvre, il a suscité beaucoup de réactions,
sur les réseaux sociaux, beaucoup l’ont ressenti comme le premier film de résistance corse à la
maffia. Dans cette œuvre, nous pouvons bien sûr avec angoisse voir se dessiner cette part de
réalité crue, celle des pressions, celle de cette emprise mafieuse qui tente d’enserrer la société
corse. Mais dans un même mouvement, se dessine l’espoir qui jaillit de la noirceur, dans un
regard, un visage, au détour d’un chant, d’une inscription sur un mur, de la force de la jeunesse,
de solidarités, de choix.
De cette capacité de résistance qui devient force de vie.
Je lisais, ces derniers jours un article de Toni Casalonga intitulé le Préfet et le Mohican publié
dans la revue Robba, il appelait entre le déni et l’auto-flagellation à choisir le chemin de la
responsabilité.
« Più ùn saremu più nudda, cuntenti d’essa ci sbarazzati di a nostra cultura, di a nostra lingua, di
i nostri valori, di a nostra mimoria, più l’impustura truvarà indè no locu è onori, è sarà a nostra
fiertà » Ste parolle di Saveriu Valentini, ci chjamanu à ritruvà ciò che no semu, à sapè la, luntanu
di e caricature di noi stessi. Ste parolle ci chjamanu à ùn esse stangeri à noi stessi.
A lotta contru à e svie mafiose si scrive in un indiattura bella di più larga quella di a sucetà chè
no vulemu.
In quantu di naziunale, ci duvemu sfà di a dipendenza, in l’atti, in u pinsà, sè no vulemu riesce.
A lotta di liberazione naziunale, hè suciale, culturale, sucetale, è in stu sensu ricusa ogni logica di
duminazione, dà u drentu è da u fora.
Sfà si di a logica di e logiche di u soldu rè chì anneganu u cumunu, luttà contru à u spussessu,a
speculazione dà firmà maestri di u nostru destinu ».
« Per un populu vivu, ch’ùn vole esse domu,
Per un zitellu chì dumane sarà omu »
Josepha Giacometti Piredda