(Unità Naziunale – Lutte de masse – Publié le 3 juillet 2024) Le 2 juillet, le Secrétariat National du STC a pris une position publique hautement politique en appelant tous ses militants « à se mobiliser contre le RN afin de faire vaincre les intérêts de la Corse et des travailleurs corses qui se situent, incontestablement. à l’opposé de leurs idées rétrogrades, de leur politique colonisatrice et de leur vision destructrice de l idée nationale corse ».
C’est dans la continuité de cette prise de position à laquelle j’adhère de manière inconditionnelle, et en ma qualité de Délégué Syndical et Elu au CSE de Corsica Linea, que je veux ici mettre à l’index une incohérence programmatique de l’extrême droite française.
En effet, le Front National, pardon, le Rassemblement National, par la voix de son super héros Jordan Bardella, a promis, parmi les mesures annoncées, la mise en place d’une « taxation des armateurs ». Une proposition qui de prime abord peut sembler alléchante, laissant à penser que la main de notre nouveau « Jordan des bois » va se glisser dans les poches des armateurs pour dérober leurs richesses afin de les redistribuer ensuite au bon peuple sous forme de pouvoir d’achat.
Oui mais voilà, en vérité il n’en est rien, car, à y regarder de plus près, sous l’apparence d’une mesure fiscale qui prendrait aux « riches » pour donner aux « pauvres », nous nous dirigeons en réalité vers une mesure qui ne sera autre qu’une taxe au tonnage.
Ce tour de passe passe électoraliste, à peine voilé d’un effet d’annonce, aura pour conséquence une taxation des compagnies exploitant des navires battant pavillon français premier registre, dont les sièges sociaux sont établis en France et, paradoxe des paradoxes pour ce parti politique, employant des marins « français »…
Dans les faits, cette mesure impactera directement les trésoreries des compagnies maritimes délégataires du Service Public de Continuité Territoriale. Ce sont donc des dizaines de millions d’euros qui seront alors amputés aux compagnies desservant la Corse sous l’ère Bardella.
Ce choix aura inéluctablement des effets dévastateurs dans notre secteur d’activité avec notamment les impacts directs suivants :
- Une baisse du niveau des conditions sociales des travailleurs,
- Une baisse du niveau de rémunération de ces derniers, avec des conséquences certaines sur leur pouvoir d’achat.
- Une potentielle réduction de voilure de l’activité des compagnies, se traduisant par une révision à la baisse du plan de flotte (nombre de navires exploités) et donc, par effet domino, des retombées désastreuses en terme d’emplois induits,
- Une baisse du niveau de qualité du service rendu que sont en droit d’attendre les usagers du Service Public.
Par ailleurs, à l’heure où le dumping social et fiscal pratiqué par les compagnies armant des navires sous pavillon de complaisance doit être combattu avec force. cette proposition accentuera de fait la concurrence déloyale à l’endroit des compagnies exploitant des navires sous pavillon français premier registre.
Ainsi, pour tout ce qui précédé, et pour bien plus encore, j’appelle les travailleurs marins (personnels d’exécution et officiers) et sédentaires, à l’instar du Secrétariat National de notre syndicat, à faire barrage au RN lors du deuxième tour des élections législatives ce dimanche 7 juillet 2024.
Florian Furclos
Délégué Syndical et Elu CSE