MOTION votée à l’unanimité des membres présents de « LINGUA CORSA”, le 2 Septembre 1962.
L’Assemblée Générale de « LINGUA CORSA », Académie Littéraire corse, réunie les 1, 2 et 3 Septembre 1962, à Baraci, près de Propriano, à la suite de la Consulte des Corses de l’Extérieur, tenue à Corte, le 19 Août dernier, et de la réunion, le 24 Aout dernier, également, de l’Union Nationale des Etudiants Corses et d’autres représentants de L’île, a adopté, à l’unanimité, la motion suivante :
Considérant que savoir et étudier sa langue maternelle est, pour chaque famille, petite ou grande, un droit imprescriptible et sacré,
Considérant que la France a toujours donné des preuves de sa sollicitude aux intérêts matériels et moraux des groupements humains constituant la Nation,
Considérant que les langues allemande, celtique, occitane et basque sont enseignées, à des titres divers, en Alsace, en Bretagne et dans le Midi de la France,
Considérant que l’usage de la langue corse est, pour nous, une supériorité à laquelle nous ne saurions renoncer, sans nous interdire la connaissance d’un magnifique héritage culturel.
Considérant que la dispersion des Corses dans le monde entier fait, du corse, un merveilleux et émouvant signe de reconnaissance et de ralliement, et qu’au surplus, certaines de nos pensées ne peuvent être pleinement exprimées que dans notre langue maternelle.
Ayant pris connaissance, d’autre part, du rapport fait par M. Jean Le Luc, au nom de la Commission des Affaires Culturelles, Familiales et Sociales, sur les propositions de loi de M. Crovan, et plusieurs de ses collègues, relative à l’enseignement des langues régionales, ainsi que sur la proposition de loi de MM. Raoul Bayou et René Hostache et de plusieurs de leurs collègues, relative » l’enseignement des langues régionales, ainsi que de la proposition “loi relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux , du 11 Janvier 1951,
AFFIRME
son entière solidarité avec les auteurs du dit rapport et de la dite proposition de loi.
ADHERE
de façon totale au texte et à l’esprit des dits documents.
ÉMET LE VOEU
- que le Gouvernement se préoccupe, enfin, de la question de la langue corse ;
- que toutes les dispositions présentes et à venir, prévues quant à l’enseignement des langues bretonne, d’oc, catalane et basque soient étendues à la langue corse ;
- que tous les représentants élus du département, à quelque titre que ce soit, donnent un appui effectif et total aux organismes corses, insulaires et extérieurs, qui se préoccupent de cette question et manifestent leur volonté d’aboutir par une action incessante et vigilante ;
Considérant que « LINGUA CORSA » et « U MUNTESE ont été, depuis plusieurs années, les promoteurs de l’institution en Corse d’une Université ; qu’il est indispensable de permettre aux jeunes Corses d’aborder, sur place, les divers cycles d’études supérieures, et afin de réduire, d’une part, les frais de leur établissement et, d’autre part, d’arrêter l’hémorragie démographique qui vident département,
DONNE
son appui total à tous ceux qui œuvrent dans ce sens,
SOUHAITE
que les diverses représentations élues de L’île comprennent la nécessité d’une union sans arrière-pensée et la manifestent par une action conjuguée ; qu’il en soit de même de tous les groupements et associations existant tant en Corse qu’à l’extérieur,
SOULIGNE
l’urgence de cette action commune et concertée devant l’aggravation du malaise corse, malaise dont le Gouvernement doit prendre une conscience plus nette, les malaises, s’ils ne sont prévenus, étant toujours précurseurs de mouvements d’autant plus désagréables q »ils sont plus justifiés.