(Unità Naziunale – Gestion Institutionnelle – Publié le 23 février 2023) U Partitu di a Nazione Corsa tenait ce matin une conférence de presse sur Aiacciu à la veille de la réunion sur Paris avec le gouvernement.
Voici le texte de la conférence de presse :
C’est donc à la veille de la reprise des réunions place Beauvau entre la Corse et Paris, que le parti décide de s’exprimer pour la première fois sur le processus en cours.
Après plusieurs semaines d’absence de dialogue, la reprise des discussions a été amorcée par le Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin lors de sa visite du 06 février dernier. Profitant de l’hommage rendu au Préfet Claude Erignac, le ministre a renouvelé sa volonté de « tourner la page » et de « construire la paix » au nom « des morts qui nous regardent ».
À quelques jours de la date anniversaire de l’assassinat d’Yvan Colonna, dont nous entendons ici saluer une nouvelle fois la mémoire, les représentants de la Corse se rendront donc à Paris pour entamer un nouveau cycle de discussions avec l’État. Si, pour notre part, nous prenons acte des déclarations du ministre Darmanin, nous entendons inscrire solennellement notre mandat dans le droit fil des luttes contemporaines de ce peuple qui se bat depuis plus de 60 années pour la reconnaissance de ses droits nationaux.
C’est au nom de ce combat historique, et de notre volonté réciproque de construire la paix, que nous nous inscrivons dans ces discussions.
Nous tenons à réaffirmer que nous sommes tout autant attachés, que les autres membres de ces discussions, à la réussite du processus en cours. Nous considérons que ces discussions doivent donc devenir un véritable processus politique qui ne peut, de préalables en lignes rouges, se dérouler au gré de l’actualité.
« Installer le fait national Corse au cœur du processus d’évolution institutionnelle »
Dans ce moment politique qui nous porte à défendre les intérêts de la Corse et des Corses, la course contre le temps qui aggrave le contexte et économique, social, démographique et culturel de notre pays impose à tous les protagonistes une exigence de résultat, en toute transparence et en levant tous les tabous, si tant est qu’il en persiste entre la Corse et Paris.
À ce titre, 2023 se veut conclure la première phase du processus politique engagé il y a bientôt un an, et balayer tous les préalables et lignes rouges évoquées par l’État. De la même manière, il ne saurait s’agir d’entretenir la confusion entre gestion des affaires courantes et solution politique durable.
Il convient du Cours Grandval à la place Beauvau, d’en prendre toute la mesure et d’en réunir les conditions.
Pour notre formation politique, le retour au dialogue ne peut souffrir d’un scénario de type « retour vers le futur » se traduisant par des interpellations touchant désormais la jeunesse patriote corse, laquelle a et aura tout notre soutien en pareille circonstance. D’autant que nous voulons voir, quelques jours après la décision favorable de semi-liberté pour Petru Alessandri, une issue favorable rapide à la question fondamentale des prisonniers politiques Corses.
Dans son discours du 06 Février dernier, le ministre a reconnu l’existence d’un conflit politique. Il est donc désormais nécessaire d’en prendre la mesure, et d’y répondre de façon politique comme cela s’est fait ailleurs en Europe et dans le monde ; avec des réponses éminemment politiques.
Sur le plan institutionnel, l’heure n’est plus, désormais, aux tergiversations, mais bel et bien, à des discussions politiques en vue d’une solution politique globale pour ce pays. Il convient donc aux élus de la Corse, collectivement, de se mettre véritablement au travail et de proposer un projet opposable à Paris.
Bientôt un an après le début des discussions, nous ne pouvons en rester à des réunions d’ordre méthodologique. C’est au nom de notre héritage politique, de nos années de combats, et des sacrifices passés, que les élus du PNC monteront à Paris, avec la ferme volonté de rappeler le fait national Corse.
•Un calendrier de négociation resserré pour acter la construction d’une nation via un projet politique au service du Peuple Corse, à la hauteur des enjeux économiques, sociaux, culturels
Paris a longtemps été pour le nationalisme corse synonyme de rendez-vous manqués avec l’Histoire. Depuis les années soixante-dix, jouant à la fois sur plusieurs tableaux, divisant souvent le mouvement national, feignant de calmer en alternance climats social et politique plutôt que d’aller, une fois pour toutes, au fond et au règlement des choses, l’État n’a jamais pris la juste mesure du problème corse et des décennies de conflits, et s’est toujours refusé de conclure un accord politique reconnaissant les droits du peuple corse.
Pour notre part, qu’il soit bien clair que nous n’entendons pas brader le destin d’une nation sur l’autel d’une autonomie de compensation, vague cousine d’une décentralisation programmée par ailleurs, et des promesses répétées de subventions à coups de millions.
Il conviendra donc de poser à l’État la question d’une volonté effective ou non d’intégrer dans le cadre des négociations le principe des trois blocs de compétences :
- Compétences exclusives de l’État
- Compétences exclusives de la Collectivité Unique Autonome de Corse
- Compétences partagées (transfert progressif).
A cela devra s’ajouter rapidement, la question du transfert du pouvoir législatif et règlementaire, qui par ailleurs est déjà octroyé par la constitution à d’autres territoires français.
Il faut en finir avec les approches sectorielles qui entendent volens nolens diluer la question de reconnaissance des droits d’un peuple. Le tout va bien aux allures de mensonge de santé ne masque plus depuis bien longtemps les tristes records, liés à l’aggravation de la pauvreté, de la précarité, du mal logement et du mal vivre, de l’inflation des produits alimentaires, de première nécessité, des carburants, de l’énergie et des transports, de l’augmentation exponentielle de résidences secondaires, du prix du foncier, notamment au moment où la Corse s’interroge dramatiquement sur les questions de l’aménagement du territoire, sur la fiscalité, sur l’avenir du PADDUC ou bien encore sur l’épineuse question énergétique et hydraulique ou celle d’une PPE en panne.
Nous rappelons ici et maintenant l’impérieuse nécessité de rétablir un véritable rapport de force, qui ne peut passer que par l’unité stratégique, et celle d’élaborer enfin un projet porté par la Corse et pour la Corse, à l’heure où les bancs de l’assemblée de Corse sont occupés à plus des 2/3 par des forces nationalistes.
Au-delà de ce premier considérant, les derniers curseurs économiques, démographiques et culturels ne doivent pas inspirer les uns ou les autres à jouer la montre. Dans ce scénario chronophage, face au danger avéré de disparition programmée du peuple corse, face à la dépossession de la terre, à la décorsophonisation de ses enfants, à l’arrivée massive d’une population qui déstabilise le corps social et les équilibres sociologiques et culturels, face à un système économique subi qui aggrave nos dépendances, qui accroît les inégalités et la précarité dans les villes et la ruralité, il manque à la Corse, dans ce combat, ce socle opposable, ce projet, cette vision d’avenir, une trajectoire de construction nationale à poser autrement et durablement.
Car, au final, c’est ce qui nous importe tous et qui, plus particulièrement, nous motive dans notre action politique : l’héritage que nous laisserons à nos enfants que nous ne pouvons imaginer différemment d’une terre préservée sur laquelle ils pourront se loger, travailler, vivre et transmettre à leur tour notre identité et notre culture.
Que chacun comprenne enfin que notre engagement ne se résume pas à une joute corso-française, mais que ce combat est aussi celui d’une nation sans état d’Europe, solidaire d’autres nations sans état. Notre temps n’est ni celui des préfets, ni celui des prisons, ni celui de Paris. Notre agenda est immuable : il est celui des peuples en route vers l’émancipation et l’autodétermination.
Da fà Nazione ! »
PNC
23/02/2023