(Unità Naziunale – Lutte de masse – Publié le 12 mai 2022) Se tenait ce matin une conférence de presse du STC à la veille de la rencontre entre la Corse et Paris. Le syndicat a tenu a faire entendre ses positions.
Voici le texte de la conférence de presse :
È ORA DI CAMBIA D’ANDATURA
Tout d’abord, une information pratique. Cette année 2022 aurait dû être une année de Congrès pour notre organisation Syndicale.
Un congrès étant un moment fort dans la vie d’un syndicat, en particulier pour le STC. il se prépare sur plusieurs mois.
Pendant le COVID. Il ne nous a pas été possible de créer les conditions d’une mise en place optimale de cet évènement.
Nous avons décidé de reporter d’un an notre 12ème congrès, au printemps 2023.
Nous tenons aujourd’hui une conférence de presse qui fait suite à des semaines éprouvantes pour la Corse et son Peuple.
L’assassinat en Prison d’Yvan COLONNA a créé un électrochoc dans la société corse et en particulier dans sa jeunesse.
Nous avons vécu des mobilisations sans précédents.
Des dizaines de milliers de personnes dans la rue pour faire passer un triple message au gouvernement Français :
• Vérité sur l’assassinat d’Yvan Colonna,
• rapprochement et Libération des prisonniers politiques.
• reconnaissance du peuple Corse et de ses droits légitimes.
Le STC y a participé avec l’ensemble de ses adhérents, à la totalité des mobilisations ainsi qu’à des actions symboliques menées par certaines de ses sections.
Nous nous sommes investis avec nos particularités au sein du collectif mis en place à CORTI. L’État Français a joué le pourrissement puis créé un espoir pour finir par arrêter momentanément le processus engagé avec la venue du ministre de l’intérieur, prétextant un climat de violences.
Nous l’avons dit et réitéré dans des nombreuses instances et en particulier au CESEC. lors de la séance plénière de mars 2022.
Ce que nous avons vécu, ce n’était pas de la violence mais un sursaut salvateur en particulier de notre jeunesse.
Aujourd’hui nous sommes à la veille d’une reprise d’échanges entre la Corse et l’État, (rencontre prévue le 18 ou 19 mai).
La Corse est-elle prête à parler d’une seule voix pour véritablement se faire entendre ?
La Corse est-elle prête à défendre une autre vision économique et sociale ?
Le STC est là aujourd’hui pour réitérer son exigence !
DANS LE DOMAINE DE LA LANGUE
• La coofficialité : il ne peut pas y avoir de règlement politique sans émancipation linguistique et culturelle. Une modification constitutionnelle nécessaire afin de permettre l’officialisation de la langue corse sur le territoire de Corse pour construire les fondations d’une coofficialité harmonieuse est indispensable. Il ne peut y avoir de lignes rouges sur les fondamentaux de la lutte d’émancipation nationale de la Corse.
Le Peuple Corse a affirmé à plusieurs reprises à travers des votes massifs lors des différents scrutins d’élections territoriales, mais également de façon unanime à travers des votes de l’Assemblée de Corse délibérante : l’État doit nous permettre de nous ouvrir les voies et moyens constitutionnels et législatifs d’y accéder.
Il ne peut y avoir de planification linguistique aussi bien dans le volet sociétal que dans sa dimension éducative sans un cadre statutaire de langue coofficielle permettant de changer profondément de paradigme et de permettre à la société corse dans son intégralité de se réapproprier son patrimoine linguistique et culturel.
• Le système éducatif corse : le STC revendique un cadre normatif spécifique permettant d’accompagner cette réappropriation généralisée et efficiente de la langue corse en revisitant les programmes officiels de la maternelle à l’Université dans une feuille de route programmatique en phase avec cette démarche éducative et sociétale émancipatrice.
PAS DE REGLEMENT POLITIQUE SANS UN ACCOMPAGNEMENT SOCIAL
En 2002, lors des accords Matignon, le volet social avait été écarté délibérément.
Vingt ans après, la Précarité, la pauvreté grandissent jour après jour en Corse.
À aujourd’hui, aucune rencontre prévue avec les OS.
Nous exigeons un véritable volet social avec la présence des Organisations Syndicales et en particulier de la nôtre.
Il faudra trouver des réponses à toutes ces interrogations. Les évolutions institutionnelles doivent permettre la possibilité de légiférer dans plusieurs domaines.
À ce titre, nous revendiquons :
• Un SMIC Corse mieux disant que le SMIC Français.
• La mise en place de Conventions Collectives Territoriales Interprofessionnelles dans notre tissu économique qui est constitué en grande majorité par des Toutes Petites Entreprises.
Avec un salaire au SMIC, c’est travailler pour faire le plein de carburant. En Corse, la voiture personnelle est un outil de travail. Aujourd’hui, le manque à gagner dû à l’augmentation des carburants ne permet plus aux travailleurs pauvres de se nourrir correctement. On ne parle plus de vivre mais de SURVIVRE. Est-ce la Corse que nous voulons construire ?
LA NÉGOCIATION ITRC
Nous exigeons la relance de la négociation sur l’ITRC.
Suite à de nombreuses demandes de notre part, une réunion des Organisations Syndicales de Salariés sous l’égide de la DREETS est prévue pour le lundi 16 mai prochain.
On nous parle de relance de l’économie, il faut qu’il y ait une contrepartie pour les salariés.
L’ITRC au niveau de ce qui était prévu en mars 2020 : 300 € minimum au 1*r Janvier 2022 !
Un refus des Organisations Patronales de discussion sur ce sujet, serait une véritable claque pour les travailleurs et pour la Corse.
UNE VÉRITABLE CONFÉRENCE SOCIALE
Le STC revendique aussi la relance dune véritable Conférence Sociale.
Celle qui s’est déroulée en 2019 et à laquelle le STC a participé de bout en bout n’est pas allée à son terme. Les produits de 1ère nécessité sont toujours plus chers que sur le continent français et font l’objet d’une augmentation exponentielle.
La Corse est encore loin de l’autonomie alimentaire.
La Grande Distribution n’a pas joué le jeu. Les contrôles n’ont pas été au rendez-vous.
Le Pouvoir d’achat, avec une inflation forte, est bloqué pour des milliers de personnes.
L’accès au logement avec un accroissement du prix des terrains est impossible pour notre jeunesse.
Le coût des carburants est toujours aussi prégnant.
Rien n’a été fait pour diminuer le prix à la pompe.
La situation en Ukraine n’a fait qu’accentuer ce déséquilibre.
Le coût des transports quotidiens pour la population est de plus en plus contraignant et discriminatoire.
Il faut une régulation du prix des carburants avec dans un premier temps une baisse significative et après un blocage des prix à la pompe.
(A titre de comparaison en mai 2022, Ile de la réunion 1,72€ le SP et 1,36€ le Gasoil, bouteille de gaz 23,99€).
Nous avons proposé une saisine en ce sens par le CESEC.
ÉVOLUTIONS INSTITUTIONNELLES – ÉVOLUTIONS SOCIALES
Les évolutions institutionnelles devront aussi définir les contours de la prise en compte de la représentativité Territoriale des Organisations Syndicales et en particulier de la nôtre dans les Organismes de Sécurité Sociale, au CREFOP. au CA de la MSA
Parce que l’on nous applique le DROIT COMMUN FRANÇAIS ;
Ce droit commun qui empêche la CORSISATION DES EMPLOIS, notamment dans la Fonction Publique d’État. Dans les futures négociations avec l’État Français, ce volet doit être réglé une fois pour toute afin que nos jeunes soient affectés en Corse après leur réussite aux concours (exemple pour les catégories A).
Pour la prochaine mandature 2023-2025, le STC va avoir 28 juges aux 2 Conseils des Prud’hommes, (15 sur 26 en Corse du SUD, 13 sur 23 en Haute-Corse). Tableaux en annexe. Cette répartition est issue directement des résultats aux élections professionnelles (CSE) et aux élections TPE.
Elle est le reflet de la Représentativité réelle sur le Territoire.
Il est inconcevable que cette réalité incontournable ne soit pas prise en compte dans toutes les structures institutionnelles.
Nous profitons de l’occasion pour revenir sur les différents votes de l’Assemblée de Corse du mois dernier.
• Les aides au Tourisme : le STC a fait valoir des positions claires. Il faut une contrepartie sociale à toutes aides aux entreprises.
Les OS ont été exclues des discussions concernant le dispositif expérimental d’un CDI pour les travailleurs saisonniers.
Depuis le début, le STC est opposé à cette mesure car elle n’aura qu’un effet d’aubaine avec une absence de garantie sur le moyen et long terme avec un coût exorbitant pour les finances publiques de la Collectivité de Corse.
Dans le cadre du Tourisme, la pénurie d’emplois dans les HCR est chronique.
Les effets de la réforme de l’Assurance Chômage sont effectifs cette année. De nombreuses personnes s’éloignent de ce domaine d’activité trop restrictif en temps annuel de travail et qui ne permet plus d’avoir une prise en charge entre 2 saisons.
• Sur la Desserte Maritime : le STC a, au CESEC. voté « Pour » la proposition de DSP pour 2023-2029.
Il a émis plusieurs inquiétudes qui ont été reprises dans l’avis global :
• Jugement de la CAA de 2018 concernant une nouvelle condamnation de la CDC par la Corsica Ferries de plusieurs dizaines de millions d’euros,
• Procédure formelle d’examen ouverte par la Commission Européenne sur la DSP 1ef octobre 2019 et 31-12-2020 et suivantes.
• Obligation dans l’appel d’offres de l’Application du Pavillon français 1er Registre seul garant du statut social des marins des compagnies délégataires.
• Nécessité de réponses groupées des 2 compagnies délégataires en particulier sur les 2 grands ports d’Aiacciu et de Bastia.
• Rachat des navires par la CDC à l’issue de la DSP alors que rien n’est précisé ni défini de manière contractuelle dans les appels d’offre.
Concernant la création d’une compagnie régionale publique, le STC a réitéré sa position. :
La Corse a besoin de maîtriser ses transports maritimes, en créant une entité Publique.
Nous avons perdu trop de temps depuis septembre 2016 en tâtonnant sur la forme que devait prendre cette nouvelle entité. (2 SEMOP, puis une seule SEMOP, et aujourd’hui une SPL…). Nous l’avions dit dès le départ le format SEMOP ne nous paraissait pas adapté à une desserte maritime. Le principe des SEMOP ayant été mis en place par la loi en 2014 et jamais dans des transports collectifs de cette envergure sauf pour de rares applications dans des transports urbains en 2020.
Il faut le dire concrètement et cela nous inquiète dans le cadre de la création de cette structure publique, à aujourd’hui, la Corse n’est propriétaire d’aucun outil naval et aux vues des difficultés financières pour la CDC dans les années à venir, il est peu probable qu elle ait la capacité de faire ces achats.
DANS LE SECTEUR DE LA SANTE
Les hôpitaux de Corse sont en grande difficulté. Les déficits se creusent et les conditions de travail de moins en moins supportables.
Les différentes reformes imposées par l’État ces dernières années n’ont fait qu’aggraver la situation et encore plus sur notre territoire !
Toutes nos spécificités sont niées…
Nous revendiquons dans les plus brefs délais la mise en place de mesures indispensables pour une meilleure prise en charge des soins :
• La réévaluation des effectifs socles de nos établissements (notre demande porte sur un besoin de 150 ETP supplémentaire pour l’ensemble de la Corse
• L’effacement des dettes de nos hôpitaux.
• La mise en place d’un coefficient géographique et d’un financement spécifique qui prendra en compte les réels besoins financiers de notre territoire.
Il convient donc de reprendre les travaux sur les surcoûts liés à l’insularité
• L’ouverture d’une école des cadres de santé, la formation sur place d’IBODE d’IADE, ainsi que l’ouverture le plus rapidement possible de la formation de manipulateurs radio en corse.
• L’attribution d’une prime d’attractivité territoriale qui s’appliquerait pour les métiers en tension de nos hôpitaux.
• L’ouverture de lits pour les filières en gériatrie, cardiologie et médecine.
• La création d’un nouvel hôpital à BASTIA et non la rénovation de l’ancien.
STC
12 mai 2022