(Unità Naziunale – Lutte de masse – Publié le 27 avril 2022 à 11h08) À l’occasion de la séance des 28 et 29 avril, l’Assemblée de Corse est appelée à se prononcer sur un secteur stratégique pour la Corse, et donc sur un enjeu de souveraineté, celui des transports maritimes.
Sur ce dossier, Corsica Libera a défendu depuis des années maintenant une position constante et entend bien ne transiger nullement avec ses engagements pris devant les Corses de façon réitérée.
Le modèle de continuité territoriale que nous défendons repose sur le principe de maîtrise publique, seule garantie afin que les intérêts corses prévalent sur les intérêts particuliers des compagnies, quelles qu’elles soient, ou ne s’effacent devant ceux de la seule communauté portuaire de Marseille.
Ce modèle implique le rejet de tout démantèlement du périmètre du service public sous la pression des lobbys en tous genres, qu’ils soient économiques ou politiques, corses, français ou européens.
À cet égard, l’absence de remise en cause par Bruxelles du principe même d’une délégation de service public évite pour l’heure le pire, à savoir la mise en péril de l’emploi de centaines de familles de marins corses.
Cependant, nous réaffirmons que le modèle d’organisation des transports maritimes que nous voulons pour la Corse passe par la création d’une compagnie maîtrisée par la puissance publique corse, la Collectivité de Corse. Cette revendication historique de notre courant politique avait d’ailleurs fait l’objet d’un vote solennel de l’Assemblée de Corse en septembre 2016 dans le cadre de la mandature Pè a Corsica.
Or, le conseil exécutif propose aujourd’hui d’entériner l’attribution d’une nouvelle délégation de service public à des opérateurs économiques dans le cadre d’une exploitation 100% privée et ce, jusqu’en 2029.
Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un renoncement au projet de compagnie maritime corse voté, le poing levé, il y a maintenant six ans et donc à nos engagements communs. À la fin de la DSP treize années se seront en effet écoulées depuis ce fameux vote présenté alors comme « historique ».
Ce alors qu’en novembre 2020, suite à un amendement du groupe Corsica Libera, l’Assemblée de Corse et le Président du conseil exécutif avaient fixé au 1e janvier 2023 la mise en œuvre effective du projet de compagnie corse maritime corse sous maîtrise publique.
Pour sa part, Corsica Libera reste fermement favorable à une compagnie maritime nationale et non à un projet de compagnie patronale.
Nous restons, en effet, persuadés que la sauvegarde de l’emploi et la promotion d’un développement économique qui profite au plus grand nombre sont des objectifs qui ne peuvent être abandonnés aux seuls intérêts particuliers d’un consortium de patrons corses, de multinationales étrangères ou de sociétés dont le modèle social est aux antipodes de ce que nous voulons. Qu’ainsi, face aux aléas d’une concurrence entre compagnies qui fait peser un risque de casse sociale et économique (cf. l’épisode de la rupture du partenariat entre la Corsica Linea et la Méridionale en 2019), le contrôle de la Collectivité de Corse jusque dans l’exploitation de la compagnie demeure une garantie.
En conséquence, dans ce dossier comme d’un point de vue général, Corsica Libera entend bien maintenir un cap politique clair, constant et lisible plutôt que de pratiquer une navigation à vue dont la Corse et les Corses seront les grands perdants.
En conséquence, nous manifesterons notre opposition à un dossier qui, après le vote de plusieurs DSP dites de « raccordement » censées nous conduire vers l’avènement de la compagnie nationale corse, s’avère être aujourd’hui celui de la DSP du renoncement.
Corsica Libera
27 avril 2022