(Unità Naziunale – Lutte de masse – Publié le 18 avril 2022) Le premier tour des élections présidentielles françaises est identique à celui de 2017: Emmanuel MACRON et Marine LE PEN se retrouveront au deuxième tour dans un contexte de contestation populaire et de défiance à l’égard du pouvoir politique, aggravé par des choix et des modalités d’exercice du pouvoir qui ont contribué à accentuer la crise de la démocratie représentative française.
Ces tendances se retrouvent, aggravées, en Corse, où le Président Macron et ses gouvernements successifs ont, pendant cinq ans, systématiquement méprisé les choix démocratiques du peuple corse et le suffrage universel, ainsi que les élus désignés par les Corses pour les représenter.
C’est dans ce contexte que Femu a Corsica, après avoir réuni ses instances et consulté ses militant(e)s, prend la position suivante par rapport au deuxième tour de l’élection présidentielle.
Concernant Marine Le Pen, son programme, sa vision de la société, les orientations qu’elle propose pour la Corse sont aux antipodes de nos valeurs, de notre vision de la société, de nos choix politiques, et du combat historique mené par le peuple corse pour la reconnaissance de ses droits.
Nous appelons les femmes et les hommes de ce pays qui se reconnaissent dans le combat que nous menons depuis plus d’un demi-siècle à ne voter en aucun cas en faveur de Marine Le Pen.
Concernant Emmanuel Macron, nous avions, au deuxième tour de l’élection de 2017, appelé à voter en sa faveur, aussi bien pour faire barrage à l’extrême droite que pour donner à Macron une chance de mettre en application les engagements de rapprochement des prisonniers et de pacte girondin qu’il avait pris en tant que candidat.
Concernant le premier point, toute la stratégie politique d’Emmanuel Macron a consisté à se retrouver à nouveau face à Marine Le Pen, au lieu de mettre en place des politiques contribuant à faire barrage sur le fond à ce qui nourrit le vote en faveur de l’extrême droite.
Concernant le deuxième point, il a fallu attendre cinq ans et l’assassinat dans des conditions atroces et constitutives d’une affaire d’Etat d’Yvan Colonna pour que la promesse de rapprochement soit tenue.
Et le pacte girondin annoncé a laissé la place à une politique de négation et de régression sans précédent depuis 1982, date du premier statut particulier.
Enfin, le processus de dialogue annoncé, là encore après l’assassinat d’Yvan Colonna et des mobilisations populaires, et particulièrement de la jeunesse, sans précédent, a été suspendu.
Nous réaffirmons notre attachement à ce processus à vocation historique, qui doit impliquer l’ensemble des forces politiques et forces vives de l’ile, et déboucher sur une solution globale, y compris aux plans économique, social, culturel et linguistique, et sur un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice.
Mais force est de constater que les seules déclarations du Président de la République sur les objectifs de ce processus- sont restées ambiguës.
C’est au candidat Macron qu’il incombe de dire publiquement, pendant les derniers jours de campagne, s’il est favorable à une solution politique globale, à un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, à la reconnaissance du peuple corse et au respect des choix démocratiquement exprimés par celui-ci.
C’est au candidat Macron qu’il appartient de convaincre les Corses qui se reconnaissent dans les idées que nous portons qu’ils ne seront pas une nouvelle fois trompés et méprisés s’ils décident de lui accorder leur suffrage.
Cette clarification n’est pas intervenue à ce jour.
En l’état du silence ambigu et inquiétant du candidat Macron sur ces choix essentiels pour la Corse et le peuple corse au moment où ces lignes sont écrites, il ne peut donc être question pour Femu a Corsica de donner une consigne de vote en sa faveur.
Eu égard à l’ensemble des éléments ci-dessus rappelés, nous invitons donc chaque Corse à se déterminer en conscience.
FEMU A CORSICA
18 avril