« Tensions entre la Russie et l’Ukraine, la France et la #Corse » – La CdC se positionne

(Unità Naziunale – Lutte de masse – Publié le 24 février 2022) U marti u 15 di ferraghju, u Cunsigliu di i Ministri annunciava a partenza di u Prefettu Lelarge.

U stessu ghjornu è, per a prima volta in i 40 anni d’esistenza di st’Assemblea, da a manu di u prefettu, u Statu s’hè permessu un gestu indegnu è scandalosu, prucedendu subbitu dopu à l’annunziu di a so partenza, à u mandatu d’uffizziu di piu di 9 milioni d’euri d’interessi inerenti à l’affaru Corsica Ferries.

Ss’interessi, chì pudianu esse neguziati à u bassu cum’è in ogni casu di lita di stu tipu, sò stati presi da i conti di a Cullettività, senza mancu una chjamata à u presidente di u Cunsigliu Esecutivu.

Ss’interessi, chì sò solu u prezzu di u tempu ch’è passatu, mancaranu oghje à a nostra Cullettività, à e nostre cumune, à i nostri prugetti, à i nostri associ è à a nostra ghjuventù.

U Prefettu Lelarge s’hè comportatu in stu casu quì, cum’è un avvucatu à u serviziu d’una sucietà privata à u detrimentu di i fondi publichi, cum’è un contabile zelosu. Cum’è un tristu uscere di Statu…

Eramu stumacati eiu è u Presidente di l’esecutivu, chì e pinsavamu finite e tribulazioni di stu prefettu !

Ma, luni scorsu, 5 ghjorni dopu, avemu amparatu chì a prefettura avia ricusatu à Arritti, ghjurnale d’opinione autunomistu, attore storicu di u riaquistu, l’autorisazione necessarie per a publicazione di l’avvisi legali, privendu li cusì di una risorse finanziaria maiò. Quì dinò, a manera hè propiu falza… Saria un’azardu ? Un pensu micca

Ramintatevvi, qualchì settimana nanzu, era statu elevatu à u gradu di Grand Croix de la Légion d’Honneur, Pierre Bertolini, gran resistente, ma dinò tristamente famosu dopu à u so serviziu à u SAC è u gruppu FRANCIA, impegnatu in l’affaru Bastelica-Fesch è, in un attentatu contru à u ghjurnale Arritti in u 1977.

Allora, u tempu passa, ma u scopu ferma u listessu per certi urganisimi di a Republica Francesa : distrughje un urganu di stampa di spressione demucratica, forse autunumistu ma rispettosu sempre di i principii d’apertura è di tulleranza, è a prò di difesa di a Corsica è di i Corsi.

U 21 di ferraghju torna, a cummissionne lucale di a prigione di Poissy hà cambiatu a so decisione in quantu à i prighiuneri pulitichi corsi Alain FERRANDI è Pierre ALESSANDRI. St’omi sò torna à esse cunsiderati cume terruristi è cum’è DPS. Vogliu dì torna a mo sulidarità prufonda cù tutti i prigiuneri pulitichi corsi è assicurà e so famiglie di u mo sustegnu. A nostra linea ùn hè micca cambiata dapoi u 22 d’ottobre quandu st’Assemblea hà vutatu à l’unanimità a risoluzione sulenne d’avvicinà i prigiuneri.

Ghjè dunque u listessu statu chì face onore à un membru di u SAC per i so atti eroichi, chì ci ripete sempre chì in Francia ùn ci sò prigiuneri pulitichi, è chì quantunque impedisce u ritornu di sti omi nant’à a so terra.

Un averanu nunda à chì vede sti 3 evenimenti ? Sarrebenu propiu staccati ? Per contu meiu, dubbitu assai. Les événements de ces 8 derniers jours n’ont-ils aucun lien ?

Je ne vais pas pousser l’analyse, jusqu’à en conclure qu’un système particulièrement manœuvrier est mis en place pour nous conduire sciemment dans une impasse politique, et remettant en cause tous les acquis et les espoirs que les Corses ont justement fondés sur une solution politique et non violente au mois de juin dernier.

Et pourtant… le récent recours du Préfet Lelarge sur le règlement intérieur de cette assemblée éclaire à mon sens sans ambiguïté la nature du projet de l’Etat pour la Corse : asphyxier financièrement notre collectivité, réduire au silence l’expression démocratique, nier les droits élémentaires, empêcher l’usage de notre langue et par-dessous tout dissoudre toute velléité de reconnaissance de notre existence en tant que peuple.

Le Préfet Lelarge, à ce sujet, m’écrit le 18 février alors que je le croyais déjà très loin de la Corse pour me signifier son refus de considérer comme légale la rédaction de l’article 1 du règlement intérieur voté à l’unanimité par cette assemblée.

Dont je vous rappelle le contenu précis : « L’Assemblée de Corse et le Conseil exécutif de Corse sont les garants des intérêts matériels et moraux du Peuple Corse »

Il m’écrit : « Je note que le vocable utilisé [peuple corse] est contraire à la notion de République indivisible inscrite à l’article 1er de la constitution du 4 octobre 1958 ».

Nous ne pourrions donc pas écrire dans le règlement intérieur de l’Assemblée de Corse que nous défendons les intérêts matériels et moraux du peuple corse.

Plus loin dans ce même courrier, il nous est expressément demandé de retirer également la mention stipulant que « les langues corse et française sont reconnues comme langues de débat ». Nous rappelant que l’article 2 alinéa 1er de la Constitution dispose que « la langue de la République est le français ».

Je ne vais pas à ce stade entrer dans un débat juridique, le préfet a formulé un recours gracieux trois jours avant son départ, jouant encore sur les délais. Le temps viendra pour faire valoir nos arguments juridiques.

Mais, si je résume et en me fiant au courrier du préfet, mesdames et messieurs les conseillers, nous avons été élus à l’Assemblée de Corse par un peuple Corse qui n’existe pas, dont nous ne pouvons pas garantir les intérêts matériels et moraux, et donc dont nous ne pouvons parler la langue, notre propre langue au sein de ce parlement. Et ce, alors même que ces deux points ont fait l’objet de l’approbation à l’unanimité, de tous les élus de cet hémicycle.

Je vous laisse juger de la gravité du contenu de cette lettre.

Je vous laisse le mettre en perspective avec le mandatement d’office, la volonté de faire taire Arritti, celle de maintenir la double peine des détenus politiques corses le plus longtemps possible.

Jugez donc de la violence de ces actes dont nous sommes la cible, de la part d’un état qui nie méthodiquement notre singularité mais s’applique pourtant jour après jour à nous démonter qu’elle existe bien.

Voilà donc le projet de l’état pour la Corse et le peuple corse : mise sous tutelle, vengeance d’état, conflit. Mais ensuite ? L’extinction ?

Alors, au moment où la Corse est confrontée à des défis démographiques, sociaux, environnementaux majeurs, à l’heure où 26% de nos compatriotes sont dans la pauvreté ou risquent d’y sombrer, il faut que le préfet Lelarge, ses amis, ses supérieurs et le gouvernement français comprennent deux choses :

1. D’abord, nous n’abandonnerons jamais ! Et nous irons au bout du projet pour lequel les Corses nous ont élus. Et même si le chemin est difficile, il restera démocratique mais soyez certains de nos convictions et de notre opiniâtreté.
2. Ensuite, que ces agressions contre nos institutions sont dangereuses non seulement pour nous, pour la démocratie, mais pour l’Etat français lui-même qui, à la tête de l’UE, ne peut d’un côté donner des leçons à d’autres pays et de l’autre fouler au pied les compétences d’une collectivité et par-delà les droits d’un peuple et les droits de l’Homme.

Enfin, j’aurai 5 mots pour le Préfet Lelarge en particulier :

« Vous n’avez rien compris ! »

Alors avant de quitter cette île, Monsieur le préfet, et pour que vous appreniez enfin quelque chose sur ce que nous sommes vraiment, sachez que chaque Corse quelle que soit son origine porte en lui deux voire trois cultures, parle deux voire trois langues.

Que certains de nos bergers, analphabètes parfois récitaient l’Enfer ou le Paradis de Dante Alighieri en toscan. Que cet héritage plurilinguistique, n’exclut personne y compris d’ailleurs aujourd’hui mais au contraire intègre, articule des savoirs, des pratiques multiculturelles et divers imaginaires et représentations du monde. Qu’il a permis réciproquement au cours des siècles la circulation des Corses en Méditerranée d’abord, puis dans les cours européennes, dans toutes les strates de la société française comme dans les sphères scientifiques, économiques et littéraires, nationales et internationales.

Cette langue qui est la nôtre et que nous pratiquons dans notre quotidien, que nous usitons dans nos rêves, nous allons continuer à la parler dans cet hémicycle et en dehors, autant que bon nous semble et ce quel que soit votre avis sur la question.

A ringrazzià vi

Discours de La Présidente Maupertuis – Session de l’Assemblée de Corse du 24 février 2022

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