(Unità Naziunale – Lutte de Masse – Publié le 30 octobre 2021) Le texte complet de la conférence de presse aujourd’hui à bocca di L’Arone avec la Fédération des propriétaires forestiers privés de Bavedda adhérente du Cullettivu.
Un massif de Bavedda qui concentre l’ensemble des problématiques des risques liés au changement climatique (incendie de l’hiver 2020) et à l’absence de gestion des flux.
Les massifs forestiers insulaires concentrent à la fois des enjeux économiques, patrimoniaux, sociaux, culturels, environnementaux et de protection. C’est ce que l’on appelle la multifonctionnalité de la forêt. Depuis sa création, u Cullettivu per a Furesta Corsa s’est fortement mobilisé pour que le potentiel de production de bois des forêts publiques et privées fasse l’objet d’un véritable projet de relance.
Cela dans le cadre d’une gestion forestière durable, dont la définition a été établie lors de la conférence d’Helsinki en 1993 sur la protection des forêts en Europe de la manière suivante :
“L’utilisation et la gestion des forêts d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent la diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité, et leur capacité à satisfaire actuellement et pour le futur les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes…”
Une gestion durable qui doit désormais prendre en compte les préjudices du dérèglement climatique sur l’habitat-forêt: violents incendies en toute saison, tempêtes avec des dégâts sur les peuplements forestiers, crues et assèchements des cours d’eau, dépérissement et disparition d’essences forestières emblématiques à la suite de problèmes sanitaires ou de sécheresses excessives.
Cet impact est particulièrement fort au cœur de la Méditerranée et des forêts corses qui jouent un rôle majeur en termes de maintien des sols et de protection contre l’érosion, de la qualité et de la quantité des ressources en eau, de richesses faunistiques et floristiques.
Dans cette problématique mondiale liée au climat et ses désagréments, les massifs forestiers insulaires accueillent chaque année des centaines de milliers de personnes qui parcourent les sentiers vers les plus hauts sommets, les différents lacs, ainsi que les sites naturels les plus accessibles comme les rivières pour la baignade ou autres activités nautiques.
Ce qui de l’avis général entraîne une réflexion sur la fréquentation de masse avec une acceptabilité sociale de plus en plus difficile, autant pour les résidents que par les visiteurs eux-mêmes. Cette question d’une fréquentation jugée excessive des massifs forestiers et sites naturels insulaires, aura été le sujet d’actualité de la saison estivale 2021.
De nombreux spécialistes et divers organismes, notamment dans le cadre du suivi d’espèces comme le mouflon de Bavella, espèce protégée dont le dérangement intentionnel est interdit par la loi, alertent sur les dangers de la perturbation des espèces par le public sans un changement important de paradigme pour l’accès à nos sites naturels sensibles.
U Cullettivu per a Furesta Corsa, comme annoncé à sa création en octobre 2020, souhaite établir un projet global pour la forêt corse et la réflexion est désormais engagée au sein de notre espace sur les risques et enjeux environnementaux au cœur des massifs publics et privés. Selon nous, il est indispensable et urgent d’agir et proposer une stratégie de gestion claire d’anticipation pour contrer les effets dévastateurs de ce « changement global ». Une expression utilisée par des spécialistes à l’échelle mondiale, afin d’intégrer les différents aspects des changements liés au climat. Plus largement, une notion qui a été étendue à l’influence négative des sociétés humaines et leurs activités sur la transformation irréversible de leur environnement.
La question de l’accueil du public étant une part essentielle de la gestion durable dans le cadre de la multifonctionnalité de la forêt. Selon nous, la question prioritaire qui doit faire l’objet d’une réflexion approfondie est liée aux modalités et conditions d’accueil de ce public divers. Un flux pouvant comporter à la fois des insulaires et des touristes, dans un espace-temps restreint où le risque majeur identifié à savoir l’incendie de forêt est important. De plus, au cours de cette période, au-delà du secours en montagne, les sollicitations sont multiples pour les services d’intervention.
En résumé : les sites naturels et forestiers ouverts au public sont-ils aménagés de manière à garantir sa sécurité ? Et parallèlement à cette question de sécurité, se pose également la question de l’impact de la fréquentation sur la biodiversité dans ces espaces en proie au dérèglement climatique.
Il appartient aux acteurs institutionnels, aux différents propriétaires, à l’Etat de répondre à cette double interrogation.
Pour u Cullettivu per a Furesta Corsa, au travers de ce qui pourrait prendre la forme d’un plan de gestion par massif, il est important d’arriver à un point d’équilibre entre protection environnementale, sécurité du public, refus de la privatisation des espaces naturels faisant partie du patrimoine commun insulaire et nécessaire développement d’une économie « verte ».
Ce sont les axes, sur lesquels nous travaillerons afin de présenter au cours des prochains mois des propositions opérationnelles à court, moyen et long terme et irriguer ainsi le débat sur une gestion plus raisonnée de nos richesses environnementales forestières.
u Cullettivu per a Furesta Corsa