(Unità Naziunale – Publié le 12 octobre 2021) « La Cour d’appel de Paris s’est opposée au transfèrement de Pierre Alessandri dans une prison en Corse.
C’est une terrible décision qui interdit toute possibilité de réinsertion familiale et sociale comme le permet pourtant la loi. Le temps ne fait pas son œuvre. Vingt-trois ans après l’assassinat du Préfet Claude Erignac, la Cour d’appel de Paris reste sous emprise politique et renonce à sa mission première qui est de rendre justice. Malgré les avis favorables à ce transfèrement venant de l’administration pénitentiaire, de la commission locale pénitentiaire en charge du fichier des DPS, du tribunal d’application des peines antiterroriste, la justice n’est pas passée. Nous pouvons craindre qu’il en sera de même pour Alain Ferrandi.
La Cour d’appel de Paris motive aussi son refus au prisme de la situation nationale et internationale par le risque d’attentat. Un homme peut donc être privé du droit à la réinsertion après 8200 jours d’emprisonnement parce que d’autres, sans lien avec lui, pourraient commettre des attentats ! Un acte qualifié de terroriste devient hors norme, hors du droit. Nous sommes ici au paroxysme de l’arbitraire !
Tribune « Contre la perpétuité sans fin, le respect du droit ! »
La Cour d’appel va plus loin. Elle considère Pierre Alessandri comme un homme définitivement dangereux, le crime commis ayant ébranlé durablement les institutions et la république. Elle donne ainsi une interprétation de la perpétuité que beaucoup redoutaient. Dans les faits, la perpétuité peut être infinie.
Si nous n’y prenons garde, cette machine infernale continuera à imposer sa loi d’airain. Car c’est cela la perpétuité, « la possibilité d’une mort à petit feu entre les murs et d’une vie qui appartient au juge » pour reprendre les mots avisés de l’observatoire international des prisons.
Nous ne pouvons abdiquer nos responsabilités.
Nous ne pouvons abandonner Pierre Alessandri, ni Alain Ferrandi, ni Yvan Colonna à cette mort à petit feu entre les murs et laisser leur vie appartenir au juge.
Notre silence serait leur pire ennemi.
Notre capacité à dire non, à résister, à nous mobiliser, à être convaincus qu’il n’y a pas de fatalité constitue une part essentielle de la réponse à apporter à ce déni d’humanité. Nous en appelons aux consciences. Nous nous adressons particulièrement à nos élus, l’Assemblée de Corse, les parlementaires, les maires. Nous leur demandons de se concerter afin de proposer une manifestation de grande ampleur, par exemple une action « Isula morta », pour dire haut et fort notre attachement à ce qui fonde le développement démocratique de toute société : le respect du droit. »
Pour la ligue des droits de l’Homme : Jean-Claude ACQUAVIVA, Marie-Anne ACQUAVIVA, Pascal ARROYO, Antonin BRETEL, Frédérique CAMPANA, Francine DEMICHEL, Sophie DEMICHEL, Francesca-Maria DURAZZO, Philippe GATTI, Christine MATTEI-PACCOU, Gérard MORTREUIL, André PACCOU, Patrizia POLI, Elsa RENAUT, Dumè RENUCCI, Sampiero SANGUINETTI